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Un héritage naturel menacé par la forte demande du marché international [INTÉGRAL]

Arbre forestier, fruitier, multi-centenaire, emblématique et surtout endémique, l’Arganier  célèbre pour la troisième fois sa Journée internationale. Le choix de la date du 10 mai n’est pas fortuite puisqu’elle est inspirée du cycle de maturation du fruit de l’Arganier, le fameux « Affiach ».
 
Ce nouveau rendez-vous dans l’agenda des Journées internationales visera ainsi à célébrer l’arganier « en tant que vecteur de réalisation du développement durable, sur les plans socio-économique, écologique, culturel, culinaire et médicinal, au niveau national et à l’échelle internationale ».
 
Dans ce sens, il est à noter que la Résolution onusienne adoptée en 2021 en faveur de cet arbre ancestral, reconnaît la contribution colossale du secteur de l’Arganier dans la mise en œuvre des 17 objectifs de l’agenda 2030 et la réalisation du développement durable dans ses trois dimensions : économique, sociale et environnementale. Elle met également en valeur les nombreux usages de l’huile d’Argane, en particulier dans la médecine traditionnelle, complémentaire et dans les industries culinaires et cosmétiques. Parmi les valeurs et retombées positives de l’Arganier, le texte de proclamation de la Journée mondiale cite également l’autonomisation financière et l’émancipation de la femme dans le milieu rural. Grâce au rôle que joue l’Arganier en faveur des populations locales, le Maroc livre ainsi un véritable cas d’école en matière d’économie solidaire, d’éradication de la pauvreté et de développement humain à travers le soutien et la promotion du rôle des coopératives et autres formes d’organisations agricoles actives dans le secteur.
 

Générateur de richesse

 

Aujourd’hui, la filière de l’Arganier c’est un chiffre d’affaires annuel de 1,2 milliard de dirhams, c’est plus de 45.000 emplois féminins directs, et c’est aussi 25.000 points de vente partout dans le Maroc, d’Oujda à Boujdour, en passant par Berkane, Fès, Marrakech, sans oublier les capitales économique et administrative du pays. C’est dire que cette espèce rare et endémique, qui n’existe à l’état naturel nulle part ailleurs qu’au Maroc, est un vrai vecteur de développement social, économique et touristique. Des atouts qui viennent s’ajouter à la préservation de la biodiversité, à la conservation de l’équilibre de la nature et à la lutte contre les changements climatiques.
 
En effet, l’Arganier se distingue par ses modes et pratiques agro-forestières durables et résilientes qui assurent la viabilité des systèmes de production alimentaire, la préservation de la diversité biologique et l’adaptation et la mitigation des effets des changements climatiques.
 
Ainsi, Lahcen Kenny, Enseignant-Chercheur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan-II (IAV), nous explique que «l’arganier est un excellent vecteur d’atténuation du changement climatique, surtout qu’il est complètement résilient face à la sécheresse». C’est ainsi que le Maroc et l’Organisation des Nations Unies ont décidé de célébrer la deuxième édition de la Journée Internationale de l’Arganier, sous le thème «L’arganier, symbole de résilience». Une manifestation qui serait un moment de mobilisation nationale et internationale autour de cet arbre endémique et de son écosystème ancestral.
 

Un patrimoine menacé !

 

«Au cours des années, le volume des récoltes a énormément baissé», se désole Fatna, qui fait de l’arganier son métier depuis plus de trois décennies. Des baisses dues aux effets du changement climatique, aux cultures intensives et aux pressions croissantes sur la ressource. «Aujourd’hui, la demande à l’international est élevée, mais il faut absolument veiller à ce que cette dynamique d’ouverture sur le monde n’impacte pas les acquis locaux, notamment sur le côté culturel, social et économique», alerte Lahcen Kenny.
 
Sur le plan national, ces arbres s’étalent sur une superficie dépassant 800.000 hectares (ha) répartis sur les trois régions de Souss-Massa, Marrakech-Safi et Guelmim-Oued Noun. Dans ce même sens, il est prévu que la plantation de l’arganier agricole soit portée à 50.000 ha à l’horizon 2030 dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de développement du secteur de l’arganier, encadré depuis 2011.
 
Ces efforts fournis par le Royaume, terre d’origine de l’arganier, afin de le préserver et le développer, suscitent, néanmoins, l’intérêt des investisseurs étrangers, menaçant ainsi les producteurs locaux. «Il ne faut ménager aucun effort pour la valorisation de l’arganier, et ce, dans une logique 100% nationale», recommande Mohamed Bouhrist, président de la commune rurale de Taghazout, notant qu’il ne faut pas attendre des fonds étrangers pour passer à la vitesse supérieure.
 
«Aujourd’hui, le Maroc est pleinement lancé dans la promotion du Made in Morocco, et l’arganier est une espèce unique qui pourrait donner une vraie valeur ajoutée au pays dans ce sens», insiste-t-il.
 
Offrant ses feuilles pour les chèvres montagnardes, ses fleurs aux abeilles, ses fruits pour les plaisirs gastronomiques et cosmétiques de l’Homme, l’arganier ne peut être qualifié que de généreux, qu,i depuis des siècles, a été «l’arbre de vie» pour les populations du Sud. D’où la nécessité d’accompagner la stratégie nationale de la plantation de l’arganier, par une stratégie de régulation commerciale, pour éviter tout dérapage.

 

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