Santé

C’est mon histoire : « Je lui ai offert son amant de Noël »

S’ouvrir à d’autres aventures                                                     

Je me suis toujours raconté que j’étais hyper ouverte d’esprit – et que ma libido aussi. C’est vrai que, depuis cinq ans, entre François et moi, l’aventurière de la galipette, c’était plutôt moi. Ça fait un peu cliché, mais disons que, entre mes études d’arts plastiques et mon job d’organisatrice d’événements culturels, mon milieu naturel a vite été la nuit, la fête et une certaine idée de la liberté. François, lui, bossait dans l’immobilier quand je l’ai rencontré : a priori, pas du tout ma came, tellement il semblait sage et poli, à côté de mes fréquentations habituelles. N’empêche qu’on s’est tout de suite plu. Sa douceur était si profonde que je l’en ai trouvé sexy. Et je crois qu’il a aimé, avec moi, la possibilité de défaire un peu son corset…         

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Nous avions l’un et l’autre coché toutes les cases : les enfants, le CDI et même l’investissement dans la pierre. Nous étions donc prêts à nous aimer sans limites, et sans objectifs. On l’a fait. Très vite, François s’est révélé bien plus inventif que ses chemises joliment repassées ne le laissaient deviner. Dans mes fantasmes, il m’a emboîté le pas… Et parfois même, il m’a précédée. Au bout d’un an, la question de l’ouverture de notre couple à d’autres aventures s’est posée. Nos vies précédentes ayant eu raison de notre naïveté, nous savions que le pas de côté était possible. Se l’autoriser était une façon, pour nous, d’éviter le mensonge : c’est lui, au fond, qui rend l’infidélité si laide… Or, à chaque fois que nous en discutions, nos rêveries nous portaient sur un schéma similaire : moi avec une autre femme. Préférablement avec lui aussi, mais sans que ce soit obligatoire. J’ai toujours pensé qu’un jour ou l’autre j’irais fureter de ce côté-là de ma sexualité. Alors que François, pas du tout. Je le taquinais : « Mais tu sais, si moi je couche avec une femme, et que toi, ça t’excite, l’inverse peut être vrai… » Il rougissait et, invariablement, répondait : « Ah non, pardon, ça n’est vraiment pas mon truc. » Je riais : « Dommage, moi, ça me plairait bien, de te voir dans les bras d’un homme ! » Il enfouissait sa tête dans mon cou et c’était tout. Mais mes amis nous ont, sans le savoir, permis d’aller beaucoup plus loin.

Une « Backroom »au fond du jardin                             

J’avais rencontré Stéphane et Vincent sur les bancs de la fac. Très amoureux l’un de l’autre, ils formaient, vingt-cinq ans plus tard, un couple toujours aussi solide et accueillant. Leur secret ? Une backroom installée au fond de leur jardin. Eux ne s’étaient jamais juré la moindre exclusivité. Aussi fous de sexe et de paillettes l’un que l’autre, ils organisaient, deux fois par an, des « love week-ends » dans leur maison de campagne. Retapée de leurs mains, elle était immense, et bourrée de cachettes prometteuses… Chacun arrivait quand il voulait, avec qui il voulait, comme il voulait… Et n’avait rien à y faire qui ne soit expressément consenti : si danser ne t’éclate pas, tu n’es pas obligé. Et si rejoindre cette petite maison au fond du jardin ne te tente pas, tu n’y vas pas, personne ne t’en voudra. François et moi n’y allions pas. Nous laissions des corps nus et parfois inconnus se frôler sans nous. Le simple fait de savoir que nous étions à quelques mètres d’une explosion de jouissance nous suffisait à faire l’amour, comme des fous. Parfois, Stéphane et Vincent n’ouvraient leur porte qu’à leurs amis les plus proches. Surtout l’hiver, pour les plaids, les feux de cheminée et les balades en forêt. À Noël s’y regroupaient tous ceux que la dinde aux marrons étouffait. Les années où nous n’avions pas nos enfants avec nous, François et moi filions les rejoindre, tellement heureux de ce petit coup de canif aux traditions… Ma famille de cœur avait, depuis longtemps, adopté François. Et lui qui, jusque-là, n’avait fréquenté assidûment que le milieu hétéro, je le voyais, avec joie, parfaitement à l’aise avec mes amis – et plutôt « détendu du masculin », comme Stéphane le disait. C’est donc dans cette coolitude absolue qu’est apparu Nico.

Un ange passe                                            

Très exceptionnellement, nos hôtes avaient élargi le cercle du 24 décembre à cet ami lyonnais, en errance parisienne pour les vacances. Nous étions tous rassemblés dans la cuisine, quand il est apparu. Ses grands yeux noisette dépassaient à peine de son écharpe, et ils brillaient d’une lumière si enfantine qu’en un instant nous étions tous sous le charme. François, surtout. Je l’ai poussé du coude : « T’as vu un ange, ou quoi ? » J’ai ri. D’un rire un peu crispé – j’avais flairé le danger. La suite de la soirée me l’a confirmé : François et Nico l’ont passée à rire sous cape et à discuter à voix basse, comme deux collégiens. Moi, comme une gamine, ça m’a vexée. Je suis allée me coucher, prétextant un mal de dos. Quand François est venu me rejoindre, passablement ivre, à 4 heures du matin, je me suis entendue lui dire : « Alors ? C’est un bon coup, Nico ? » Mon ton de mégère m’a fait honte. Heureusement, François ronflait déjà. Le lendemain matin, comme d’habitude, nous nous sommes levés les premiers. Et notre balade matinale m’a radouci l’humeur. J’ai parlé, beaucoup plus calmement, à François, de ce que j’avais ressenti. Il m’a écoutée, sans broncher, et puis, mettant ses deux mains sur mes épaules, il a soufflé : « Oui, Nico m’a plu. Et, oui aussi, c’est la première fois que j’ai ressenti ça pour un homme. La vie avec toi m’a ouvert des portes. Mais un mot de toi et je la referme. Je t’aime. » Son mot, il l’a eu : c’était niet. Non. Nein. Hors de question. J’avais beaucoup trop peur de le perdre…

Finalement c’est l’été qui fut torride                                            

Les mois qui ont suivi, quelque chose avait changé. Une distance, entre nous, s’était installée, et je ne cessais de m’interroger : comment, moi qui me croyais si libre, avais-je pu, tout à coup, me montrer si fermée ? Et si égoïste, puisque l’idée de me prendre une amante, en revanche, ne m’effrayait toujours pas… Je m’en voulais. Et je savais qu’au fond François m’en voulait aussi. Alors évidemment, quand Stéphane et Vincent, l’été suivant, nous ont proposé de les rejoindre quinze jours en vacances, j’ai tout de suite dit « oui ». J’avais fait du chemin, intérieurement, et c’était l’occasion ou jamais de me rattraper. Car Nico était de la partie… « Tu es sûre, sûre, sûre ? » m’a demandé François cent fois. Et, chaque fois, je lui répondais : « Mon amour, c’est parce que je t’ai demandé de refermer cette porte-là que j’ai risqué de te perdre. Laissons-la entrouverte, on verra bien ce qu’il se passe. » François m’a prise dans ses bras, et avec un amour que je ne lui connaissais plus, il m’a fait cette promesse : « Je me fiche de savoir ce qu’il se passera entre Nico et moi. Mais si je te vois en souffrir, il sortira de nos vies. » Je savais qu’il disait vrai. Et nous avons rejoint nos amis le cœur léger, plus amoureux que jamais. Le soir où c’est arrivé était un de ces soirs parfaits qui font le sel de l’été : une jolie lumière bleutée, une tonnelle de vigne, des rires d’enfants dans la piscine du voisin. Mon amoureux me tient la main, je sais qu’il a le cœur qui bat, je ne la lâche pas. Je l’accompagne, de tout l’amour que j’ai pour lui, jusqu’au seuil de cette autre première fois. J’aime le voir rire aux blagues de Nico, j’aime le regard de Nico sur lui. Je n’ai plus peur. Nico se lève, fait le tour de la table, s’avance vers François. Il me regarde : « Je peux ? » demandent ses yeux. Je lui souris. François se lève, prend la main de Nico. Avant de partir, ses lèvres murmurent à mon oreille : « Je t’aime. Merci. » Enveloppée par la tiédeur de la nuit, je me laisse caresser par la lueur de la pleine lune… Aurélia m’observe, assise sur le muret. Elle me plaît. Je lui plais, je le sais. Peut-être qu’avec elle, qui sait… Mais pas ce soir. Ce soir, je vais me glisser sous mes draps. François m’y rejoindra. Il m’a promis de dormir avec moi. Je sais qu’il le fera.

                                            

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