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Le Maroc n’en a pas encore fini avec l’escalade des prix

L’escalade des prix à la consommation s’est poursuivie au premier trimestre 2023, a constaté le Haut-commissariat au plan (HCP) dans sa note de conjoncture du premier trimestre 2023.
« Les pressions inflationnistes se seraient accentuées au premier trimestre 2023, avec une hausse des prix à la consommation de 9,4%, au lieu de +8,3% au trimestre précédent et +4% un an plus tôt », ressort-il de cette note rendue publique récemment.

D’après l’organisme public, chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, « c’est au niveau des prix de la composante alimentaire où ces pressions se seraient le plus manifestées, avec une hausse historique de +18,2%, tandis que les prix des produits non-alimentaires auraient augmenté de 3,5% ».

Selon une observation du Haut-commissariat, « le maintien à des niveaux élevés à la fois des prix des produits alimentaires frais (+2,4 points de contribution) et hors frais (+4,4 points), sous l’effet de disponibilités plus restreintes, se serait accompagné par la revalorisation des prix des tabacs en ce début d’année, après quatre trimestres de stagnation ».

Toujours selon le HCP, « la contribution à l’augmentation de l’inflation globale aurait chacune dépassé 1 point pour les légumes frais, les viandes et les huiles », soulignant que le déficit pluviométrique et le renchérissement des coûts de production (semences, aliments de bétails…) auraient négativement affecté la production de ces denrées.

Pour le Haut-commissariat, « la hausse de l’inflation aurait résulté également, mais à un moindre degré, d’un accroissement des prix des services de 2,1%, après +1,9% au quatrième trimestre 2022, reflétant les hausses des prix des restaurants et hôtels et des forfaits touristiques », explique-t-il en outre dans sa note de conjoncture.

L’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami estime, en revanche, que « les prix de l’énergie auraient ralenti à +7,8%, au lieu de +14% un trimestre auparavant, en raison du repli des cours internationaux du pétrole et des produits raffinés ». Et les analystes du HCP de noter que ceux des produits manufacturés auraient poursuivi leur progression au même rythme qu’au quatrième trimestre 2022, soit + 4,4%.

Excluant les prix soumis à l’intervention de l’Etat et les produits à prix volatils, l’inflation sous-jacente aurait poursuivi avec vigueur son trend haussier.

Après +7,6% au trimestre précédent et +3,5% au cours de la même période de 2022, elle se serait établie à +8,4% au premier trimestre 2023, « tirée principalement par l’augmentation continue des prix de sa composante alimentaire responsable de 70% de la hausse ».
 
Intermédiaires, spéculateurs et changements climatiques pointés du doigt
 
Véritable casse-tête pour le gouvernement, la flambée des prix de certains produits alimentaires serait causée par les intermédiaires et les changements climatiques, selon la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader).

Pour son président, Rachid Benali, elle est due à plusieurs éléments dont les changements climatiques et le problème de la commercialisation aggravée par les intermédiaires et les spéculateurs, la crise géopolitique ainsi que le problème du financement, a-t-il estimé dans une déclaration à l’issue d’une rencontre, tenue vendredi dernier à Rabat, entre le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et les représentants de la Comader.

Cité par la MAP, il explique : « L’agriculteur vend ses produits tels que les oignons et les pommes de terre à moins de deux dirhams dans les champs. Le problème réside dans la commercialisation des produits qui est biaisée par les intermédiaires qui contrôlent les marchés ». Sans oublier le stress hydrique dont pâtit le secteur agricole, outre le problème des financements des banques et le conflit russo-ukrainien.

Pistes de solutions 

Pour faire face à l’inflation galopante et dans un souci de faciliter le retour des prix des produits agricoles à des niveaux plus bas, les professionnels de ce secteur plaident pour le maintien d’un équilibre entre les exportations et l’approvisionnement du marché national.

Le président de la Chambre d’agriculture de Souss-Massa, Youssef Jebha, a dans ce sens  appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre un niveau de prix « raisonnable ». Selon lui, rapporte la MAP, il est important de mettre en place des solutions qui seront valables à la fois pour le présent et le futur.

My M’hamed El-Oultiti, président de la Fédération interprofessionnelle des agrumes, est pour sa part persuadé que certains problèmes peuvent être résolus à court terme par le biais des contrats-programmes avec certaines fédérations professionnelles.

Plaidant également pour des mécanismes à même de faciliter le retour des prix à des niveaux plus bas, le président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), Lahoucine Adardour, a  souligné, par ailleurs, la nécessité de maintenir la place du Maroc sur le marché international en préservant ses exportations.

Il est à souligner que le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, attribue la hausse des prix des produits agricoles à l’inflation importée, à la hausse des coûts de production et aux perturbations saisonnières.

Tendance à l’échelle mondiale

A rappeller qu’au niveau mondial, les tensions inflationnistes devraient diminuer au deuxième trimestre de 2023, en raison des politiques monétaires plus strictes mises en place l’année précédente, a indiqué le HCP.

Selon ses prévisions, « la baisse des prix des matières premières et la reprise de l’économie chinoise et des autres pays émergents, notamment l’Inde et la Turquie, stimuleraient également l’activité économique mondiale ».

Dans de nombreux pays, poursuit le Haut-commissariat, la demande devrait être maintenue grâce à une diminution des taux d’épargne des ménages qui n’ont pas encore utilisé leur épargne supplémentaire accumulée pendant la pandémie.

« Dans ce contexte, la demande mondiale adressée au Maroc augmenterait de 4,3%, en variation annuelle, lors de la même période, soutenant une hausse de la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique nationale à 0,9 point », a-t-il conclu.

Alain Bouithy

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