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Mesures en vrac pour la fac

«Les transferts des postes n’auront plus lieu dans le secteur de l’enseignement supérieur. Les fonctionnaires auront le droit de postuler pour les postes ouverts sans qu’ils soient privilégiés, et ce conformément au principe d’égalité des chances avec les autres candidats qui cherchent eux aussi à intégrer les professions de l’enseignement supérieur », a déclaré récemment Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation à certains médias tout en précisant que son département a du mal à compenser le départ des professeurs en retraite Selon des statistiques émanant du ministère de tutelle, 3.000 professeurs universitaires seront en retraite en 2026 contre 5.000 en 2030. Des chiffres qui demeurent approximatifs vu le nombre de demandes de départ en retraite anticipée et de démission, initiées par des enseignants-chercheurs et des fonctionnaires administratifs et techniques des universités. Un courrier daté du 6 octobre dernier adressé par Abdellatif Miraoui à l’inspecteur général du ministère, aux présidents des universités, à la directrice du Centre national de la recherche scientifique et technique, au directeur des oeuvres sociales universitaires et au directeur de l’Agence nationale d’évaluation et d’assurance qualité de l’enseignement supérieur précise que le ministère a reçu dernièrement de nombreuses demandes de départ qui sont en hausse continue et qui ont toutes été approuvées par les supérieurs hiérarchiques concernés. Pour faire face à cette situation et combler le vide, le ministre compte sur la nouvelle génération de doctorat qui est censée créer 1.000 postes en quatre ans tout en reconnaissant la difficulté à remplacer les personnes retraitées. A ce propos, et concernant la préparation de l’ouverture des concours de recrutement des maîtres assistants de l’enseignement supérieur au titre de l’année 2022, le ministre a précisé qu’une note d’orientation a été transmise aux présidents d’universités portant sur « l’application stricte des prescriptions légales et réglementaires relatives à la définition des modalités d’organisation des recrutements ». Dans le même sens, le ministère travaille actuellement à « la création d’une plateforme numérique pour gérer le processus de recrutement dans toutes ses étapes afin d’instaurer la transparence et l’égalité des chances et d’éviter tout déséquilibre possible ». Pour Mohamed Jamal Eddine Sebbani, actuel secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP), le problème du sous-effectif ne date pas d’aujourd’hui. Ses racines lointaines remontent aux années 70 avec la marocanisation et le recrutement massif des professeurs marocains qui sont aujourd’hui proches de la retraite ainsi qu’à l’augmentation du taux de scolarisation dans les années 90. «Les origines proches de cette pénurie sont à rechercher dans les mesures prises par le gouvernement Benkirane destinées à diminuer drastiquement le nombre des postes budgétaires dédiées à l’enseignement supérieur », nousa-t-il affirmé. Même son de cloche de la part de Mohammed Krekeb, professeur d’économie et de gestion qui soutient que le déficit en personnel est une réalité au vu du nombre des étudiants par rapport à celui des professeurs qui sont censés les encadrer pédagogiquement et administrativement. « A noter, cependant, que ce problème ne concerne que quelques branches et pas l’ensemble des filières », nous a-t-il précisé. Et d’expliquer que « le vrai problème du secteur de l’enseignement supérieur est le manque de professeurs compétents et qualifiés. Et les racines de cette problématique sont à chercher dans le manque de contrôle et de rigueur dans l’octroi des diplômes notamment dans certaines filières comme la littérature et le droit. D’autant plus que les professeurs n’accomplissent pas leur mission en ne respectant pas le volume horaire préétabli. Un constat qui a été observé par la Cour des comptes dans l’un de ses rapports en indiquant que certains professeurs ne passent que quelques heures par mois au sein de l’université ». En effet, le rapport de la Cour des compte intitulé : «Evaluation de la formation initiale dispensée par les universités» a révélé que le recul du taux d’encadrement national a passé de 27 étudiants par enseignant en 2003 à 56 en 2014. Sachant que ces pourcentages sont des moyennes, ce qui signifie l’existence d’une disparité entre les domaines d’études et le mode d’accès. En effet, en 2014, et à titre d’exemple, le taux d’encadrement dans les établissements à accès régulé était de 18, alors qu’il a avoisiné 83 dans les établissements à accès ouvert. Il est à souligner que pour les champs disciplinaires scientifiques, le TEP est passé de 12 étudiants en 2003 à 37 en 2014. Idem pour la médecine et la pharmacie dont le nombre des étudiants encadrés a passé de 6 en 2003 à 14 en 2014. Ceci d’autant plus qu’un bon nombre de professeurs ne respectent pas le taux d’utilisation du volume horaire global disponible (TUVHD), qui est le volume horaire annuel effectué par l’enseignant rapporté à sa charge horaire réglementaire. Selon les magistrats de la Cour des comptes, au niveau national, le TUVHD est au-dessous de 100%, il a même connuune baisse en 2011/2012 jusqu’à 70%. «Le TUVHD dépasse les 100% dans certains établissements, à savoir Hassan II Aïn Chock Casablanca en 2012, Sidi Mohamed Ben Abdellah Fès en 2012 et Ibn Tofaïl Kénitra en 2011 et 2012; presque la totalité des enseignants des universités n’accomplissent pas leurs charges horaires réglementaires. Ce taux diffère d’une université à l’autre, il est même au-dessous de 50% dans certaines universités, c’est le cas à titre d’exemple de l’université Mohammed V Agdal Rabat en 2012/2013 (45%) et 2013/2014 (43%) et l’université Hassan II Mohammedia en 2012-2013 (40%)», explique ledit rapport. Pour Jamal Eddine Sebbani, l’idée de supprimer les transferts des postes reste louable tant que cette mesure n’affecte pas le nombre de postes créés tout en précisant que le concept de nouvelle génération de doctorat reste flou et confus. Une idée que partage Mohammed Krekeb qui se demande quels sont les critères qui distinguent ce doctorat des autres. Nos deux sources affirment également que le principe de transparence doit être de mise pour hausser le niveau et la qualité du secteur. «Pratiquer la transparence dans les recrutements veut dire recruter plus de compétences à la hauteur des enjeux et des attentes», a conclu le SG du SNESUP. 

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