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Le réchauffement climatique entre ambitions permanentes et fonds radins

La 27e Conférence des parties sur le changement climatique se déroule du 07 au 18 novembre à Charam El-cheikh (Egypte). Plus de 200 pays se retrouvent pour débattre des moyens de renforcer la lutte contre le réchauffement climatique.

Elle intervient sept ans après la COP21 et l’Accord de Paris et sera marquée par trois enjeux majeurs : la création d’un fonds pertes et dommages au profit des pays vulnérables qui réclament une compensation pour les dommages qu’ils subissent; atteindre les 100 milliards promis par les pays dits développés en faveur des pays du Sud pour des projets d’adaptation et de transition et la révision à la hausse des efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment du côté des pays riches par ailleurs les plus pollueurs.
 
Urgence
 
Pour les pays africains dont le Maroc, ce rendez-vous international est considéré comme une occasion idéale offrant à l’Afrique une opportunité sans précédent de s’exprimer d’une seule voix pour demander à la communauté internationale de passer des paroles aux actes concrets en matière de financement de l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.

Pour eux, il est temps pour que les pays développés tiennent leurs promesses faites lors de la COP26 à Glasgow l’année dernière, et dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015. «Nous sommes en retard. Nous devons agir. J’en ai assez de dire la même chose trop souvent dans les mêmes réunions. Le statu quo est notre ennemi commun. Il est temps d’agir », a déclaré John Kerry, l’envoyé spécial du président américain pour le climat, lors de la 77e session de l’assemblée générale des Nations unies organisée dernièrement à New York.

Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, a insisté, de son côté, sur la nécessité d’une action urgente, lançant cet avertissement : « L’Afrique souffre, l’Afrique suffoque, et se trouve dans une grave détresse financière à cause d’une situation qu’elle n’a pas provoquée. Il doit y avoir un plus grand sentiment d’urgence, non pas dans les discours, mais dans l’action et la fourniture des ressources dont le continent a désespérément besoin».
 
Catastrophe
 
En effet, et selon, le rapport «Etat du climat en Afrique 2021», la situation climatique du continent n’augure rien de bon.  Selon les estimations, le stress hydrique touche environ 250 millions de personnes sur le continent et pourrait entraîner le déplacement de 700 millions de personnes d’ici à 2030. Selon toute probabilité, quatre pays africains sur cinq ne disposeront pas de ressources en eau gérées de manière durable d’ici à 2030.

«L’aggravation de la crise et la famine qui menace la corne de l’Afrique, en proie à la sécheresse, montrent comment le changement climatique peut exacerber les chocs hydriques, menacer la vie de centaines de milliers de personnes et déstabiliser des communautés, des pays et des régions entières», a déclaré le Secrétaire général de l’Organisation mondiale de la  météorologie, Petteri Taalas. Et de poursuivre : « Le climat de l’Afrique s’est réchauffé davantage que le climat mondial moyen depuis l’époque préindustrielle (1850-1900). Parallèlement, le niveau de la mer monte plus vite le long des côtes africaines que dans le monde en moyenne, ce qui contribue à accroître la fréquence et la gravité des inondations et de l’érosion côtières, ainsi que la salinité dans les villes de faible altitude. Les changements qui touchent les masses d’eau continentales ont des répercussions majeures sur le secteur agricole, les écosystèmes et la biodiversité ».

Pour sa part, S. E. Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire chargée de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable, à la Commission de l’Union africaine, a précisé que «la hausse des températures, les canicules, les inondations massives, les cyclones tropicaux, les sécheresses prolongées et l’élévation du niveau de la mer entraînent des pertes en vies humaines, des dommages matériels et des déplacements de population qui compromettent la capacité de l’Afrique à tenir ses engagements pour atteindre les cibles des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU et concrétiser les aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Injustice
 
Une situation de plus en plus difficile à accepter d’autant que les pays en développement ne sont actuellement responsables que de 25 % des émissions mondiales de CO2. L’Afrique ne contribue aux émissions qu’à hauteur de 2 à 3 %. Cependant ces pays ne reçoivent actuellement qu’une petite partie des financements destinés à développer les énergies propres, alors qu’ils comptent pour près de la moitié de la population mondiale.

A noter également que plus de 40 pays africains ont révisé leurs plans nationaux pour le climat (contributions déterminées au niveau national) afin de rehausser leur niveau d’ambition et d’y ajouter des engagements plus importants en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Plus de 83 % des plans nationaux pour le climat comportent des objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ciblés dans des domaines tels que l’énergie, l’agriculture, les déchets, l’affectation des terres et la sylviculture.

Hassan Bentaleb

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