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Les déterminants de la stratégie du Maroc dans sa profondeur africaine

La politique d’ouverture que le Maroc a menée ces dernières années lui a permis d’établir une nouvelle architecture des relations extérieures du Royaume. Ainsi, il a su diversifier ses partenariats stratégiques avec nombre de grands pays et puissances économiques mondiales, comme le partenariat stratégique avec l’Union Européenne, celui avec les États-Unis d’Amérique, ou encore  le partenariat avec la Chine dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » lancée par le président chinois Xi Jinping en 2013.

Il en est de même avec l’accord de libre-échange conclu avec la Turquie, l’accord d’Agadir avec l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie, et l’action menée pour l’établissement d’un modèle prometteur de coopération multidimensionnelle Sud-Sud avec les pays africains, en plus des accords de coopération bilatéraux dans de nombreux domaines vitaux sécuritaire, économique, commercial et douanier avec des pays des cinq continents.
 

Vision stratégique prometteuse pour la coopération africaine
 

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a initié une vision stratégique prometteuse pour la coopération avec les pays africains, basée sur cinq dimensions : la dimension liée à la réalisation de la sécurité, de la paix, de la stabilité et de la lutte contre le terrorisme, la dimension liée à la politique d’immigration et d’asile, la dimension liée à la politique économique, la coopération commerciale et culturelle, la dimension spirituelle et religieuse, en plus de la dimension humaine et solidaire.

Le Souverain a effectué, au cours des vingt dernières années, 50 visites d’Etat dans une trentaine de pays d’Afrique, au cours desquelles plus de 1.000 accords ont été signés. Lesquels accords ont rendu tangible la vision stratégique marocaine de coopération africaine en permettant un afflux d’investissements nationaux dans différents pays du continent et ce, dans les domaines économique, social, financier, technologique et des infrastructures, en plus de la coopération dans les domaines de l’éducation et de la sécurité, ainsi que dans le champ ’ religieux.
 

Le Maroc est le premier investisseur en Afrique de l’Ouest
 

Ce choix a permis d’ouvrir de nouveaux marchés aux exportations marocaines, de soutenir la compétitivité de l’économie nationale, d’améliorer le climat des affaires, d’augmenter les flux de capitaux étrangers, d’améliorer l’attractivité de notre pays pour les investissements étrangers et de favoriser l’intégration du Maroc dans l’économie continentale et mondiale.

Parallèlement à ces orientations, le Maroc a œuvré à établir un modèle de coopération Sud-Sud, lui permettant notamment de devenir la première puissance d’investissement en Afrique de l’Ouest, puisque les investissements marocains en Afrique subsaharienne se sont élevés à plus de 4,5 milliards de dollars.

Le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine a marqué une nouvelle réalité dans les relations maroco-africaines et annoncé le début d’une nouvelle étape d’action commune et de coopération Sud-Sud, dictée par des conditions stratégiques, politiques objectives liées aux réalités historique et géographique. D’où l’émergence du Royaume en tant que pôle économique prometteur, et force active d’investissement en Afrique, procédant selon une logique de partenariat, suivant le principe « gagnant-gagnant », qui lui vaut une grande confiance auprès de nombreux pays africains.
 

Adhésion à des projets continentaux structurels
 

Le Maroc fait montre d’un grand engagement et œuvre de manière continue avec ses partenaires africains pour jeter les vraies bases de l’intégration économique et lancer des projets structurels porteurs de changements majeurs dans les économies africaines, tels que le projet de gazoduc Nigéria-Maroc. Son travail est aussi inlassable pour faire émerger le projet de Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui permettra au continent africain d’assurer son intégration économique et commerciale et de s’intégrer dans des chaînes de production de valeur mondiale.
 

Projet de gazoduc Nigeria-Maroc
 

Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, supervisé personnellement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président de la République Fédérale du Nigeria Muhammadu Buhari, est considéré comme l’un des projets continentaux stratégiques et structurants qui permettront la mise en place d’un modèle prometteur d’intégration et de complémentarité au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest « CEDAW », et de renforcement de la coopération entre l’Afrique et l’Europe. 15 pays africains et 440 millions de citoyens africains en bénéficieront.

Et il est attendu que ce projet génère des effets directs sur les économies de ces pays dans les domaines de la sécurité énergétique et alimentaire, du développement économique, industriel et social, et de l’emploi, en plus de sa dimension liée à la consolidation de la paix et du développement durable.

Toutes les données politiques objectives montrent bien la grande confiance dont jouit le projet de gazoduc Nigéria-Maroc, que ce soit dans le pays exportateur ou auprès des pays d’Afrique de l’Ouest, en plus du soutien politique européen. D’autant que les observateurs et les décideurs en Europe appréhendent avec méfiance et suspicion la tentative de l’Algérie d’établir un projet de gazoduc avec le Nigeria, une entreprise stratégiquement aléatoire et dont les objectifs inavoués sont désormais connus.
 
La décision unilatérale prise par les autorités algériennes de ne pas reconduire l’accord sur le gazoduc qui reliait l’Algérie à l’Europe via le Maroc a donné lieu à un grand ressentiment en Espagne et parmi le reste des pays européens, dans un contexte international agité, marqué par les répercussions de la guerre russo-ukrainienne et la crise énergétique internationale qui en a résulté, ce qui a irrémédiablement entamé la fiabilité d’un tel partenaire.
 

Projet d’agglomération des pays africains atlantiques
 

D’autre part, le Maroc cherche à établir et structurer des blocs majeurs en Afrique. Début juin 2022, il a pris l’initiative d’abriter la première réunion ministérielle des pays d’Afrique-Atlantique, à laquelle 21 pays riverains de l’Océan Atlantique ont participé, en vue de formuler une vision commune pour défendre les intérêts stratégiques de l’Afrique et faire de l’espace atlantique, en tant qu’entité géostratégique existante, un espace de coopération multilatérale afin de promouvoir les intérêts supérieurs des pays africains atlantiques.

S’en est suivie une deuxième réunion présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, le 23 septembre 2022 à New York, et ce en marge de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
 

Efforts continus pour instaurer la paix et la sécurité en Afrique
 

En ce qui concerne l’établissement de la sécurité et de la paix sur le continent africain, le Maroc s’est résolument impliqué depuis les années soixante du siècle dernier dans les efforts des Nations Unies pour établir la paix et la sécurité sur le continent, les Forces Armées Royales y ayant participé avec une grande efficacité aux diverses missions des Casques bleus et dans de nombreuses zones de tension en Afrique.

Elles ont consenti d’énormes sacrifices qui ont parfois coûté la vie à ses éléments. Le Maroc a de même pris la tête de la mission de paix en République centrafricaine dans le cadre du Comité onusien de maintien de la paix, et ce, en raison de la crédibilité dont il jouit auprès de la communauté internationale. Le Maroc a également été réélu pour un second mandat au Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine pour une période de trois ans, de 2022 à 2025, avec plus des deux tiers des voix, ce qui dénote la confiance et la reconnaissance dont jouit le Maroc pour son rôle dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique.

Le Maroc a choisi d’être partisan de la paix et de la sécurité internationale, et partie prenante à la solution des problèmes africains et non pas partie au problème. C’est pourquoi il a mené de nombreuses médiations afin de rapprocher les points de vue des parties en conflit.

A cet égard, il y a lieu de rappeler les efforts qu’il a déployés pour la stabilité et l’unité de la Libye, ainsi que la facilitation du dialogue entre les parties libyennes qu’il abrité à Skhirat en 2015 et 2019, avec les résultats importants qui en ont résulté, et qui constituent une plateforme politique  jouissant  encore d’une grande crédibilité.
 

Le Maroc partenaire fiable dans la lutte internationale contre le terrorisme
 

D’autre part, la stratégie du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme est très appréciée par la communauté internationale, ce qui en fait un  partenaire incontournable et fiable, compte tenu de l’efficience et de l’efficacité dont font montre ses différents services sécuritaires en charge de la lutte contre le terrorisme, et de l’approche globale qu’il a adoptée pour faire face à ce phénomène.

Cette approche a le mérite d’intégrer la dimension de réforme du champ religieux, en particulier après l’escalade de l’influence des courants religieux extrémistes extérieurs. Basée également sur la vigilance et la proactivité, l’étude et l’analyse des informations et des risques potentiels, alliées à une grande efficacité dans l’expertise technique et technologique, puis  un  déploiement judicieux  en matière de sécurisation des frontières marocaines, et en direction de la coopération bilatérale et multilatérale dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme intercontinentaux.

À cet égard, le Maroc accueille chaque année les manœuvres militaires maroco-américaines, connues sous le nom de Lion d’Afrique, à la dernière édition desquelles de nombreux pays, dont dix africains, ont participé, dans le but de renforcer les capacités militaires des forces participantes et les habiliter à affronter les menaces terroristes et les dangers représentés par divers groupes et mouvements terroristes, notamment dans la région du Sahel, au Sud du Sahara.
 
Le Maroc abrite également le Bureau du Programme des Nations Unies contre le terrorisme et pour la formation en Afrique, qui vise à former et à renforcer les compétences africaines dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité des frontières, en plus des initiatives du Royaume au niveau continental et international visant  la coordination des efforts dans la lutte contre le terrorisme.

Il a ainsi précédemment accueilli la première conférence des chefs d’agences en charge de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité dans les pays d’Afrique du Nord, la réunion ministérielle de la coalition internationale contre Daech, et bien d’autres initiatives connexes.

Politique pionnière en matière d’immigration et d’asile
 

Si la migration constitue l’un des défis majeurs auxquels le monde est confronté en raison de plusieurs facteurs, tels que le phénomène des déplacements massifs, les déplacements pour cause de guerres, de sécheresse ou  de pauvreté, ou encore pour la recherche de conditions économiques alternatives, le Maroc s’est  trouvé, de par sa situation géographique, parmi les plus  exposés à des vagues migratoires.

Il s’agit particulièrement de celles émanant  de l’Afrique subsaharienne et de certains pays arabes. Il traite cependant ce phénomène humain avec une grande vigilance mais aussi souplesse, malgré la pression qui se ressent sur la situation intérieure. Il ne ménage pas les efforts dans ce sens , malgré le lourd impact financier , pour traiter ces situations humaines, dans le respect des exigences de la Convention internationale pour la protection des droits des travailleurs, des migrants et des membres de leur famille, et des stipulations de la loi n°14.27 relative à la lutte contre la traite des êtres humains, et de la loi relative à l’entrée et au séjour des étrangers et à l’immigration clandestine.

Malgré le faible soutien apporté par l’Union Européenne au Maroc pour lutter contre l’immigration clandestine, qui ne dépasse pas 71 millions d’euros annuels – sachant que les dépenses annuelles du Maroc pour la lutte contre l’immigration irrégulière sont estimées à 427 millions d’euros annuels-, le Maroc déploie de grands efforts partant de sa responsabilité en tant que membre actif de la communauté internationale , sans nullement marchander sur le soutien européen comme condition pour faire face à ce phénomène.

Dans son engagement face aux vagues migratoires croissantes, le Maroc abrite désormais le siège du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, lequel signale dans ses statistiques que le nombre de personnes enregistrées et relevant de la compétence du Commissariat à la fin de 2020, a atteint 13.531, dont 55% sont originaires de Syrie et 25% d’Afrique subsaharienne (principalement de la République centrafricaine, de Côte d’Ivoire et de la République démocratique du Congo) alors que 15% viennent du Moyen-Orient, principalement d’Irak, de Palestine et du Yémen.
 
Le Maroc abrite également l’Observatoire africain des migrations, dont Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait proposé la création lors du 30ème Sommet de l’Union africaine en 2018. On peut dire que le Maroc n’est plus une terre de transit, mais plutôt une terre d’accueil  et d’installation  permanente pour les migrants.

A à cet égard, il a lancé depuis 2013 une stratégie nationale pour la migration et l’asile. Avec la reprise économique que le Maroc a connue ces dernières années et l’amélioration du climat des affaires, et face au grand développement apporté au système des droits de l’Homme et des libertés au Maroc, les immigrés africains ont été motivés pour y travailler et s’y installer, leur rêve de traverser vers l’Europe devant plus qu’aléatoire.
 

Une diplomatie « soft » pour renforcer la sécurité spirituelle
 

D’autre part, le Maroc a misé sur la diplomatie douce illustrée principalement par les actions déployées pour diffuser la sécurité spirituelle en Afrique, après qu’il s’est retiré de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1984. Il a ainsi continué à soutenir les mouvements et ordres soufis, en particulier le soufisme tijani en Afrique, étant donné la relation spirituelle et historique qui unit les Tijanis à Amir al-mouminine au Maroc.

Avec la montée des mouvances de l’extrémisme et du terrorisme, le Maroc s’est rendu compte dès le départ que l’approche sécuritaire dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme était insuffisante, il a donc fait le choix d’adopter une approche parallèle visant à démanteler les sources doctrinales du takfirisme, à affronter l’idéologisation de la religion et à extirper les germes de l’extrémisme. Pour ce faire,  il a lancé une stratégie d’encadrement religieux et de sécurité spirituelle au niveau interne, pour ensuite l’étendre afin d’inclure la profondeur africaine.

Cette stratégie est basée sur la bonne compréhension des enseignements religieux et la diffusion des valeurs de tolérance et de modération, et le renforcement des liens spirituels entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne, ainsi que la diffusion des enseignements de l’école de pensée Malékite et de la doctrine Achâarite dans la voie de l’Imam Al-Jounayd Assalik. Cette approche est basée également sur l’encadrement religieux, d’où la création en 2015 de la Fondation Mohammed VI pour les Ouléma africains, en vue d’unifier et de coordonner les efforts des érudits et universitaires africains et marocains.

Cette institution dispose d’annexes dans 34 pays africains et organise de nombreux concours et événements religieux dans le domaine de la mémorisation et de la récitation du Saint Coran, des sciences de la charia et des études jurisprudentielles, sous la supervision du Commandeur des Croyants, Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
 
Quant à L’Institut Mohammed VI de Formation des Imams, Mourchidates et Mourchidines, il attire des centaines d’étudiants de pays africains comme le Sénégal, le Mali, le Gabon, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Tchad et la Guinée. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a récemment conclu une quarantaine d’accords avec ses homologues des pays africains, dont le dernier en date est un protocole d’accord pour la formation de 300 Mourchidates et Mourchidines de la République du Mali.
 
La Fondation Mohammed VI pour la publication du Noble Coran joue aussi un rôle important dans ce domaine, car elle distribue chaque année des milliers d’exemplaires du Saint Coran dans de nombreux pays africains.
 
La politique de sécurité spirituelle du Maroc vise également à construire des mosquées en Afrique, comme celles de Conakry, Abidjan, Dar Essalam, Nouakchott et Madagascar, en tant qu’espaces qui ne se limitent pas à l’accomplissement des rituels de prière uniquement, mais comprennent également des installations, des bibliothèques, des salles d’études et de sciences,  pour le rayonnement de la religion islamique tolérante.

Lors de ses visites à des pays africains ces dernières années, qui se sont élevée à 50 visites d’État, le Commandeur des Croyants Sa Majesté le Roi Mohammed VI,  a tenu à effectuer la prière du vendredi dans les mosquées africaines, ce qui symbolise hautement les liens de communion spirituelle entre le Royaume du Maroc et ces pays , en plus du souci du Souverain d’honorer les savants musulmans et les cheikhs africains à différentes occasions.
 

Forte présence de la dimension humaine solidaire
 

S’agissant de la dimension humaine et solidaire dans ses relations avec l’Afrique, le Maroc a toujours été précurseur dans l’accompagnement et l’aide humanitaire aux différents pays africains exposés aux dangers et aux catastrophes naturelles. Le Maroc a fait preuve d’un sens élevé de responsabilité morale et humaine pendant la pandémie de Covid-19, en apportant un soutien important à plus de 15 pays africains, à travers la fourniture de divers types d’équipements et de matériels médicaux et techniques.

Il a également initié la mise en place d’un hôpital de campagne en Tunisie pour faire face à la pandémie, et notre pays continue de travailler sur de grands projets médicaux et pharmaceutiques qui contribuent à la réalisation de la sécurité sanitaire en Afrique.
 

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