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C’est mon histoire : « Je hais mon ex-meilleure amie mais lui souhaite le meilleur »

Amies depuis l’adolescence, avec Lola on a tout vécu ensemble. Les premières histoires romantiques, les soirées endiablées, le collège puis le lycée, les trajets en bus, mais aussi les pleurs, les histoires de famille et les rires. Quand l’on s’attache à quelqu’un, surtout à une période aussi intense que l’adolescence, on y va à fond. Contrairement aux histoires amoureuses, où – parfois – on protège son petit cœur en anticipant une éventuelle rupture, en amitié, cette donnée n’entre que très rarement en ligne de compte. On ne pense pas que les gens changeront du jour au lendemain, ni qu’ils seront agressifs, ou nous trahiront. On y pense seulement une fois que cela est arrivé…

L’amitié des films pour teenagers

Reprenons depuis le début. Lola et moi, on était tout le temps ensemble, le pitch basique d’une série US pour ado, à budget moyen. Entre notre club de sport où nous nous retrouvions toutes les semaines pour l’entraînement, les matchs du week-end ; le lycée où dans le bus nous faisions le trajet côte à côte ; mais aussi les pyjamas party ; et les soirées, nous étions clairement amies. « Pour la vie », pensais-je.

Après le lycée, j’ai déménagé pour faire mes études, puis j’ai enchaîné avec une expérience à l’étranger avant de poser mes valises à Paris pour travailler. Il faut savoir que j’ai toujours été attirée par la ville, Paris en particulier. Je suis une véritable citadine, alors que j’ai passé une grande partie de mon adolescence à la campagne. Et j’ai toujours plus ou moins su qu’un jour j’en partirai. Mes aspirations étaient ailleurs. Mais pour mes amies, ce choix était peu compréhensible. Attachée à ses racines, Lola ne s’est jamais vue vivre ailleurs. De ce côté-là déjà, nos points de vue divergeaient. Mais ce n’est pas grave d’avoir des points de vue différents. Heureusement qu’on ne pense pas tous la même chose au même moment !

Une soirée funambulesque

Le grand chambardement arriva un soir de nouvel an où j’étais à Paris. C’était il y a si longtemps – bien plus d’une dizaine d’années – mais je m’en souviens comme si c’était hier. Tout est parti d’un quiproquo absurde. Quelqu’un m’a envoyé un message de « Bonne année », mais je ne connaissais pas le numéro. Alors j’ai répondu « Bonne année aussi, mais qui es-tu ? ». Il s’avérait que c’était l’un des amis de Lola que je connaissais, qui avait changé récemment de numéro, et j’avais simplement zappé de le noter. À partir de cette erreur – pas si fatale, pensais-je – je me suis retrouvée insultée de toutes parts par des numéros inconnus qui m’affublaient de délicieux sobriquets, tous plus injurieux les uns que les autres.

La confiance envers les futures amitiés a été ébranlée

Comme je savais qu’ils passaient la soirée ensemble, l’origine des insultes était claire. Et je ne me fais pas d’illusion, l’alcool devait y être pour beaucoup. Suite à cet événement qui fut pour moi d’une violence inouïe, je pensais naïvement qu’elle reviendrait vers moi, à minima pour s’expliquer, à défaut de s’excuser. Nos mères se sont même croisées, et la mienne a demandé à la sienne ce qu’il se passait entre nous. « Lola enverra un message pour lui expliquer ». Je n’ai jamais rien reçu…

L’histoire en stand-by

Et j’ai attendu cette fameuse explication. Des années… Une décennie… J’attends toujours, à vrai dire. La plaie fut béante, longtemps. Comment pouvait-on se tourner le dos ainsi, si soudainement, violemment, sans aucune explication ? Je crois que le silence est le plus blessant. Parce que l’on attend vainement une explication qui n’arrivera pas. Comme il n’y a pas eu d’échange voire de dispute, on ne peut pas vraiment clore le chapitre. Il n’y a plus rien à écrire dans ce livre, mais il n’est toujours pas refermé. La confiance envers les futures amitiés aussi est ébranlée. Comment s’ouvrir complètement à d’autres, quand Lola m’a littéralement traînée dans la boue, et coupé de bon nombre d’amitiés ? Comment se relever quand la personne en qui on a le plus confiance nous fait cela ?

S’il fallait revivre cette situation, je ne me laisserais plus dans cette attente insoutenable. Hors de question ! Je prendrais les devants, mettrais mon ego de côté, et exigerais une explication. Et si l’autre montre porte close, qu’importe, au moins, je saurais que j’aurais été la plus mature des deux. J’aurais été « active » dans l’échange, et n’aurais pas que subi cette violence verbale.

Reprendre des nouvelles

De temps en temps, je pense à elle. La virulence et la rancœur s’estompant avec les années.

Un soir, la nostalgie m’a pris et j’ai décidé d’aller voir son profil, savoir ce qu’elle devient, sans animosité, juste de la curiosité. Et je l’ai vue. Une photo avec un homme, souriante. Son mec, son mari, le père de ses enfants, je n’en sais rien, et cela m’importe peu à dire vrai. Le fait est qu’en la voyant heureuse sur cette photo, j’ai été contente pour elle. J’ai mis ma peine de côté, et même pensé « elle est heureuse, c’est tout ce qui compte ».
Entendons-nous bien. Si l’on se croisait un jour dans la rue, mon rythme cardiaque s’accélérerait fortement, et je ne sais pas comment je réagirai… Mais je lui souhaite néanmoins d’être heureuse. La voir sourire m’a apaisé d’une certaine façon.

Et c’est peut-être ça la véritable amitié. Être capable de souhaiter du bonheur à sa pire ennemie.

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