Santé

Complexe du sexe : Magali, 32 ans, et son vagin « drôlement bruyant »

Magali, 32 ans, se rappelle son premier pet de fouf comme si c’était hier : « Quel vent ! Mon mec de l’époque et moi avons explosé de rire, il faut dire que l’on était complices, c’était marrant ». Dix ans plus tard, la jeune femme a connu bien des pets vaginaux et bien des partenaires, et elle n’en rigole plus : « Quand ça t’arrive le premier soir, tu te sens vraiment bête, tu as envie de préciser que l’auteur est ton vagin, mais à quoi bon ? C’est un pet, certes un faux pet, mais bon, le bruit est là », poursuit-elle.

S’il n’existe aucune étude chiffrée quant au nombre de femmes coutumières de cette expérience sonore, nombreuses sont celles qui en témoignent. Aussi, quand le vagin se la joue discret de ce côté-là, il lui arrive de s’exprimer autrement, entre bruits relatifs à l’humidité et aux claquements, que la vulve et l’effusion des corps se chargent de renforcer. Résultat, ce joyeux brouhaha sexuel nous fait parfois un peu honte, comme en témoigne Magali, qui se demande « comment [son] vagin va être luné » avant un rapport, et aimerait trouver des solutions pour faire moins de bruit ou, encore mieux, s’en moquer.

Le pet vaginal : d’où vient-il ?

« Le pet de fouf tient son surnom de la foufoune, sans doute pour paraître plus mignon, voire enfantin, mais aussi vulgariser ce que l’on nomme, dans le jargon scientifique, flatus vaginalis », éclaire la sexologue Diane Deswarte, aussi fondatrice du Club Kamami. Un terme issu du latin, que l’on peut traduire par « flatulence du vagin ». D’autres encore l’appellent « frout », pour la contraction de foufoune et de prout. Que d’abus de langage, finalement, puisque le pet de fouf n’a rien à voir avec les gaz produits par l’intestin, et livrés au monde par le rectum : « Il est inodore et résulte d’un simple appel d’air », précise la sexologue.

En effet, durant la pénétration, si de l’air s’infiltre dans le vagin, il ressort quand le pénis s’extrait : c’est l’appel d’air. Il est donc question de mécanique. Mais pourquoi l’air se faufile-t-il ? Parce que, de toute évidence, il y a de la place, exactement comme lorsque l’on met le doigt dans son nez : l’emboîtement n’est pas toujours parfait. A noter qu’en cas de muscles périnéaux affaiblis, les appels d’air peuvent être plus fréquents, puisque la pénétration se veut supposément moins enserrée. « Toutefois, si on constate plus généralement des appels d’air en cas d’hypotonie périnéale, comme après l’accouchement par exemple, toutes les femmes peuvent les rencontrer », explique la sexologue, qui ajoute également que « lorsqu’il y a une hyper lubrification, naturelle ou superficielle, les appels d’air sont encouragés ». En cause, une grande fluidité lors de la pénétration, qui inciterait l’air à circuler. 

Ploc, plouf, splash, clac : après le pet de fouf, les onomatopées du vagin

« La lubrification est susceptible de générer des appels d’air, mais elle peut aussi, à elle seule, produire des sons d’humidité », remarque la sexologue. Ces sons d’humidité, Magali ne les apprécie pas non plus. « C’est un peu visqueux, ça fait un peu tambouille », dit-elle, lasse d’assister aux concerts de son vagin, qui se ne prive pas de bisser. 

D’autres bruits demeurent parfois inconvenants, ceux des claquements. « Ils sont dus, pour leur part, à la rencontre des pubis entre eux, ou contre des fesses, selon la position », note la sexologue Diane Deswarte. À noter aussi que le rythme de la pénétration les rendra plus ou moins réguliers, donc plus ou moins entêtants, là où des va-et-vient plus doux engendreront une mélodie plus tranquille, plus voluptueuse, nous laissant entendre que nos corps dansent langoureusement. Plus romantique, donc plus agréable ?

Apprendre à aimer la musicalité du sexe pour combattre son complexe du vagin tapageur

La sexologue Diane Deswarte rappelle que « les bruits du vagin appartiennent à la musicalité du sexe ». En cas de complexe à leur sujet, amusons-nous à projeter un rapport silencieux. Alors ? « Sans bruit, le sexe manquerait potentiellement de saveur », avance la sexologue. En effet, un match de foot est-il plus ou moins cool sans supporters ? En s’exprimant, notre vagin nous rappelle, malgré lui, qu’il est présent, voire qu’il soutient notre plaisir.

« Nos cinq sens sont en action pendant l’amour, et participent à l’excitation », note la sexologue, qui suggère alors d’accepter les bruits du coït, en « réduisant l’écart entre l’image polissée du sexe et la réalité », car si nous ne tolérons pas toujours les bruits de notre corps au point d’en rougir, c’est parce que nous imaginons que seuls les sons les plus glamours sont admis au lit (petits cris, soupirs, mots doux, et petite claque sur les fesses ?). Or, on peut se faire à l’idée que les « bruits du sexe » se présentent en package : oui, on souffle et on gémit, mais trois étages plus bas, notre vagin aussi. « Pourquoi le sexe se ferait-il sans poils, sans moments de latence, sans maladresse, sans bruits génitaux ? », insiste la sexologue. 

Si c’en est vraiment trop pour nous, alors il nous reste à « apprendre à en rire », selon la sexologue. En cas de gêne trop importante face à un pet de fouf ou de bruits d’humidité prononcés, le rire est un bon remède.

Atténuer les bruits, c’est possible

Faut-il faire taire son vagin, le bâillonner ? Pas plus que notre sexualité, notre plaisir et nos désirs. Les bruits du vagin sont l’expression même d’une liberté d’être, de ressentir, et de vivre son moment intime. Évidemment, quand les bruits du vagin nous perturbent à outrance, rien ne nous interdit de chercher à les atténuer.

Mais comment ? Serrer les fesses ne sert à rien, alors direction une série de stratagèmes bien pensés. Le premier ? « On peut mettre de la musique afin qu’elle couvre les sons du rapport, et que l’on gagne en aise », propose la sexologue. Autres astuces à retenir, à mettre en place en couple : éviter la pénétration trop ample, car moins le pénis ressortira du vagin, moins l’air ne s’incrustera dans notre partie de plaisir. Décidons également de pratiquer une pénétration plus douce pour freiner les claquements. Côté humidité, gare au lubrifiant à l’excès.

Aussi, on peut s’intéresser à son périnée, qui est peut-être en hypotonie. Un bilan chez une sage-femme ou un kiné peut être entrepris, notamment pour faire la part des choses entre nos sensations et nos complexes, et la réalité : au même titre que la vulve parfaite n’existe pas, le périnée en béton et le vagin idéalement silencieux n’existent pas non plus.

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