voici les recommandations de la CGEM

Cérémonie de présentation de l’étude sur les transformations des industries culturelles et créatives, le 24 janvier au siège de la CGEM.

L’étude «Quelles transformations pour les industries culturelles et créatives (ICC) au Maroc. Focus sur 4 filières, l’édition, les arts de la scène, l’audiovisuel et la musique actuelle» dévoile plusieurs recommandations permettant d’engager des actions concrètes pour structurer le secteur des ICC. La récente enquête de terrain a été réalisée par la Fédération des industries culturelles et créatives de la CGEM (FICC), en partenariat avec la délégation générale de Wallonie-Bruxelles International (WBI) à Rabat. Elle livre des propositions organisées selon quatre leviers de développement en lien avec les objectifs de renforcement des politiques publiques et de priorisation des choix stratégiques en termes de coopération internationale.

Amélioration du cadre de gouvernance

Le premier axe de recommandations concerne l’amélioration du cadre de gouvernance. Il propose, en matière des politiques publiques, 4 types de réformes. Les premières concernent les mesures d’amélioration du cadre politique, stratégique et institutionnel. Ladite étude propose de «renforcer la connaissance du secteur et le leadership du ministère de la Jeunesse et Sports  dans sa capacité à mettre en œuvre sa stratégie et à évaluer la réalisation des objectifs politiques ; avec une flexibilisation des relations entre ses départements au service du développement des ICC». Dans le même contexte, elle recommande de renforcer la concertation interministérielle et intersectorielle. Ce premier axe comporte aussi des conseils en rapport avec la réforme du Bureau marocain du droit d’auteur (BMDA). Il y a besoin de «l’autonomisation et de la stimulation qualitative des créateurs notamment par une réforme aboutie du régime de droits d’auteurs, un amendement de la loi n°68-16 sur le statut de l’artiste et des métiers artistiques, et le renforcement de la protection sociale des travailleurs de la culture». Toujours dans le cadre de l’amélioration du cadre de gouvernance, l’étude préconise l’élargissement des publics et des communautés avec ce que cela comporte comme capacitation d’intermédiaires, de médiateurs et de managers culturels. In fine, ce premier axe de réflexion propose de «distinguer la culture comme champ marchand et la culture comme service public». Il faut surtout mettre en place des systèmes de soutien différenciés pour les produits et services culturels, divertissants, susceptibles de bénéficier
d’un vrai marché (dit «Market Fit») et ceux à forte charge esthétique,documentaire ou patrimoniale, ayant une portée symbolique forte et pas nécessairement une assise populaire pour voler de leurs propres ailes. On peut également adopter une charte de la culture comme service public avec des quotas qui valorisent la deuxième catégorie.

Aspects économiques

Le deuxième axe de recommandations concerne l’aspect économique. Il propose d’adopter des mesures pour la création d’un cadre fiscal propice au développement des ICC. Ceci suppose la reconnaissance pleine et entière de la valeur multidimensionnelle des économies créatives. Parmi ces mesures, il y a l’imposition à l’IR des entreprises et des associations culturelles et créatives tenant compte des impacts économiques indirects de l’activité des filières de la créativité, notamment sur le passage d’une économie de subsistance à très faible revenu vers une économie à plus forte valeur ajoutée. Il y a également l’exonération des actes d’apport des éléments d’actifs et passifs des associations aux sociétés culturelles (droits d’enregistrement, etc.) en vue d’encourager la transformation des associations en entreprises culturelles. «Le dispositif fiscal actuel ne comporte pas d’incitations pour encourager les investissements», indique ladite étude qui penche vers la valorisation de l’entrepreneuriat culturel et créatif ainsi que vers la facilitation de l’accès au financement et au crédit notamment pour les jeunes entrepreneurs. Il faut aussi garantir la liberté d’expérimentation, d’innovation et de création qui sont au cœur de l’entrepreneuriat culturel. La même étude encourage la transversalité et les synergies entre industrie du Tourisme, de l’Artisanat, et les filières des ICC (incluant le Patrimoine) et des TIC. Par ailleurs, elle cite différentes mesures pour promouvoir la mise en réseau et les échanges commerciaux. «L’une des rares vitrines existantes est les festivals, salons et autres événements ponctuels. Le potentiel immatériel des régions est sous exploité faute d’interlocuteurs fiables (Mr /Mme Culture de la région) qui servent d’aiguillons ou de stimulateurs pour les demandes, et faute de synergies entre le public, le privé, la société civile et l’université», lit-on dans les recommandations de l’enquête. Face à cette situation, les meneurs de l’étude proposent la création de réseaux régionaux de promotion de la culture en s’appuyant sur les prérogatives des centres de jeunesse et de culture, des universités, des régions et les CRI.

Aspects liés à la structuration du secteur

Face à un déphasage entre les référentiels et les réalités de terrain, l’étude sur les ICC recommande la mise en place d’une cartographie des métiers du secteur et des besoins en cursus de formation. Les compétences et les capacités générales des opérateurs, notamment les jeunes, sont également à renforcer, selon la FICC. Ceci les aiderait à s’intégrer dans les circuits économiques formels. «De l’ensemble de nos terrains, il s’avère que le besoin de formation est triple : au niveau des conservatoires et de la technique ; au niveau de la conception, l’écriture et le développement de contenus ; au niveau du management culturel et de la valorisation des produits et des projets», indiquent les chercheurs menant cette étude, à savoir Mehdi Azdem, Sabrina Kamili et Driss Ksikes. Les capacités entrepreneuriales ou stratégiques des opérateurs sont également à améliorer.

Aspects d’inclusion et de promotion sociale

L’étude présentée récemment à Casablanca propose aussi différentes mesures d’accompagnement pour l’employabilité des jeunes dans les ICC. À titre d’exemple, elle propose de renforcer le rôle de l’ANAPEC dans le processus d’appariement entre l’Offre et la demande d’emplois des filières créatives. De même, elle conseille de favoriser l’autonomisation et l’inclusion des catégories fragiles de la population à la dynamique des ICC. In fine, elle incite à prioriser le soutien aux initiatives en milieu rural et à mettre en place un Pôle d’économies créatives et solidaires (PECS), dont la principale mission serait de décliner la stratégie du développement culturel en régions.


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