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L’augmentation du taux directeur ne se fera pas sans incidences

«Dans l’hypothèse d’un retour à une saison agricole normale, d’une stabilisation des conditions économiques extérieures et de la poursuite des progrès du riche programme de réformes structurelles des autorités, l’activité économique devrait rebondir en 2023 et se stabiliser autour de 3½% à moyen terme. L’inflation devrait avoir culminé en 2022 et commencer à baisser en 2023 à mesure que le choc des prix des matières premières se dissipe et que la banque centrale réduit l’assouplissement de la politique monétaire. La position extérieure du Maroc devrait s’améliorer à partir de 2023, également, grâce à d’importants envois de fonds et à des entrées touristiques », c’est ce qui ressort du dernier rapport du FMI intitulé : «Maroc : Consultation de 2022 au titre de l’article IV».

Amélioration

Selon ce dernier, la sécheresse et les retombées économiques de la guerre dans la mer Noire ont pesé sur l’économie marocaine en 2022, malgré la très forte réaction politique des autorités. Ainsi, « l’activité économique devrait ralentir à 1¼% cette année, en raison de la chute de la production agricole, de la détérioration des conditions extérieures et de la baisse du revenu disponible. La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a alimenté les pressions inflationnistes, qui se sont généralisées » tout en précisant que « les revenus et les envois de fonds compensent en partie l’impact négatif sur le compte courant, et les réserves internationales restent à des niveaux confortables ».

Sur un autre registre, le FMI soutient que le déficit budgétaire global devrait diminuer malgré la hausse des dépenses courantes due à l’augmentation des subventions et à d’autres mesures politiques qui ont atténué l’impact économique des chocs. «Cela reflète la bonne performance à la fois de l’impôt (principalement sur les revenus des sociétés et la TVA) et les recettes non fiscales (dividendes des entreprises publiques). Le ratio de la dette de l’administration centrale au PIB est projeté à environ 69% d’ici la fin de 2022, un niveau nettement inférieur à celui projeté au moment du rapport des services de l’AIV 2021, principalement en raison de la révision à la hausse du PIB suite au changement d’année de référence», indique le rapport. Et d’ajouter : « La croissance du PIB devrait s’accélérer pour atteindre 3% en 2023, principalement grâce au rebond de la production agricole et à ses retombées positives sur le reste de l’économie. L’inflation devrait diminuer progressivement pour atteindre environ 4% en 2023, à mesure que le choc des prix des matières premières se dissipe progressivement et que l’orientation monétaire devient moins accommodante ».

Quant au déficit du compte courant, il devrait se resserrer vers sa norme d’environ 3% du PIB à moyen terme, stimulé par les réformes structurelles. Les projections de référence sont soumises à une incertitude inhabituellement élevée, principalement liée à une aggravation des conditions mondiales et à des retombées plus importantes de la guerre en Ukraine, précise le rapport.

Hausse

Toutefois, le FMI estime que la lutte contre une inflation élevée nécessite des taux d’intérêt plus élevés tout en précisant que l’orientation future de la politique monétaire à court terme dépendra des nouvelles données sur l’inflation, des anticipations d’inflation et de l’évolution des taux de change. « Néanmoins, selon les services du FMI, ramener l’inflation à environ 2% d’ici fin 2024 (comme prévu actuellement dans le scénario de référence des services) nécessitera de nouvelles augmentations du taux directeur, rapprochant ainsi le taux directeur réel ex ante (actuellement à des valeurs négatives) du taux d’intérêt réel neutre (estimé entre 1 et 2%). Des résultats d’inflation plus élevés que prévu au cours des prochains mois appelleraient une augmentation plus rapide des taux d’intérêt et pourraient éventuellement faire adopter une politique restrictive ».

Priorité

Par ailleurs, ledit rapport note que la protection des réserves de change devrait être une priorité, compte tenu de l’incertitude exceptionnelle et du régime de taux de change fixe du Maroc avec une bande de taux de change horizontale. « Bien que les réserves de change soient à un niveau confortable, compte tenu également des contrôles de capitaux existants, il est important de les préserver afin qu’elles puissent fournir une protection contre la matérialisation des risques baissiers décrits ci-dessus », indique-t-il.Et de poursuivre :« Bien que les services du FMI se félicitent desrécents efforts visant à renforcer les prêts des prêteurs bilatéraux et multilatéraux, les autorités devraient continuer à diversifier leurs sources de financement et à accéder aux financements internationaux. De nouvelles hausses des taux d’intérêt directeurs pourraient également contribuer à atténuer les pressions à la dépréciation du dirham, bien que la majeure partie de la récente dépréciation soit associée aux besoins de financement du commerce (et de couverture liée au commerce), qui devraient s’atténuer en 2023. Une fois l’inflation et l’incertitude sur les perspectives mondiales et nationales sont plusfaibles, BAM devrait poursuivre les dernières étapes de la transition vers un cadre de ciblage de l’inflation et permettre au dirham de flotter librement. Cette mesure renforcerait la résilience du Maroc aux chocs futurs ». 

Stabilité

Le FMI estime, cependant, que les risques pesant sur la stabilité financière semblent limités, bien que l’exposition aux risquesliés au changement climatique nécessite un suivi attentif. « Le dernier test de résistance deBAM, publié en juillet 2022, montre que la solvabilité des banques résiste à un scénario macroéconomique défavorable grave, qui comprend une nouvelle escalade de la guerre en Ukraine, des perturbations persistantes de l’approvisionnement et une nouvelle épidémie. Des efforts supplémentaires pour intégrer les facteurs climatiques dans cestests de résistance seraient importants pour mieux évaluer la vulnérabilité des institutions financières marocaines aux risques liés au climat », conclut-il.

Hassan Bentaleb 

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