Santé

Complexe du sexe : Marine, 36 ans, et ses « hémorroïdes qui se voient »

Marina, 36 ans, a « toujours eu des hémorroïdes » : « Première grosse crise à trente ans, après un épisode de constipation, et depuis, ça va, ça vient, et ça me gêne pendant l’amour pour deux raisons : j’ai parfois mal, mais surtout, j’ai peur que mon partenaire voie mon anus dans certaines pratiques ou positions ! », confie-t-elle. En effet, le vagin et l’anus étant relativement proches, difficile de regarder l’un sans apercevoir l’autre, si bien qu’en présence d’hémorroïdes dites externes, des petites « boules », tels de jolis bourgeons, peuvent s’inscrire dans le paysage.

Selon la naturopathe Corinne Allioux Goldfarbe, auteure de « Les hémorroïdes, c’est fini ! » (éd. Jouvence), « les hémorroïdes demeurent un sujet tabou, dont on parle peu, et encore moins dans la sexualité, alors qu’il concerne beaucoup de monde ». D’ailleurs, au cœur de sa patientèle, la problématique n’est jamais abordée directement : « Les gens font quelques détours pour me faire entendre qu’ils souffrent de crises hémorroïdaires fréquentes, et que cela les gêne dans leur couple, voire dans leur sexualité », précise-t-elle.

Hémorroïdes externes et marisques : on a le droit de complexer

« Les hémorroïdes sont des coussinets veineux qui tapissent le rectum, qui participent à l’étanchéité de l’anus au niveau des sphincters et qui se dilatent naturellement et normalement lors de la défécation dans un contexte de bonne santé », définit la naturopathe Corinne Allioux Goldfarbe. Aussi, les veines hémorroïdaires nourrissent la zone anale, comme toutes les veines. En somme, elles jouent plusieurs rôles capitaux. Seulement, parfois, elles entrent en crise, c’est l’inflammation. « Elles forment alors des amas de sang », précise l’experte. Ces petites boulettes peuvent être internes, et donc non visibles, ou externes, et se poster au niveau de l’anus. Une chose à savoir ? « On peut les rentrer ! », nous dit l’experte. Geste qui n’est pas toujours possible : quand c’est le cas, c’est que l’hémorroïde est bien gonflée, et commence même à créer une sensation de pesanteur.

« Des hémorroïdes externes peuvent générer de la douleur, ou même des démangeaisons ou une irritation, ce qui détourne potentiellement de la sexualité : on ne se sent pas à l’aise dans son intimité », remarque la naturopathe Corinne Allioux Goldfarbe. En cas de douleur moindre, et alors que l’on est en plein rapport sexuel, une autre gêne est susceptible d’apparaître : la crainte que le partenaire démasque l’hémorroïde. Une situation que Marine a bien connue, et qui, aujourd’hui, continue de la poursuivre à cause de la présence d’une marisque, le petit nom donné aux cicatrices hémorroïdaires. Une sorte de « boule morte » pourrait-on dire.

Un bel anus, ça vaut le coup ?

S’il est possible de « rentrer » l’hémorroïde sortante, ou d’attendre que la crise passe, la marisque est quant à elle une sorte de « cicatrice à vie ». Toutefois, « un gel cicatrisant appliqué par massage peut l’estomper dans le temps », rassure la spécialiste, qui ajoute que la chirurgie est possible en cas de complexe trop important.

En effet, reste à mesurer l’inconfort de la situation, et à faire le point sur notre recherche d’esthétisme. Au même titre que la vulve parfaite n’existe pas , l’anus parfait existe-t-il ? Cette zone érogène subit elle aussi la pression d’être belle, et c’est sans dire qu’en étant associée à la selle, et donc à des considérations peu sexy, elle se doit d’être encore plus jolie, douce, et pailletée, pour ne pas noircir le tableau de notre intimité. Et si nous l’acceptions comme elle est, en « chou-fleur » car en crise, ou avec sa marisque, souvenir d’une crise passée ? Si douleur il y a, la question ne se pose pas : un traitement sera sollicité (sans ordonnance en pharmacie) pour se soigner. Mais dans le cas où les choses rentrent de l’ordre, il est possible d’avoir des rapports sexuels avec ses hémorroïdes, de la même façon que l’on a toutes réussi à se pointer à un rencard avec un gros bouton sur le front. L’envie est parfois plus forte que l’excroissance, et notre capacité à dépasser des complexes passagers aussi.

Adieu les hémorroïdes, bonjour sexualité

En cas d’appréhension lourde, la solution demeure dans le dialogue : prévenir le partenaire est le meilleur moyen, ensuite, de se dépatouiller de la peur d’être « repérée ». « On parle peu d’hémorroïdes, rapport à la zone qu’elles occupent, mais c’est un sujet que tout le monde connaît, si bien qu’il peut être assez simple de dédramatiser », rassure Corinne Allioux Goldfarbe. Sinon, on use de quelques stratagèmes : lumière éteinte et sexe yeux dans les yeux. Des « tips » que Marine maîtrise bien, et, quant à la levrette, c’est « de temps en temps, quand l’anus présente bien », nous dit-elle.

En parallèle, il faut savoir que les hémorroïdes se traitent. Si la chirurgie peut supprimer une marisque, on peut aussi éviter de nouvelles crises afin de retrouver un anus tout beau, tout frais, et pour longtemps. Plusieurs facteurs sont responsables des hémorroïdes, allant d’une alimentation trop épicée à une consommation d’alcool trop importante, en passant par des soucis digestifs, de (mauvais) réflexes de poussée aux toilettes, trop de stress ou un manque d’activité physique… Voilà ce que racontent les hémorroïdes et dont on peut prendre note pour modifier notre hygiène de vie. Enfin, on n’hésitera pas à consulter si les maladies hémorroïdaires se veulent trop fréquentes. Les remèdes existent pour dépasser ce tabou, et le simple fait de franchir la porte du cabinet d’un spécialiste nous prouvera que nous en sommes en très bonne voie pour y parvenir.

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