EconomieLe Matin

Risque de catastrophe:Nouvel appui de la Banque mondiale pour le Maroc

Sollicitée par le gouvernement, la Banque mondiale s’apprête à débloquer 5 millions de dollars pour booster la résilience financière et la protection socio-économique du Maroc contre les risques de catastrophes naturelles et climatiques. Ces fonds sont destinés à renforcer les capacités du Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC), mais aussi de la Société centrale de réassurance (SCR) et du secteur des assurances. Ils contribueront notamment à la mise en place d’une solution de transfert du risque en synergie avec les assureurs privés.

Le Maroc poursuit sa coopération avec la Banque mondiale pour renforcer la résilience et la protection socioéconomique du pays contre les risques de catastrophes naturelles et climatiques. Selon nos informations, le gouvernement a sollicité l’Institution de Bretton Woods pour un nouvel appui à la construction d’un programme de protection financière contre ces chocs, conçu en faveur des populations les plus vulnérables. Cette fois, le projet de coopération vise à renforcer la capacité technique, opérationnelle et financière des principaux acteurs de couverture contre ces risques, essentiellement le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC), mais aussi la Société centrale de réassurance (SCR), l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et les professionnels de l’assurance.

Le coût de ce nouveau programme d’assistance est estimé à 5 millions de dollars (environ 50 millions de DH) financés à 100% par la Banque mondiale en faveur de la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE). Rappelons que le FSEC (une personne morale de droit public) est un fonds institué par la loi n°110-14, doté de l’autonomie financière et chargé notamment d’indemniser les victimes d’événements catastrophiques non couvertes par ailleurs. Il a pour objectif d’atténuer l’impact financier des catastrophes naturelles sur les ménages et les entreprises et à concevoir une palette d’instruments pour réduire sa vulnérabilité financière aux risques.

Le nouveau programme appuyé par la Banque mondiale vise ainsi à améliorer la modélisation des risques existants et élaborer de nouveaux modules de risque (par exemple pandémies, climat, risques composés). Il aidera également à mettre en place des systèmes permettant de mieux évaluer les pertes, en exploitant mieux les données sur les risques (par exemple images satellite, données sociales) et d’assurer un traitement plus rapide et plus fiable des indemnisations après une catastrophe. Le nouveau programme contribuera, en outre, aux coûts de démarrage pour la conception et la mise en œuvre d’un produit de transfert des risques (comme les Cat Bond : obligations catastrophe) pour couvrir les risques d’inondation et éventuellement d’autres risques (séismes, sécheresse, etc.), en synergie avec les acteurs de l’assurance privée.

Le Maroc très exposé aux aléas géologiques et climatiques

Selon une analyse conjointe d’Antoine Bavandi, spécialiste principal en financement des risques auprès de la Banque mondiale, et Abdeljalil El Hafre, chef de la Division des assurances et de la prévoyance sociale à la DTFE, les solutions de transfert du risque consistent à faire assumer les aléas découlant de catastrophes naturelles à des tiers – compagnies d’assurance ou de réassurance, banques et autres investisseurs – en échange d’une prime de risque.

Ces marchés présentent un intérêt particulier pour les risques de catastrophe dans les pays en développement, car ils constituent une source de revenus hautement diversifiée par rapport à des placements classiques, plus concentrés (l’assurance vie ou l’assurance auto dans les économies développées, par exemple), avec des coûts en capital bien supérieurs. Un gouvernement peut optimiser sa gestion des risques en mobilisant les réserves publiques et des instruments de transfert des risques. Le fait de solliciter (avant une catastrophe) des financements auprès de deux sources différentes et de les lier à des réponses prédéfinies permet, au moment où la catastrophe survient, d’acheminer rapidement les fonds aux bénéficiaires de la manière la plus rentable. Les réserves sont mobilisées pour des événements fréquents de faible gravité, contrairement aux assurances, déclenchées face à un événement plus extrême nécessitant beaucoup de capitaux.

Les gouvernements peuvent alors maximiser leur réponse à une catastrophe et réduire son impact financier final sur les populations, les entreprises et les secteurs les plus vulnérables. Selon la Banque mondiale, le Maroc est l’un des pays les plus exposés aux aléas géologiques et climatiques de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Plus de 30% de la population marocaine et 33% de son PIB sont exposés à deux risques naturels ou plus. Le pays subit des pertes annuelles moyennes dues aux catastrophes naturelles de plus de 575 millions de dollars (0,6% du PIB). En raison de sa situation géographique, de la grande variabilité des précipitations et de sa topographie, le Maroc est régulièrement sujet aux inondations, avec des pertes estimées à plus de 400 millions de dollars par an. Le pays fait également face aux chocs de la sécheresse qui est actuellement exclue du système national de protection financière.


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