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DSK pointe les 4 erreurs de Macron et l’appelle à éviter la cinquième

L’ancien ministre français de l’Économie et des Finances, Dominique Strauss-Kahn, a pointé, ce mardi, les quatre erreurs commises par le Président Emmanuel Macron dans son projet de réforme du système des retraites.

Dans un texte intitulé « La cinquième erreur » et partagé sur son compte Twitter, l’ancien ministre de Lionel Jospin a déclaré que « la France est dans un triste état ». Estimant qu’une réforme du financement du système des retraites s’impose, « DSK » constate, cependant, une « crise » qui traduit « le blocage profond de la société française ».

« Il est alors légitime de s’interroger sur la succession d’erreurs dont l’enchaînement a conduit le pays dans l’impasse. Pour ma part, je vois quatre erreurs principales », indique l’ancien ministre, avant d’établir que « la première erreur concerne le choix du moment ».

Notant que la réforme des retraites est « importante », Strauss-Kahn estime, néanmoins, qu’elle n’est « pas urgente », alors que « d’autres détresses assaillent les Français », notamment la baisse du pouvoir d’achat « découlant de l’inflation qui frappe durement la partie la moins aisée de la population ».

L’ancien ministre de l’Économie et des Finances (1997-1999) et directeur du Fonds monétaire international (FMI, 2007-2011) rappelle le sondage Ifop pour « la Tablée des chefs » et relayé par Le Parisien ce week-end, indiquant que 42 % des Français les plus modestes ont été amenés à supprimer un repas par jour.

« Alors c’est là qu’est l’urgence », souligne DSK, rappelant que « cette situation dramatique fait suite à la Covid et a pour toile de fond la question du climat et celle de la guerre » en Ukraine, d’autres questions prioritaires pour la France et les Français, selon l’ancien ministre.

Strauss-Kahn rappelle aussi que le fonds de réserve pour les retraites créé par son Premier ministre, Lionel Jospin, et qui aurait dû alléger la contrainte budgétaire du système, devait atteindre les 100 milliards d’euros de réserve en 2030, ce qui aurait largement permis de ne pas juger la réforme actuelle comme impérative. DSK ajoute que le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, a siphonné ce fonds à fin de l’année 2010 « pour alléger sa contrainte budgétaire ».

Une autre erreur constatée par DSK concerne le fond et la méthode du projet, l’ancien ministre estimant que la « vision globale fait défaut » et que ce n’est « pas l’âge de la retraite qu’il faut changer, mais la conception même du système », DSK rappelant qu’Emmanuel Macron voulait entreprendre cette réforme alors qu’il était candidat à la Présidence en 2017.

« Mais il a ensuite subrepticement abandonné cette voie. Pourtant, nous devons sortir d’un système qui repose sur l’âge de départ à la retraite pour construire un système fondé sur la durée de cotisation », estime l’ancien ministre, constatant qu’ « après l’erreur de « timing », l’erreur de méthode aura été fatale ».

DSK fait état, ensuite, d’une erreur de stratégie. Il estime que « la France n’est pas un pays dans lequel on peut mener une réforme sociale d’envergure en se référant uniquement à un rapport de force politique et en négligeant le rapport de force social ».

L’ancien directeur du FMI constate également que la priorité du gouvernement a été de chercher à constituer une majorité parlementaire pour faire voter le texte de loi, notamment en tentant de rallier les voix des élus Les Républicains (LR), plutôt que de construire avec les syndicats un projet acceptable et viable.

La quatrième erreur constatée par DSK est celle de l’usage de l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte de loi, plutôt que de soumettre le texte au vote des députés, l’ancien ministre décrivant un « passage en force ».

« Le Conseil constitutionnel dira s’il [Emmanuel Macron] a ou non malmené la Constitution. Quoi qu’il en soit, il aura malmené le peuple français. L’avenir nous montrera si la rancœur créée aura rendu difficile toute législation d’envergure jusqu’à la fin du quinquennat. Dans cette hypothèse, en sus de l’erreur stratégique, l’erreur tactique serait manifeste », estime Strauss-Kahn.

Par ailleurs, l’ancien ministre souligne que le vocabulaire employé par le gouvernement a été à la fois révélateur et exagéré : « défendre des idées sociales ne fait pas de nos concitoyens des « ultra-gauchistes » ; manifester pour contester et combattre un projet gouvernemental ne relève pas du « terrorisme », a-t-il tenu à souligner en référence aux termes utilisés par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi que par d’autres ministres.

DSK a estimé que ces erreurs successives de l’Exécutif ont mené à un « usage disproportionné de la violence physique et verbale, à tel point que le Conseil de l’Europe s’est alarmé d’un usage excessif de la force contre les manifestants ».

« Certes, les lois doivent se faire au Parlement et pas dans la rue. Mais écouter et comprendre la rue fait aussi partie de la responsabilité politique. C’est au Président de la République qu’il appartient maintenant de prendre les initiatives permettant de renouer les fils d’un dialogue social trop brutalement interrompu. À défaut, une cinquième erreur viendrait s’ajouter aux précédentes », conclut Dominique Strauss-Kahn.

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