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Alaa Abdel Fattah, le détenu «invité incongru» de la COP27

Le sort d’Alaa Abdel Fattah, le détenu politique le plus célèbre d’Égypte, en grève de la faim, suscitait une inquiétude grandissante lundi 7 novembre au moment où des dirigeants du monde entier sont rassemblés à Charm el-Cheikh pour la Cop27. Le cas de ce militant pro-démocratie égypto-britannique, âgé de 40 ans, sera évoqué lors du sommet de l’ONU pour le climat, où sa soeur Sanaa Seif est présente, a assuré le Premier ministre britannique Rishi Sunak, car il est «une priorité».

«J’espère voir le président Sissi aujourd’hui. Bien sûr j’aborderai cette question. C’est un cas que de nombreux pays, et pas seulement le Royaume-Uni, veulent voir résolu», a déclaré Rishi Sunak à des journalistes en marge de la Cop27. Le président français Emmanuel Macron a demandé, pour sa part, lundi à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi la libération d’Alaa Abdel Fattah, alors que l’inquiétude grandit sur l’état de santé du détenu politique le plus célèbre d’Egypte.

«J’ai soulevé plusieurs cas individuels de personnalités plus fragiles (..) plus sensibles», dont celui d’Alaa Abdel Fattah, qui a cessé de s’alimenter et de boire, a indiqué le chef de Etat français lors d’une conférence de presse en marge de la conférence mondiale sur le climat (COP27) à Charm el- Cheikh. «Le président Sissi d’abord s’est engagé à ce que évidemment sa santé soit préservée», a relevé Emmanuel Macron, qui a demandé «la libération» du détenu, a précisé l’Elysée.

«Je le dis là avec beaucoup de prudence, mais j’espère que les prochaines semaines et les prochains mois permettront d’avoir des résultats », a ajouté Emmanuel Macron. Le sort d’Alaa Abdel Fattah, militant pro-démocratie égypto-britannique, âgé de 40 ans, et en grève de la faim depuis sept mois pour protester contre ses conditions de détention, suscite une inquiétude grandissante. Depuis début avril, Alaa Abdel Fattah, opposant du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, n’ingérait qu’un verre de thé et une cuillère de miel par jour dans sa prison de Wadi al- Natroun, au nord-ouest du Caire.

Sit-in au syndicat des journalistes au Caire

Figure de la révolution de 2011, incarcéré plusieurs fois depuis 2006, il a totalement cessé de s’alimenter mardi dernier et de boire dimanche, alors que s’ouvrait la Cop27 à Charm el-Cheikh, à l’autre bout du pays. Ce lundi, trois journalistes égyptiennes ont annoncé entamer une grève de la faim pour réclamer sa libération. «Nous arrêtons de nous nourrir maintenant parce qu’Alaa Abdel Fattah est en danger de mort», a expliqué à l’AFP Mona Selim, lors d’un sit-in au syndicat des journalistes au Caire avec Eman Ouf et Racha Azab. Elles réclament «la libération de tous les détenus d’opinion», qui sont plus de 60.000 en Égypte, selon les ONG.

Les militants présents à la Cop27 multiplient les posts sous le mot-clé #FreeAlaa sur les réseaux sociaux et plusieurs orateurs de la société civile ont terminé leurs allocutions par la phrase «You have not yet been defeated », le titre du livre d’Alaa Abdel Fattah, préfacé par l’autrice altermondialiste canadienne Naomi Klein. «Il n’y a plus beaucoup de temps, au mieux 72 heures, pour libérer Alaa Abdel Fattah. Si (les autorités égyptiennes) ne le font pas, cette mort sera dans toutes les discussions à la Cop27», prévenait dès dimanche la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

À Beyrouth, une centaine de personnes ont manifesté ce lundi devant l’ambassade britannique. Abdel Fattah, ingénieur de formation et blogueur pro-démocratie, qui a été pendant des années de toutes les révoltes en Égypte, a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour «diffusion de fausses informations». Il a été une figure de proue du mouvement syndical Kefaya dans les années 2000, puis de la révolution de 2011 qui renversa Hosni Moubarak, des défilés monstres contre l’islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tard et enfin des manifestations contre Abdel Fattah al-Sissi.

Selon Amnesty, depuis que l’Égypte a réactivé sa Commission des grâces présidentielles en avril, 766 prisonniers d’opinion ont été libérés. L’Égypte compte une trentaine de journalistes incarcérés. Selon Reporters sans frontières (RSF), Le Caire est 168e sur 180 au classement de la liberté de la presse 2022.

 

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