Santé

Allo, Giulia ? : « À l’annonce de ma grossesse, mon copain a disparu trois semaines »

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« Nico a 27 ans, soit cinq de moins que moi.

Et j’ai très vite ressenti cette différence d’âge. Elle peut paraître minime, mais franchement, moi, je trouve qu’entre une fille et un garçon, ça se voit. Nico avait un côté un peu immature, pas ultra-responsable, toujours à la bourre sur ses rendez-vous, un peu désinvolte au taf… Quand on s’est rencontrés, il y a trois ans, il voulait se lancer dans la musique. C’est un milieu que je connais bien – je ne suis pas du tout musicienne, mais je travaille pour des labels. Alors je l’ai coaché : qui contacter, comment, à quelle période… ça ne me dérangeait pas : j’ai toujours eu un côté grande sœur avec tout le monde, et Nico y mettait vraiment de la bonne volonté. Et puis ça nous faisait des occasions supplémentaires pour passer du temps ensemble et partager des choses.

On a toujours été hyper complices. On rit beaucoup, et il est tendre, j’adore : il n’a pas peur de ses émotions et de ses sentiments, et ça, ça me change carrément de mes mecs précédents ! Comme il était toujours un peu en galère, je lui ai proposé de s’installer chez moi, et pareil, ça s’est super bien passé : Nico a été très bien élevé par sa mère (que j’adore), et du coup, chez nous, le quotidien, c’est toujours 50/50 – pour moi, c’est important, c’est mon mec, pas mon gamin. Et puisque je vous parle de gamin… On a toujours aimé se raconter comment on serait plus tard, et très vite, on a parlé d’enfants. Moi, je voyais mes premières copines tomber enceintes, et j’y pensais sérieusement. Lui, peut-être de façon plus légère, mais très clairement, il n’était pas contre. Pas suffisamment pour mettre des capotes, en tous cas et moi, j’avais arrêté toute contraception depuis longtemps, il le savait, on en avait parlé aussi. Alors évidemment, j’ai fini par tomber enceinte, le mois dernier. 

Je me rappellerai toujours sa tête quand il a vu le test de grossesse posé entre deux coupes de champagne, sur la table basse du salon… J’avais sorti le grand jeu, je m’étais faite toute belle, j’étais sûre qu’il serait aussi heureux que moi. Sauf qu’il a blanchi, pas touché à sa coupe, et pas dit un mot du reste de la soirée. Sur le coup, je me suis dit : « surtout, ne pas poser de questions, ne pas insister, il a besoin d’encaisser. » Evidemment, j’étais déçue, mais j’étais sûre qu’il finirait par sauter de joie, comme moi. Les mecs sont bizarres, parfois…  Sauf que, j’avoue, j’ai fait la fête toute seule dans mon salon – j’ai descendu la bouteille, et c’est sans doute pour ça que je ne l’ai pas entendu partir. Le lendemain, toutes ses affaires avaient disparu : le choc. Et pendant trois semaines, le mec m’a ghostée. Mais vraiment : zéro réponse à mes messages, zéro SMS, rien. Calme plat sur ses réseaux sociaux. Le peu d’amis qu’on avait en commun me disaient ne pas savoir où il était, je devenais folle. Et j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps… Jusqu’à ce qu’il toque à la porte, un soir. Il avait sa petite tête toute piteuse, et il m’a dit : « je serai là, j’assume. Ma mère ne m’a pas élevé comme ça ».

 

Depuis trois semaines, je rêvais d’entendre ce genre de phrases – je ne sais pas trop ce que sa mère vient faire dans l’histoire, mais bon, ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est que Nico est revenu, et qu’il est ok pour prendre ses responsabilités face à cet enfant. Oui. Mais moi, si je vous écris, c’est parce que je n’arrive plus à sauter de joie. Est-ce que c’est parce qu’il m’a tellement fait mal que je suis toute repliée dans ma carapace ? Et dans ce cas là, j’ai juste besoin d’un peu de temps moi aussi… Ou alors est-ce que, dans le fond, je ne suis pas si sûre de pouvoir lui faire confiance ? Comme on est censé faire confiance à quelqu’un qui va devenir le père de votre enfant… Est-ce qu’il ne serait pas beaucoup trop gamin pour devenir père ? Et alors là… Voilà : je le garde, ce bébé, ou pas ? » – Joan, 32 ans.

 

« Chère Joan,

« Mon corps, mon choix », ça vous dit quelque chose ? Cette vieille rengaine féministe ne dit pas autre chose : c’est vous, et vous seule qui savez. Vous, et vous seule qui déciderez. Pas moi. Pas les gens autour. Et encore moins les croyances collectives sur la différence d’âge où les comportements genrés. Avant d’être un mec de 27 ans, Nico est Nico. Capable de ne pas mettre de capote, mais d’être sous le choc quand vous lui annoncez votre grossesse. Capable de faire des plans sur la comète et de disparaître plus vite qu’une étoile filante quand on a besoin de lui. Capable de réapparaître en s’accrochant très fort à sa maman pour vous garantir que, oui, il est bien l’homme de la situation. Et en même temps… Vous prend-il réellement en traître ? Vous a-t-il fait croire, depuis votre rencontre, à son sens des responsabilités et de l’engagement ? Hmmm… Pas vraiment, et vous le dites vous même : c’est, au fond, ce qui vous a aussi charmée.

 

Mais vous avez raison – et bravo pour votre lucidité : vous n’êtes pas sa mère. Pas sa grande sœur. Pas sa logeuse. Son amoureuse. Une amoureuse blessée, maltraitée, trahie, déçue. Alors oui, évidemment oui, vous vous demandez si vous avez toujours envie de faire un bout de chemin avec lui – enfant ou pas enfant, d’ailleurs… Et vous auriez tout intérêt à vous poser la question dans ce sens là : en 2023, on fait un enfant quand on s’aime. Pas pour assurer une transmission de patrimoine et la pérennité d’un nom de famille. Attention, Joan, là aussi, vous êtes seule maîtresse à bord, et vous pouvez parfaitement continuer à aimer cet homme, qui, le premier, vous a donné tout l’amour, la tendresse, la complicité que vous attendiez. Vous pouvez.

 

De toutes façons, en matière d’amour, on ne choisit pas vraiment… Le seul devoir que vous ayez, et envers vous même, c’est un tout petit peu de lucidité : vous ne changerez pas la couleur des rayures du zèbre, tout au plus s’espaceront-elles légèrement avec le temps. Nico aujourd’hui, hier, ou demain, sera sensiblement le même. Qu’il soit père n’y changera pas grand chose – ne commencez pas à l’espérer, vous auriez vite fait d’arriver chez le voisin à force de vous taper la tête contre le mur. A cette certitude, vous vous devez d’ajouter l’hypothèse d’un bis repetita : Nico a disparu une fois, il pourra disparaître une deuxième fois. Ou pas, mais c’est possible… Alors voilà comment, à l’arrivée, la question se pose : sachant que mon enfant aura un père légèrement immature sur les bords, est-ce que je l’aime suffisamment, cet homme, pour lier ma vie définitivement à la sienne ?  Par ailleurs, sachant que le risque que j’élève cet enfant seule n’est pas négligeable, est-ce que j’en veux suffisamment pour aller au bout de cette grossesse ? Ouch. Je sais, dit comme ça, ça peut piquer un peu…

 

La bonne nouvelle, c’est que vous avez encore deux mois devant vous pour y réfléchir. Joan, prenez le, ce temps, et prenez le vraiment : ça vaut le coup. Je vous promets qu’à l’arrivée, vous saurez quoi faire. Si, tout au fond de vous, votre petite voix intérieure vous dit « oui », et deux fois « oui », foncez. Vous y arriverez. Et vous serez heureuse. Parce que votre vie, vous l’aurez choisie, en conscience. Mais si vous hésitez… Rappelez-vous que vous avez, à trente-deux ans, la preuve incontestable de votre fertilité : devant vous, l’horizon est largement dégagé. »

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