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Allô, Giulia ? : « J’ai eu un coup de foudre pour un homme avec qui j’ai passé seulement 24h »

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« Chère Giulia,

Je n’ai jamais cru au coup de foudre. Je suis plutôt quelqu’un d’ultra rationnel – et un brin diesel, j’avoue : j’ai besoin de temps pour être sûre de l’autre, pour que la relation s’installe, pour que les sentiments viennent. En tous cas, c’est comme ça que j’ai toujours vécu mes précédentes relations… Jusqu’à Martin. On était à une fête chez des amis communs, et ça fait super cliché, mais je n’ai vu que lui, et lui n’a vu que moi. Comme aimantés l’un par l’autre, on a passé la soirée à parler tous les deux – je crois lui avoir plus dit de moi en quelques heures qu’à mon ex, qui est pourtant le père de mes enfants, en douze ans de vie commune ! À un moment donné, il me prend la main, il me dit : « viens ». Ses yeux, noirs, doux, chauds, me brûlent le ventre… Et il m’embarque. Où ? Sur le moment, je ne le sais pas. Mais je le suis. (Encore une fois, ça ne me ressemble pas DU TOUT de planter mes amis pour un mec). On va chez lui, la nuit est sublime, aussi douce qu’intense – pour être claire, on n’a pas beaucoup dormi. Donc ça me fait un sacré choc quand, le lendemain, au petit déjeuner, en m’embrassant la paume, il me dit : « ça me fait tellement chier de partir demain… » Je vous rassure tout de suite : il ne m’a pas prise par surprise, la veille, il me l’avait déjà dit. Il bosse dans l’humanitaire, il est toujours en transit. À croire que je n’ai pas voulu l’entendre… Mais il est super chou quand il voit que j’ai les larmes aux yeux (je sais, c’est débile, mais je vous jure que c’est vrai), et il a l’air tout aussi ému que moi. On a encore 24h à passer ensemble, on décide d’en profiter jusqu’au bout. C’est une journée, main dans la main, une nuit, lovés l’un contre l’autre, et c’est… Magique – et c’est quand même dingue ce qu’on aligne les clichés quand on tombe amoureuse !!! Parce que oui, je suis déjà très, très amoureuse, et que c’est quand même un souci. Lui, je ne sais pas s’il m’aime. Il me l’a dit, mais comment savoir si c’est vrai ? En tous cas, il m’a donné rendez-vous dans un mois, à Genève. Il me dit qu’il n’a jamais fait ça auparavant, et je le crois. Enfin, sur le moment, je l’ai cru. Mais juste après son départ, les amis chez qui avaient lieu la fête m’ont appelée pour me dire : « fais gaffe, il a une femme dans chaque port »… Douche froide. Et depuis, je cogite : je crois qui ? Et puis surtout, j’y vais, ou je n’y vais pas à Genève ? » – Angèle, 39 ans.

« Chère Angèle, 

Pardon, mais un mois, au doigt mouillé, ça fait à peu près trente jours, c’est ça ? Alors à vue de pif, vous changerez trente fois d’avis. Mais le dernier sera le bon, parce que ce sera le vôtre, c’est aussi simple, et aussi délicat que ça. Parce qu’il n’y a pas plus compliqué que d’exprimer un désir profond. Ce sera la peur de se planter, la peur de déranger en s’autorisant à dire « je », la peur d’affirmer quoi que ce soit qui pourrait être singulier… Alors on se raccroche – à des croyances, ou à des amis bien intentionnés… Je ne sais pas vous, mais moi, je me suis toujours un peu méfiée de celles et ceux, qui, alors que je plane à deux mille, viennent me caler un bon coup de massue dans la nuque. Et dans la série « formule toute faite », j’ai toujours « l’enfer est pavé de bonnes intentions », à « il a une femme dans chaque port ». Elle sent sacrément le vieux, celle-là, vous ne trouvez pas ? Si si. Ça sent Piaf, ça sent « Milord », ça sent les larmes amères de la femme abandonnée, à deux doigts de s’installer devant sa tapisserie en attendant un hypothétique Ulysse qui, lui, serait en train de se taper allègrement la terre entière – entre un cyclope et un cyclone. Bref, ce n’est pas neuf, neuf, tout ça…  Et c’est marrant, parce que l’époque a beau avoir changé, depuis « L’Ilyade » et « L’Odyssée », les possibilités amoureuses on beau s’être multipliées, le vocabulaire, lui, reste figé. Avec lui, c’est l’imaginaire qui résiste. Et qui résiste même au réel : au cas où on l’aurait oublié, les femmes ont aujourd’hui le droit de travailler sans demander l’accord de leur mari, celui de divorcer, de prendre la pilule, et de suivre leur désir sans qu’il y ait, forcément, mariage et enfants à la clé. Bienvenue en 2022, Angèle, et bienvenue chez vous, en vous. En dehors de vos amis, en dehors de Martin. Où en êtes-vous de votre vie, et de vos envies, à vous ? Entre les lignes, je crois comprendre que vous avez partagé un bout de chemin avec un homme ; que, sur ce chemin, des enfants vous ont rejoints ; et que vos routes, ensuite, se sont séparées. Vous avez donc fait assez de kilomètres pour savoir où vous voulez allez, sans avoir besoin du GPS de personne. Alors oui, ici et maintenant, la vie qu’a choisie Martin ne correspond pas tout à fait à une promesse de vie conjugale avec option petit déjeuner. So what ? Depuis quand les histoires d’amour ne valent que si elles durent dans le temps, et que si on descend la poubelle ensemble ? La seule chose qui compte, c’est comment elles nous nourrissent, comment elles nous épanouissent, nous en font comprendre plus sur nous-mêmes et nous font avancer. C’est tout – et c’est déjà pas mal. N’en déplaise à ceux qui marchent dans les clous, parfois, une sortie de route d’une quinzaine de minutes nous en donnera plus à voir sur le monde qu’une autoroute rectiligne à l’infini. Martin vous bouscule dans vos certitudes ? Tant mieux. Je ne vois pas meilleur point de départ pour une histoire qui vous fera découvrir une autre vous-même et élargir la palette du « qui vous êtes ». Vous avez senti la foudre, les papillons, la brûlure au ventre ? Splendide. La vie est beaucoup trop courte pour vous en priver. Alors, Angèle, bon voyage  – à Genève, ou ailleurs ».

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