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Une espèce « quasi-menacée » requérant plus d’étude

Lors d’une expédition exploratoire dans les provinces du sud marocain en mai 2013, des chercheurs ont observé trois chats des sables, cela avait motivé les scientifiques pour intensifier leurs recherches sur ce félin qui ne fait que des apparitions rares. En 2017, le chat des sables marocain a été proprement révélé à travers des photos d’une étude menée par l’équipe de Panthera France au Maroc. Depuis lors, des voix se sont élevées dans le milieux scientifique pour recueillir davantage de données et d’informations sur cette espèce et sur leur ecosystème, afin de mieux comprendre ces créatures mystérieuses.
 
L’étude intitulée « Domaines vitaux des chats des sables africains (Felis margarita) » est élaborée par Dr Alexander Sliwa du zoo de Cologne, Saad Azizi et Mahmoud Zine Eddine du zoo de Rabat et Grégory Breton de Panthera France. Elle offre un grand nombre de donné permettant de mieux assimiler le domaine vital de ces félins.
 
L’étude note que la compréhension de la communauté scientifique de l’écologie et l’organisation sociale de cette petite espèce de félin reste cependant limitée, idem pour son mode d’accouplement.
 
Toutefois, depuis 2005, l’intérêt pour l’espèce s’est accru parmi les naturalistes et les chercheurs de la faune, et les chats des sables ont été observés et photographiés plus fréquemment qu’au cours des décennies précédentes.
 
L’étude fait savoir que les données sur les chats des sables africains ont été collectées dans les provinces du sud du Maroc entre décembre 2015 et décembre 2019. La zone d’étude est située entre la ville côtière de Dakhla et le village désertique d’Aousserd. Au cours de ces quatre années, un total de 47 chats des sables a été observé, 41 ont été capturés et 22 ont été équipés de colliers émetteurs VHF et suivis sur différentes périodes.
 
Les experts indiquent que « compte tenu du nombre de chats des sables observés dans la zone d’étude et du bon état extérieur des 41 chats capturés, qui ne présentaient aucune blessure, très peu de cicatrices et aucune dent cassée, nous supposons que les chats des sables sont tolérants les uns envers les autres et probablement non territoriaux ».
 
Les chercheurs précisent, dans le même sillage, que « d’importantes recherches futures devraient se concentrer sur le régime alimentaire, l’organisation sociale sous-jacente et les liens de parenté des chats des sables, en relation avec les conditions environnementales et les facteurs anthropogéniques ».   
 

Une espèce « quasi-menacée »
 

Dans la perspective de livrer un constat plus clair, Grégory Breton a publié un article sur le même sujet dans le site de Panthera. Il explique ainsi que les domaines vitaux des chats des sables sont probablement beaucoup plus vastes que ce que l’on estimait auparavant. Étonnamment, il est probable qu’ils aient aujourd’hui les plus grandes aires de répartition parmi les chats de leur genre, qui comprennent les chats à pieds noirs et les chats sauvages d’Afrique.
 
Selon le spécialiste, cela est dû probablement aux conditions écologiques. « Lorsque la végétation (y compris les proies) est relativement abondante et que l’habitat est ininterrompu, les chats des sables peuvent prospérer dans des domaines vitaux plus petits ».
 
« Pourtant, lorsque la végétation et les populations de rongeurs s’effondrent en raison des conditions météorologiques et/ou lorsqu’elles sont perturbées par les activités humaines, le bétail ou d’autres carnivores habitant un paysage, les chats des sables peuvent s’aventurer très loin et augmenter leur aire de répartition », dévoile Breton.
 
« Certains de nos résultats nous amènent même à penser que cette espèce pourrait être semi-nomade, ce qui n’a jamais été rapporté pour aucun chat sauvage », précise-t-il.
 
 Les chats des sables sont classés dans la catégorie « préoccupation mineure » par l’UICN ; cependant, cela suppose qu’ils sont présents de manière égale dans l’habitat désertique et qu’ils maintiennent des domaines vitaux plus petits que ce que l’étude révèle.
 
Mais, si les domaines vitaux sont effectivement plus vastes et qu’ils n’occupent que certaines parties du désert, comme le suggère l’étude, ils pourraient raisonnablement être reclassés dans la catégorie des espèces « quasi menacées », ce qui nous obligerait à redoubler d’efforts en matière de conservation.
 
« Il reste encore beaucoup à apprendre sur les chats des sables. L’avenir nous donnera l’occasion de mieux comprendre la taille de leur domaine vital et les nouveaux territoires que nous n’avons pas encore explorés », conclut Breton.
 

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