Santé

C’est mon histoire : « J’ai rencontré l’amour deux jours après mon mariage »

La sidération. C’est ce que je ressens lorsque ma supérieure hiérarchique me présente Vincent, mon nouveau collègue. Je suis terrassée par un coup de foudre absolument irrésistible, mais je me suis mariée… l’avant-veille ! J’ai rencontré Arnaud, mon époux, à 18 ans, sur les bancs de la fac. Il représentait la bouffée d’air pur dont j’avais besoin, étant issue d’une famille un peu trop grave d’intellos perturbés. J’ai des parents extraordinaires mais sombres. Arnaud est l’optimiste pour qui rien n’est grave. Très beau, il attire tous les regards dans l’amphi. Je suis étonnée, rassurée et flattée qu’un tel homme m’élise, moi, jamais maquillée et mal sapée, au milieu des cinq cents étudiantes. À la sortie d’une enfance très solitaire de fille unique, ce solaire m’entraîne dans son sillage avec sa bande d’amis. Si le tourbillon va trop vite pour moi, ma mère, plus sensible à son charme, fait taire mes hésitations. Avant de vivre sous le même toit, je commets quelques incartades – des aventures d’un soir absolument insatisfaisantes. Puis, dix ans après notre rencontre, Arnaud me demande en mariage. J’accepte en me disant que personne n’est parfait. Certes, cet éternel oiseau sur la branche est irresponsable, mais il a sans cesse des attentions pour moi et la vie avec lui est tellement gaie… La cérémonie à la mairie est suivie d’une petite fête dans un grand jardin avec la famille et des amis. Le voyage de noces est prévu pour l’été suivant. Comme nous vivons ensemble depuis plusieurs années, nous retournons à notre quotidien dès le dimanche, et le lundi je reprends le travail.

Un prince au bureau

C’est ce fameux lundi qu’arrive mon nouveau collègue. Lorsque je le vois pour la première fois, il se tient à la porte de mon bureau, grand, d’une maigreur séduisante, follement élégant dans son trench-coat ceinturé, avec ses cheveux blonds bouclés, ses yeux verts. Un peu perdu, il a le sourire délicieux d’un homme totalement ignorant de son pouvoir de séduction, ce qui le décuple. En une fraction de seconde, je comprends ce qu’est mon idéal masculin. Je parviens à articuler un « bonjour ». J’apprends qu’il va désormais partager mon bureau où nous serons face à face… mes collègues défilent pour me féliciter de mon mariage, alors que tout ce que je voudrais c’est remonter le temps – juste d’une semaine. À chaque félicitation, je me dis : « tu es mariée, tu te calmes ! » peu à peu, une routine s’installe. Chaque soir, j’attends le lendemain pour retrouver Vincent. Il a acté que je suis mariée. J’ai acté qu’il a acté. J’acte aussi qu’il est célibataire, totalement un cœur à prendre. La majorité de mes collègues célibataires le drague plus ou moins éhontément. Elles me prennent comme confidente parce que je partage son bureau et que, mariée, je ne suis pas une concurrente… à chaque fois, mon inquiétude laisse place au soulagement quand je vois qu’il les repousse les unes après les autres. J’ai envie de leur dire : « dégagez ! » au fil des semaines, je reste extrêmement attirée par cet homme. Très vieille France, il se révèle agréable, poli, souriant, parfois très drôle. Invariablement, nous déjeunons tous les deux. Il a une formule : « pour le déjeuner, je préfère le tête-à-tête. » mais c’est la seule chose un peu encourageante qu’il me dit. Si nous parlons beaucoup, c’est peu de nous et il reste difficile à cerner, en retrait, lointain. Comme à conquérir en permanence. Pour ma nature exaltée, cette inaccessibilité n’est au fond pas si désagréable. Je ne rêve que de le toucher. Travailler sur le même dossier côte à côte tient du supplice. Mais je suis mariée, timide, et je ne devine rien de ses sentiments. Comme je ne peux pas me passer de lui, je l’invite à la maison et, très vite, il devient le meilleur ami de notre couple. Arnaud et Vincent s’entendent bien. J’attends un signe, tout en réalisant à quel point c’est stupide de l’espérer d’un homme conventionnel à l’égard d’une jeune mariée.

L’irruption du réel

Les mois passent. Un an plus tard, il m’annonce qu’il va se marier. Tétanisée, je bredouille un « super ! ». Puis il se ravise peu après, rompt ses fiançailles. Lorsqu’il me demande « pourquoi ne faites-vous pas un enfant ? », c’est la preuve tangible qu’il ne ressent rien pour moi. Qu’à cela ne tienne, je fais un bébé avec Arnaud, une adorable petite fille qui révèle mon fort instinct maternel. Mon mari assiste à l’accouchement. Quand il revient à la maternité le lendemain, Vincent arrive presque en même temps. Les voyant tous deux penchés sur le berceau, je me dis que j’ai scellé mon destin avec la naissance de cette enfant. Je reprends le travail, je continue à côtoyer Vincent et à l’aimer. Au fil des années, nous faisons quelques voyages professionnels à l’étranger ensemble, logés dans des hôtels magnifiques pour cadres dynamiques. Au troisième de ces déplacements, un soir, excédée, je frappe à la porte de sa chambre pour lui demander de l’aspirine. Et je reste dans son lit. Après tant d’années d’attente, je nous découvre parfaitement assortis, y compris sexuellement. Un rêve ! Je suis transportée par sa délicatesse et son élégance. À notre retour en France, je mène la double vie éreintante d’une jeune mère travaillant à plein temps dotée d’un amant. Quand une promotion me conduit à travailler dans un autre quartier de Lyon, Vincent change d’emploi pour se rapprocher et préserver nos déjeuners en tête à tête. Mais, partagée, je ne supporte pas l’idée de faire de la peine à mon mari. Finalement, au bout de dix-huit mois de cette vie clandestine, Vincent me pose un  ultimatum. Et je quitte Arnaud. La séparation est déchirante mais je suis portée par mon bonheur avec Vincent. Vivre avec lui me révèle d’autres facettes de ce grand discret. Je découvre qu’il skie comme un dieu, fait de la voile… Je me demande jusqu’où ira le conte de fées ! Très vite, il veut que nous ayons un enfant, puis un autre. Naissent alors un garçon et une fille qui complètent la famille que nous formons avec mon aînée qui vit avec nous. Mais je découvre aussi que Vincent a un caractère assez difficile, aimant tout diriger et maîtriser les moindres détails. Si chaque déception, chaque conflit me font pleurer, je me nourris de la féerie de notre rencontre. Entre lui tel qu’il est au quotidien et moi s’interpose toujours ce coup de foudre inattendu qui colore presque tout en rose. Au fil des années, si notre couple s’est banalisé, il est toujours bien vivant. Le réel m’a finalement rattrapée bien plus tard que ce que j’aurais pu penser. Ce miracle a quand même duré près d’une quinzaine d’années !

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