Santé

Chauffage : « J’ai trop froid et il a trop chaud ! », la fracture thermique dans le couple

Il existait de nombreuses raisons de s’embrouiller dans le couple : sur l’argent, sur l’éducation des enfants, sur la déco de la maison… Mais voici que les recommandations du gouvernement, qui incite à chauffer à 19 degrés cet hiver pour économiser l’énergie, ont apporté un nouveau motif de discorde. Devoir chauffer moins va inévitablement donner la chair de poule aux frileuses et frileux et créer des tensions sous la couette : les « froidophobes »  vont affronter les « froidophiles » . « Je ne supporte pas quand il fait froid », explique Florence, 39 ans. « Et avec les nouvelles recommandations, mon conjoint s’en donne à cœur joie et propose des nuits à 19°C, voire moins. Lui déteste quand il fait trop chaud et prétend que ça l’oppresse. Il est capable de se lever la nuit pendant que je dors pour baisser le niveau du radiateur à bain d’huile qui est dans notre chambre. Et, moi au réveil, le lendemain, je me pèle, je déteste ça… »  

Des pinaillages plus révélateurs qu’on ne le pense 

On peut imaginer sans peine les stratagèmes, les coups bas, les réveils en douce, sur la pointe des pieds, pour augmenter ou baisser le thermostat. Autant de manigances qui ont leur importance. Car ces petits pinaillages ne sont pas que des caprices d’enfants gâtés crispés sur leurs habitudes de confort. Ils renvoient à notre personnalité profonde, à notre histoire personnelle. « J’ai grandi entre un père très autoritaire et une mère fragile et absente », explique Tristan, le compagnon de Florence. « J’étouffais à la maison, littéralement, et je vivais l’ambiance pesante du foyer comme un enfermement, qui m’empêchait de vivre, presque comme une menace pour ma vitalité, mon intégrité physique. Cela a dû jouer sur mon caractère. Car dès que je me sens un peu oppressé, enfermé, cela m’angoisse. Par exemple quand le chauffage est trop fort, surtout la nuit, j’ai l’impression que je manque d’air, que je suis enfermé. C’est presque comme si j’allais mourir ! »  

Au contraire Florence, elle, a été élevée dans une ambiance de 22° l’hiver, avec les radiateurs à fond, dans une famille du Nord de la France où tout le monde se trimballait dans la maison en t-shirt, comme sur une plage des Bahamas. Elle associe la chaleur « au cocon familial, à la protection, à la douceur du foyer. J’ai grandi dans une famille heureuse. Ma mère nous a sans doute trop couvés et se montrait un peu craintive face au monde extérieur. Du coup, j’associe le froid à une menace, à une agression… » Bref, entre ces deux-là, l’hiver devrait être compliqué… Deux visions du monde vont s’affronter.  

« Les problèmes liés à notre intérieur renvoient à notre intériorité » 

Le psychologue Patrick Estrade, auteur de « La Maison sur le divan » (Pocket), expliquait ainsi à ELLE il y a quelques années : « Les problèmes liés à notre intérieur renvoient à notre intériorité. À travers nos goûts, nos personnalités, c’est nos valeurs, notre vision du monde que nous exprimons. » C’est d’autant plus vrai que les messieurs ont pris l’habitude, depuis deux décennies, de donner leur avis sur la manière dont la vie est organisée dans la maison. « Tout ce qui touche au domestique a pris une dimension toujours plus grande », indiquait Patrick Estrade. « Chaque homme ou femme, veut désormais faire valoir sa position au nom de son propre goût. Nous sommes dans des sociétés où l’on valorise l’expression de la subjectivité, son épanouissement. » Vous n’aurez pas ma liberté de penser (que 19°C est inenvisageable pour moi) !  

Comment dès lors prévenir la fracture thermique ? De quelle manière empêcher ces déchirements autour du thermostat ? Comme pour tous les motifs de dispute, les membres du couple doivent faire preuve d’ouverture. Commentaire de Patrick Estrade : « Dans les situations de conflit, chacun doit être à l’écoute de l’autre, entendre ce que son conjoint a à lui dire. Rien n’est plus néfaste que d’imposer ses choix. Cela veut dire qu’on ne cherche plus à construire ensemble, qu’on ne se laisse plus influencer par son partenaire. » Bref, entre partisans du 19°C et défenseurs du 22°C, il serait bon de trouver un juste milieu. Le bonheur conjugal se situerait-il à 20°C degré ? (ou 20,5°C ?)… Reste à savoir si Bruno Lemaire (le croquemitaine au pull à col roulé) trouvera que c’est suffisant… 

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