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Bank Al-Maghrib relève de nouveau son taux directeur pour le porter à 2,5%

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Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de relever le taux directeur, à l’issue de sa quatrième et dernière réunion trimestrielle de l’année 2022 tenue mardi 20 décembre à Rabat.

La Banque centrale a en effet choisi de relever le taux directeur de 50 points de base pour le porter à 2,50%, au regard des évolutions récentes de la conjoncture économique.

Cette décision, qui prend effet à partir de ce jeudi 22, vise à «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», a expliqué l’institution publique.

Le relèvement du taux directeur était quasiment attendu par de nombreux économistes et experts. Plusieurs investisseurs financiers s’y attendaient également. En effet, comme l’avait relevé Attijari Global Research, dans son récent « Report research strategy », bon nombre d’entre eux prévoyaient une hausse du taux directeur de BAM de 50 points de base (pbs).

Rappelons également qu’à l’issue d’une mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI) au titre de l’article IV avec le Maroc, conduite du 24 octobre au 4 novembre par Roberto Cardarelli, ce dernier avait  clairement estimé : « Assurer un retour de l’inflation à près de 2% d’ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d’ancrer davantage les anticipations d’inflation ».

Qu’à cela ne tienne, lors de cette réunion, Bank Al-Maghrib a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique internationale, constatant qu’elle reste marquée par l’enlisement du conflit en Ukraine, la fragmentation géopolitique et économique et les séquelles de la pandémie.

« Malgré des signes de son atténuation dans certains pays, l’inflation demeure globalement très élevée, ce qui amène les banques centrales à poursuivre le resserrement, largement synchronisé, de leurs politiques monétaires », a relevé BAM notant en conséquence la poursuite de la détérioration des perspectives de l’économie mondiale annonçant ainsi une forte décélération de la croissance attendue en 2023.

Cet environnement pèse tout naturellement sur l’activité économique nationale et sur l’évolution de l’inflation, a reconnu la Banque centrale estimant qu’à cette allure «  cette dernière va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre, impactée notamment par les pressions externes qui se diffusent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024 ».
 
L’inflation attendue à 6,6% cette année
 
Se basant sur les données les plus récentes, l’institution estime que « l’inflation devrait ressortir à 6,6% en 2022, après 1,4% en 2021, tirée essentiellement par l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants ».

En 2023, elle se situerait à 3,9% en moyenne avant d’enregistrer un nouveau rebond en 2024 à 4,2%, en lien avec la décompensation programmée des prix des produits subventionnés, a-t-il prédit.
 
La croissance marquerait un net recul à 1,1% en 2022
 
Selon les projections actualisées de Bank Al-Maghrib, la croissance économique marquerait un net ralentissement cette année à 1,1%, après le rebond de 7,9% enregistré en 2021.
Pour BAM, le ralentissement attendu de l’économie en 2022 serait le résultat d’un recul de 15% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles.

La Banque soutient qu’elle s’accélérerait à 3% au cours de l’année prochaine, portée par la hausse de 7% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne, alors que la croissance des activités non agricoles décélèrerait à 2,4%, pâtissant en particulier de la détérioration de l’environnement externe.

Après analyse des données, il ressort qu’« en 2024, la croissance se situerait à 3,2%, recouvrant des accroissements de 1,8% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une production agricole moyenne, et de 3,5% de celle des activités non agricoles », a-t-elle souligné.

Sur le plan des comptes extérieurs, Bank Al-Maghrib note que l’année 2022 est marquée par une forte dynamique des échanges et une augmentation notable des recettes voyages et des transferts des MRE.

Ainsi, et selon les projections de l’organisme public, « les exportations ressortiraient en amélioration de 32,3%, tirées essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés, à la faveur de la hausse des cours, et de celles du secteur de l’automobile ».

Il s’attend en revanche  à une décélération de leur progression à 2,7% en 2023, avec des baisses pour le phosphate et dérivés et les produits agricoles et agro-alimentaires, avant une quasi-stagnation en 2024.

« En parallèle, les importations augmenteraient de 38,4% en 2022, recouvrant essentiellement un alourdissement de 102,1% de la facture énergétique à 153,2 milliards de dirhams, un accroissement des achats des demi-produits et un rebond de 89,9% à 27,2 milliards de dirhams des approvisionnements en blé », a poursuivi BAM soutenant qu’elles devraient se replier de 3% en 2023, avec notamment des diminutions de 13% de la facture énergétique et de 41,2% des approvisionnements en blé, puis progresser de 1,1% en 2024.

S’agissant des recettes voyages, elles termineraient l’année avec un bond record à 88,8 milliards de dirhams et connaîtraient une quasi-stagnation en 2023 puis une amélioration de 5,5% à 94,1 milliards en 2024. Tandis que les transferts des MRE ressortiraient en hausse de 12,9% à 105,8 milliards de dirhams en 2022, reculeraient de 4% à 101,5 milliards en 2023, puis s’inscriraient en hausse atteignant près de 104 milliards de dirhams en 2024.

Alain Bouithy

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