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Afrique terre de lutte de pouvoir des grandes puissances

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Matières premières, sécurité, électricité : comment la Russie, la Chine, l’Europe et les États-Unis luttent pour leur influence en Afrique.

Rarement il y a eu autant de visites de haut niveau en Afrique. Depuis des mois, des représentants des États-Unis, de la Chine, de l’Europe et de la Russie se serrent la main. Il s’agit de ressources naturelles, de sécurité et, surtout, de luttes de pouvoir géopolitiques.

La Russie, la Chine, les États-Unis veulent tous étendre leur influence en Afrique. Plus les relations entre les grandes puissances se détériorent, plus elles se disputent le continent riche en ressources naturelles et en potentiel de croissance. « L’Afrique est devenue une arène de compétition entre les puissances mondiales », selon un rapport de l’Institute for Security Studies (ISS) en Afrique du Sud. Le constitue un énorme enjeu diplomatique.

En fait, chaque grande puissance est concernée par quelque chose de différent. En tant que premier investisseur et partenaire commercial de l’Afrique, la Chine est principalement intéressée par l’importation de matières premières. Les États-Unis veulent empêcher l’Afrique de s’allier trop étroitement à la Chine. Et Moscou ?

La Russie considère l’Afrique comme un instrument dans la lutte contre l’Occident, surtout depuis le début de la guerre d’agression contre l’Ukraine. À cette fin, Moscou tente de se placer à l’avant-garde du mouvement anticolonial. La Russie est «solidaire des revendications des Africains pour achever le processus de décolonisation et soutient les initiatives pertinentes dans le cadre de l’ONU», a déclaré l’été dernier le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. C’est quelque chose que les gens aiment entendre en Afrique – même si cela contredit évidemment la politique russe de vouloir incorporer l’Ukraine voisine.

L’offensive de charme de la Russie en Afrique gagne du terrain

Le chef de la diplomatie russe est actuellement de retour sur le continent. Lavrov vient d’achever une visite de deux jours au Mali ouest-africain, d’où la France et l’Allemagne se retirent de plus en plus. Lavrov a ensuite voulu se rendre au Soudan. Des visites en Tunisie, en Mauritanie, en Algérie et au Maroc seraient également au programme. En janvier, Lavrov était déjà en Afrique australe ; avant cela en Égypte, en République du Congo, en Ouganda et en Éthiopie. Un sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg est prévu en juillet. C’est une offensive de charme sans pareille qui vise aussi à montrer que le Kremlin n’est pas isolé à l’international.

Moscou y est mieux accueilli que ne le souhaiterait l’Occident. De nombreux gouvernements sont positifs ou neutres envers le Kremlin. Cela a été démontré de manière impressionnante en mars dernier lorsque l’Assemblée générale des Nations unies a voté pour condamner la guerre d’agression de la Russie : environ 25 des 55 pays africains se sont abstenus.

Selon le Peace Research Institute, le soutien de la Russie à l’Afrique couvre principalement trois domaines : l’armement, les services de renseignement et la propagande. La Russie est aujourd’hui le plus important fournisseur d’armes en Afrique. Depuis 2015, la Russie a signé environ 19 accords militaires avec des gouvernements africains. De plus, la Russie est importante en tant que fournisseur de nourriture. En échange, la Russie reçoit souvent des concessions minières ou des avantages géostratégiques comme l’accès à des ports en Libye ou au Soudan. Le groupe de mercenaires russes Wagner opère également dans plusieurs pays africains comme le Mali, la Libye, la République centrafricaine et le Mozambique.

Selon les experts, les voyages de Lavrov en Afrique sont également une réaction au sommet africain convoqué par le président américain Joe Biden en décembre. Washington a annoncé vouloir étendre massivement la coopération économique avec les pays africains. Biden a annoncé des investissements majeurs dans les routes, Internet et les énergies renouvelables. En janvier, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s’est rendue au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud. Presque au même moment, le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a choisi l’Afrique comme destination de son premier voyage à l’étranger.

La Chine en Afrique : partenaire et financier populaire

L’avancée de la Chine en Afrique sera difficile à rattraper. La République populaire est devenue un prêteur majeur en Afrique, en particulier pour les projets d’infrastructure, explique Bocus van Staden, analyste politique à l’Institut sud-africain des affaires internationales. Selon la Banque africaine de développement, la Chine est économiquement active dans 35 pays africains.

Les Chinois sont des partenaires et des financiers populaires pour de nombreux pays africains : ils sont plus rapides, à prendre des décisions et à mettre en œuvre des projets que les pays occidentaux, s’immiscent moins dans les affaires intérieures et ont moins de scrupules face à la corruption. C’est le résultat d’une enquête menée par la Fondation Friedrich Naumann auprès de plus de 1 600 décideurs africains. Dans certains endroits, cependant, les critiques à l’égard de la Chine s’élèvent désormais aussi car la crainte d’une dépendance vis-à-vis de Pékin augmente et le poids de la dette limite la marge de manœuvre des gouvernements locaux. Les grandes puissances sont conscientes que l’Afrique jouera un rôle central à l’avenir. L’Afrique dispose de 54 voix au Conseil de sécurité de l’ONU et constitue un marché important et en pleine croissance avec plus de 1,2 milliard d’habitants et une population en croissance rapide. A cela s’ajoutent les précieuses matières premières dont l’Afrique dispose en grande quantité, qu’il s’agisse de pétrole, de cobalt, de manganèse, de zinc ou de nickel. Beaucoup d’entre eux sont indispensables pour la production d’appareils électroniques, par exemple.

Y a-t-il besoin d’un New Deal entre l’Afrique et l’Union européenne ?

Les relations entre l’Union européenne (UE) et le continent africain sont confrontées à des défis particuliers. Contrairement à ce que pensaient initialement les gouvernements africains et européens, les relations entre les partenaires seront soumises à une épreuve particulière depuis que la Chine et la Russie ont bousculé la donne.

La propagation mondiale de la pandémie du Covid-19 a entraîné une crise économique mondiale, notamment sur le continent africain, à côté de la crise climatique qui frappe fort. Pendant ce temps les problèmes centraux de la crise de l’emploi et de la pauvreté restent insolubles.

Le principal engagement de l’UE est de lancer un ambitieux paquet d’investissements Afrique-Europe qui tienne compte des défis mondiaux tels que le changement climatique et la crise économique actuelle née des conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Les instruments et les solutions pour promouvoir la stabilité et la sécurité à travers une architecture de paix et de sécurité renouvelée devraient également faire l’objet des délibérations. Cependant, l’UE veut élargir la relation et la centrer sur les valeurs et le progrès, notamment sur la nécessité d’un New Deal économique et financier avec l’Afrique, qui s’appuie sur ce l’Europe a appuyé sur la question des droits de tirage spéciaux du FMI. La France insiste sur le besoin d’un programme d’éducation, de santé et de climat pour le développement du continent afin d’apporter de l’espoir aux jeunes en Afrique. Ce paquet inclus un programme de sécurité qui inclut le soutien européen aux États africains confrontés à la montée du terrorisme. Et enfin de plan de lutte contre les réseaux de migration irrégulière et de traite des êtres humains pour mieux promouvoir la libre circulation combinée à des alliances culturelles, académiques et économiques.

L’UE appelle à une réinitialisation des relations qui soit plus qu’un simple «business as usual», ceci par la prise en charge des agendas de l’Afrique au sérieux ! Cela pourrait être lié aux retombées des politiques de l’UE, qui sont actuellement préjudiciables au continent et que l’Afrique souhaiterait voir réduites ; en ce qui concerne les efforts de coopération conjoints en Afrique et dans l’UE ; en termes d’union des forces pour promouvoir des progrès plus rapides vers une croissance mondiale durable et un développement pour tous. Si un tel réalignement des relations se produisait, il faudrait repenser depuis longtemps le système actuel de coopération internationale.

Encadrés

Antony Blinken, secrétaire d’État américain

« Les nations africaines ont été traitées comme des instruments du progrès des autres nations, plutôt que comme les auteurs des leurs. À maintes reprises, on leur a dit de choisir un camp dans des compétitions de grande puissance qui semblent très éloignées des luttes quotidiennes de leur peuple. Washington ne traitera pas la démocratie comme un domaine où l’Afrique a des problèmes et les États-Unis ont des solutions, mais reconnaîtra les défis communs à relever ensemble, sur un pied d’égalité ».

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie

« La Russie et l’Afrique prévoient d’organiser un deuxième sommet Russie-Afrique du 23 au 26 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Nous préparons une série d’événements pour le sommet, y compris un forum d’affaires. Nous rédigeons des documents pour réinitialiser les mécanismes de coopération dans cet environnement de sanctions et de menace. Il y aura de nouveaux outils de coopération en matière de commerce et d’investissement, de chaînes logistiques et de modalités de paiement. Le passage aux transactions en monnaies nationales est en cours ».


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