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Ce qui pourrait changer avec la prochaine réforme

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– Alors que la réflexion sur la réforme de la Moudawana est lancée, quels sont les points sensibles à réviser en urgence selon vous ?

A mon sens, les premières choses à réviser sont les dispositions de certains articles du Code pénal. Dans certains cas, ce sont les lois elles-mêmes qui sont lacunaires, d’autres fois, c’est l’application de certaines dispositions des textes qui fait défaut (NDLR : voir article principal). Ensuite, il y a toute la conception du Code de la Famille qu’il faut revoir car elle n’est plus conforme à la réalité actuelle des familles. Aujourd’hui au Maroc, dans les familles, ce n’est plus l’homme qui part seul travailler pour ramener de l’argent et subvenir aux besoins du ménage. La femme contribue à l’économie du foyer, elle travaille et partage les responsabilités du ménage avec son mari. Mais pour arriver à ce constat, il faut également faire un travail renouvelé dans la collecte des données, de sorte à actualiser les statistiques sur lesquelles se basent les différentes études menées au Maroc.

– Concernant le mariage des mineurs, il y a encore un long chemin à parcourir. Que proposez-vous pour en finir avec ce phénomène ?

– La question du mariage des mineurs est très complexe pour des raisons culturelles, mais surtout pour des raisons socio-économiques. Quand vous avez par exemple un homme de 50 ou 60 ans qui va user de la pauvreté d’une famille démunie en demandant la main de leur fille contre de l’argent, pour moi, c’est une sorte de pédophilie légale. Il faut une loi qui protège les enfants contre ces pratiques. Il y a par ailleurs d’autres problèmes posés par le délai maximal d’acter le mariage, fixé à 5 ans par la loi. Un délai qui sert souvent de subterfuge pour contourner la loi et perpétuer la tradition du mariage par «Al Fatiha», sans autorisation du juge. Et il faut aussi imposer des sanctions lourdes à l’encontre des personnes qui violent ces lois.

– Quid de l’égalité homme-femme dans la tutelle des enfants ?

– C’est aussi un sujet qui suscite la polémique, car, en cas de divorce, si la femme se remarie, elle perd systématiquement la garde de ses enfants, ce qui n’est pas logique. C’est comme si les enfants étaient propriétés de leur père, ce qui n’est absolument pas le cas. Les enfants ne sont la propriété de personne, ils sont mis sous la tutelle de leurs parents, dans une phase transitoire, pour se former et se construire, le temps de devenir adultes et autonomes. Car cette logique fait que de jeunes divorcées renoncent au remariage et vivent sans conjoint pour ne pas perdre la garde de leurs enfants. Il y a aussi la question des mères célibataires et la reconnaissance des enfants nés hors mariage, sachant qu’une grande partie de femmes se retrouvent abandonnées après avoir eu des promesses de mariage. Il faut donc une réflexion profonde sur ces éléments pour créer une société plus égalitaire et plus juste.

 

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