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Luciano Spalletti. La revanche de l’éternel second

Luciano Spalletti, l’habitué des divisions inférieures comme joueur ou des deuxièmes places comme entraîneur, a attendu d’avoir 64 ans pour inscrire enfin son nom en haut de l’affiche, champion d’Italie d’un Naples sans rival.

On s’est moqué de moi parce que je mettais des chaussures de foot pour aller sur le banc. Mais je n ‘ai pas oublié combien j’ai souffert pour avoir ces chaussures, quand je n ‘avais pas l’argent pour me les acheter

« Je n’ai jamais voyagé en première classe, toujours en auto-stop », a résumé récemment le Toscan au crâne chauve et au petit sourire en coin en repensant à sa vie de foot, sur le banc depuis 30 ans et sur le terrain auparavant.

« On s’est moqué de moi parce que je mettais des chaussures de foot pour aller sur le banc. Mais je n’ai pas oublié combien j’ai souffert pour avoir ces chaussures, quand je n’avais pas l’argent pour me les acheter », raconte ce fidèle du survêtement, y compris lors des prestigieuses soirées de Ligue des champions.

Gagner un scudetto « te rembourse tous ces sacrifices », dit-il de cette voix posée avec laquelle il délivre ses messages lors de conférences de presse où il réussit souvent à échapper aux platitudes de l’exercice.
 A 64 ans, Spalletti devient l’entraîneur le plus âgé à être sacré champion d’Italie, battant le record d’ancienneté de Maurizio Sarri, vainqueur en 2020 avec la Juventus à 61 ans.

Ce titre auquel il ne croyait sans doute plus est le plus beau pour « Lucio », quinze ans après les deux Coupes d’Italie (2007, 2008) et la Supercoupe d’Italie (2007) raflées avec l’AS Rome et plus de dix ans après ses titres de champion de Russie (2010, 2012) avec Saint-Pétersbourg, sa seule expérience à l’étranger.

Spalletti avait jusqu’ici l’image de l’éternel second, place obtenue quatre fois avec l’AS Rome. Celle d’un entraîneur novateur dans le jeu, offensif dans les idées, au caractère bien trempé, forgé par un apprentissage dans de petits clubs avant de se révéler en emmenant l’Udinese trois fois de suite en Coupe d’Europe (2002-05).

Mais un entraîneur peut-être incapable de grimper sur la plus haute marche et de gérer des stars.
 A Rome, il est resté celui qui a poussé à la retraite la légende Francesco Totti en 2017, ce qui lui a valu la rancune tenace des tifosi. A l’Inter Milan, ensuite, c’est avec Mauro Icardi que la tension était montée très haut.

 Avant de rejoindre Naples, à l’été 2021, Spalletti semblait ainsi quasiment en pré-retraite, après une séparation compliquée avec les Nerazzurri en 2019. Vexé par son éviction malgré deux qualifications pour la C1, Spalletti n’a pas fait de cadeaux et a perçu encore pendant deux ans le salaire promis en vertu d’une prolongation signée en 2018.

 Il a refusé plusieurs offres et a préféré profiter de sa famille, sans doute en jouant au padel, sport de raquettes qu’il adore, et en triant son impressionnante collection de maillots.
 Mais cet amateur de bon vin – il en produit lui-même dans le domaine touristique qu’il possède en Toscane – n’avait pas fini de régaler l’Italie du football.

A Naples, avec un escadron de joueurs enthousiastes et des idées plus offensives que jamais, il s’est fait fort de poursuivre la révolution culturelle au pays du catenaccio.
« Il m’a beaucoup aidé dans ma croissance en tant que buteur et en tant qu’homme », dit de lui le buteur Victor Osimhen, auteur du but décisif de Naples jeudi pour décrocher le titre.
 
 Pep Guardiola et l’Europe ont adoré. Mais plus encore les supporters de Naples, une ville où la victoire doit aller de pair avec la manière et la générosité, selon Spalletti lui-même.

 Même s’il n’a rien de Napolitain – il a même vécu sa première saison à l’hôtel -, le Toscan a toujours sollicité l’héritage de Maradona pour souder les tifosi.

 « Ils ont vu de grands entraîneurs, de grands champions, un public qui a vu jouer Diego Armando Maradona, et dans ce résultat il y a probablement un peu de sa protection. Il est difficile de leur dire +On est troisième, c’est bien+…. », a souligné encore l’entraîneur jeudi soir.

 Spalletti sait de quoi il parle quand il parle d’imiter le N.10 argentin dont le nom orne désormais le stade de Naples: il avait eu l’occasion de voir de très près tout ce que pouvait faire Maradona avec un ballon, lors d’un match de Coupe d’Italie, en 1988, quand il jouait à La Spezia, alors en troisième division.
 Naples avait évidemment gagné, mais Spalletti avait beaucoup appris.

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