Santé

Comment et pourquoi la pollution de l’air aggrave les allergies ?

Les allergies respiratoires concernent 25 à 30 % des Français (es), soit près d’une personne sur quatre. Elles se manifestent dès que le système immunitaire se trouve au contact d’un allergène présent dans l’air ou l’environnement, comme les pollens, les acariens, les moisissures ou les phanères d’animaux, qui provoquent une inflammation des muqueuses des yeux, du nez, de la gorge, voire des poumons et déclenche la production d’anticorps ciblés contre l’allergène en question.

Résultat ? Une série de manifestations pour le moins désagréables : éternuements, larmoiements, écoulement nasal ou congestion, démangeaisons au niveau des yeux, du nez et de la gorge, toux allergique, voire difficultés respiratoires. Et comme si cela n’était pas suffisant, la pollution de l’air exacerbe considérablement ces symptômes. Éclairages du Dr Jean-Marie Nguyen, médecin allergologue à l’hôpital Bicêtre et membre de l’association Asthme et Allergies.

Est-ce possible d’être allergique à l’air pollué ?

Il n’est pas possible d’être allergique à l’air pollué en tant que tel. En revanche, la pollution peut être un facteur aggravant d’allergie, indique le spécialiste. Et d’expliquer : « l’allergie est une réponse spécifique du système immunitaire à une substance irritante perçue comme dangereuse par notre organisme (un allergène). Elle est médiée par des anticorps spécifiques, les immunoglobulines E (IgE) ». La pollution, elle, est une agression chimique directe : notre corps ne crée pas véritablement d’anticorps antipollution.

En résumé, nous ne sommes pas allergiques à la pollution. Celle-ci provoque une inflammation au niveau des muqueuses, mais le plus souvent cette réaction n’est pas liée à une réaction immunitaire, insiste le Dr Nguyen. 

Par ailleurs, certaines personnes peuvent être plus sensibles à la pollution de l’air que d’autres en raison de leur âge et de leur état de santé. Les enfants, les personnes âgées et celles qui souffrent d’affections respiratoires ou cardiovasculaires sont notamment plus susceptibles de ressentir des effets négatifs de la pollution de l’air.

Quel est l’impact de la pollution sur les allergies respiratoires (pollen, acariens, animaux, etc.) ?

La pollution de l’air aggrave les allergies aux pollens pour plusieurs raisons :

La pollution modifie la structure des pollens

Certains polluants chimiques, notamment l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2) et le dioxyde d’azote (NO2), sont capables de déformer et de fracturer la paroi des graines de pollens. De fait, les fragments de grains de pollens peuvent pénétrer beaucoup plus profondément dans nos voies respiratoires.

Par ailleurs, certains polluants chimiques sont capables de modifier la structure des protéines de pollens ou de se fixer directement sur les pollens, qui deviennent alors beaucoup plus allergisants.

La pollution fragilise nos muqueuses

Comme indiqué ci-dessus, la pollution irrite les muqueuses des yeux, du nez, de la gorge — et parfois de nos poumons. Nos voies respiratoires sont donc fragilisées et plus sensibles aux différents allergènes présents dans notre environnement et nos défenses immunitaires peuvent être légèrement moins performantes. De fait, les personnes allergiques sont plus vulnérables pendant les pics de pollution.

Bon à savoir : le rôle du réchauffement climatique est aussi régulièrement pointé du doigt. Avec la hausse des températures, les pollens sont produits et libérés en plus grand nombre, ce qui augmente le risque d’allergies. Sans compter que la saison de la pollinisation risque d’être de plus en plus longue.

Quel impact sur les allergies croisées ? 

« À priori, la pollution ne favorise pas directement le développement d’allergies croisées. En revanche notre mode de vie et notre nouvel environnement (biotope) vont probablement nous rendre de plus en plus sensibles aux allergies croisées entre les aliments et les pollens. Les intolérances digestives et respiratoires sont de plus en plus nombreuses et précoces : auparavant les allergies croisées entre le pollen de bouleau et certains aliments comme la pomme et la noisette, par exemple, se déclenchaient au bout de quelques années. Aujourd’hui, on diagnostique des allergies croisées à certains enfants dès l’âge de 7 ans. Et il est actuellement impossible de savoir si ce phénomène est lié à la pollution en-elle même, à notre alimentation ou à notre environnement global », répond le Dr Nguyen. 

Particules fines, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre… Quels sont les polluants atmosphériques les plus problématiques ?

L’air que nous respirons est composé d’environ 78 % d’azote, 21 % d’oxygène et 1 % de gaz rares comme l’argon, le néon, le krypton, le xénon ou encore l’hélium. Les polluants représentent moins de 0,05 % de la composition de l’air, mais peuvent avoir un impact important sur notre santé et l’environnement.

Certains polluants sont naturels, comme les poussières émises lors d’éruptions volcaniques, mais la grande majorité des polluants est issue de l’activité humaine. On distingue cependant les polluants anthropiques primaires, directement issus du trafic routier, des industries, du chauffage, de l’agriculture, etc. :

  • les hydrocarbures ;
  • les particules fines ;
  • le dioxyde de soufre (SO2) ;
  • les oxydes d’azote (NOx), qui regroupent le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2) ;
  • les composés organiques volatiles (COV), comme le benzène, l’acétone ou le perchloroéthylène ;
  • et certains métaux lourds, comme le plomb et le cadmium.

Quant aux polluants anthropiques secondaires, ils sont créés dans l’atmosphère suite à des réactions chimiques entre polluants. On recense notamment l’ozone, le dioxyde d’azote, et les particules ultrafines.

La pollution intérieure peut aussi nous jouer des tours !

« Les pics de pollution extérieure peuvent faire des ravages. Mais on oublie trop souvent qu’on trouve aussi de très nombreux polluants dans nos intérieurs« , souligne le Dr Nguyen. Les sources de pollution ne sont pas les mêmes, mais elles peuvent tout de même avoir de graves conséquences sur notre santé. En cause :

  • la fumée de cigarette ;
  • les produits ménagers ;
  • la poussière et l’humidité ;
  • les appareils à combustion ;
  • les animaux de compagnie ;
  • les moquettes et revêtements ;
  • les bougies parfumées et les huiles essentielles ;
  • etc.

Quelles sont les autres maladies liées à la pollution atmosphérique ?

Les personnes allergiques ne sont pas les seules tributaires de la pollution atmosphérique. D’autres affections peuvent aussi être aggravées par l’exposition à un air de mauvaise qualité :

  • certaines affections respiratoires comme un asthme, un emphysème, une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), etc. ;
  • certaines atteintes cardiaques comme l’angine de poitrine ;
  • certaines maladies chroniques comme le diabète ;
  • etc.

Par ailleurs, les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes qui travaillent souvent en extérieur ou qui font régulièrement du sport en extérieur peuvent être plus sensibles aux allergènes.

Quelles solutions pour éviter l’impact délétère de la pollution quand on est allergique ?

Plusieurs solutions permettent de soulager les symptômes allergiques. Parallèlement aux mesures d’éviction, il est indispensable de nettoyer ses muqueuses.

Se protéger de la pollution intérieure et extérieure :

En cas de symptômes caractéristiques, commencez par consulter un(e) allergologue qui pourra identifier les allergènes auxquels vous êtes sensible. Mettez ensuite ces quelques mesures en place :

  • aérez chaque jour votre intérieur ;
  • passez-y régulièrement l’aspirateur ;
  • évitez les animaux auxquels vous êtes allergiques ;
  • évitez les environnements secs et chauds qui accentuent l’effet gorge sèche et donc la toux ;
  • ne fumez pas et ne vous exposez pas à la fumée de cigarette ;
  • lavez régulièrement les textiles d’intérieur, moquettes, rideaux, peluches pour les enfants, etc. ;
  • privilégiez des matelas et oreillers antiacariens ;
  • évitez les parfums d’intérieur (bougies, en aérosols, diffuseur de parfum automatique ou électrique, etc.) ;

Et en cas d’allergie aux pollens :

  • fermez vos fenêtres la journée, aérez votre logement le soir uniquement, mais évitez de dormir avec la fenêtre ouverte ;
  • limitez les activités extérieures (balades, camping, pique-niques, etc.) quand la concentration de pollen est la plus élevée (habituellement le matin tôt et le soir) ;
  • en voiture, roulez les fenêtres fermées et, si possible, utilisez un système d’air recyclé ;
  • évitez de faire des efforts physiques et du sport en plein air pendant les pics de pollution ;
  • portez un couvre-chef et des lunettes de soleil en extérieur (pour éviter que le pollen ou les poils urticants des fruits ne soient en contact avec vos yeux) ;
  • évitez de faire sécher votre linge en extérieur et nettoyez régulièrement vos vêtements pour les débarrasser du pollen éventuel ;
  • lavez-vous régulièrement les cheveux pour éliminer le pollen (de préférence avant d’aller vous coucher) ;
  • privilégiez des lentilles de contact à usage unique (jetables à la fin de la journée), plutôt que les lentilles mensuelles ou bimensuelles ;
  • et renseignez-vous régulièrement via les alertes polliniques du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique).

Soulager les symptômes allergiques

Quelques gestes simples permettent de soulager les symptômes allergiques :

Si les symptômes persistent ou s’aggravent — et vous handicapent lourdement — consultez votre médecin !

Pour en savoir plus sur les allergies respiratoires, rendez-vous sur le site de l’association Asthme & Allergies. Ses principaux objectifs ? Informer et soutenir les patients asthmatiques ou allergiques, les parents, ainsi que les médecins et les professionnels de santé. Vous pouvez également contacter leur numéro Vert : 0800 19 20 21 (appel gratuit). 

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