Un potentiel mal exploité au Maroc !

Le Maroc continue dans la voie de la décarbonation de son industrie. Le 26 septembre dernier, le ministère de l’Energie a publié le décret relatif à l’accès au réseau électrique national de moyenne tension. Attendu depuis la loi n° 13-09 sur la production privée de 2010, ce décret liste les zones pouvant abriter des centrales de production privées d’électricité solaire. Cela permettra un accès plus large pour les industriels aux énergies renouvelables, préparant ainsi le terrain à la future taxe carbone qui sera imposée par l’Union Européenne sur ses importations.

Selon les chiffres du département de Leila Benali pour l’année 2021, l’énergie solaire représente 7% du total de la puissance installée, tandis que pour l’énergie éolienne la part est de 13,4%. Pourquoi les autorités n’ont jusqu’à aujourd’hui ouvert la moyenne tension qu’au solaire ? « Les technologies utilisées dans l’éolienne se prêtent plus à la haute tension, et donc ouvrir la moyenne tension à cette source d’énergie ne serait pas intéressant », nous répond une source au ministère de l’Energie. La contrainte n’est pas seulement technique, mais également économique. « La rentabilité de chaque source d’énergie fait que le solaire correspond plus à la moyenne tension et l’éolien qu’à la haute tension », renchérit Amin Bennouna, enseignant- chercheur et expert en énergie.

Un seul projet en autoproduction

Des 1430 MW de capacité installée en énergie éolienne, la grande majorité des projets sont développés dans le cadre de la loi 13-09, à destination de clients privés en haute tension, ou des PPA (Power Purchase Agreement), qui sont des contrats d’achat d’électricité sur le long-terme conclus avec l’ONEE. Le Maroc ne compte qu’un seul projet en autoproduction, il s’agit du parc éolien Lafarge à Tétouan. Le cimentier a investi près de 500 millions de dirhams dans ce parc éolien de 10 MW en 2003, qui a été élargi en 2008 et 2009 pour atteindre une capacité totale de 32 MW. L’électricité verte produite couvre environ 70% des besoins de son usine à Tétouan. Mais ce projet reste unique en son genre au Royaume.

« Dans l’autoproduction, l’énergie solaire est plus simple à déployer par les industriels via l’installation de panneaux solaires sur les toitures, des combrières… L’éolien nécessite plus d’espace puisque, en général, une entreprise qui fait de l’autoproduction, la fait sur son propre site », nous explique Driss Faouzi, responsable Maroc du groupe InnoVent, spécialisé dans la construction et l’exploitation de centrales éoliennes et solaires.

Appui des autorités

L’énergie éolienne se déploie généralement sur de très grandes surfaces, ce qui nécessite un accès au foncier à travers l’achat ou la location longue durée de terrain. De plus, plusieurs autorisations sont nécessaires pour le développement d’un parc éolien, nécessitant une collaboration étroite avec les autorités locales tout au long du processus.

Comme nous l’explique Driss Faouzi, « le premier défi pour le développement d’un parc éolien est de sécuriser le foncier et d’obtenir dans la foulée les autorisations administratives ». C’est dans ce domaine que l’expertise du responsable Maroc du groupe InnoVent se dénote, à savoir « faire du lobbying auprès des autorités centrales et locales (ministères de l’Energie et des Mines, de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances…), du gestionnaire du réseau national, l’ONEE, mais aussi des populations locales afin que ces dernières y adhérent, épousent la philosophie du projet que nous souhaitons développer», détaille-t-il.

Contrairement au photovoltaïque, la mise en place d’une éolienne nécessite de grands travaux, à savoir le coulage d’énormes quantités de béton pour les fondations du dispositif. « Le facteur clé de la réussite est l’appui des autorités locales (la wilaya, la province, le caïdat, la commune) et de l’Office National de l’Electricité, afin qu’ils vous accompagnent durant la durée de vie de votre projet, à savoir phases de développement, construction et exploitation », conclut-il.

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