Santé

Consulter une sage-femme pour parler sexualité ? Une pratique salutaire

En cas de troubles sexuels, ou de « simples questions » concernant la sexualité, on pense en premier lieu à consulter un sexologue, un gynécologue ou son médecin traitant. Une démarche qui n’est pas toujours évidente – comment se lancer ? Quels mots employer ? Seulement, il ne nous vient pas toujours à l’esprit de solliciter une sage-femme. Or, les sages-femmes ne s’occupent pas seulement des femmes enceintes ou en post-partum. Depuis la loi « Hôpital Patients Santé et Territoires » (HPST) de 2009, les sages-femmes sont habilités à mener des consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention, auprès des femmes en bonne santé. Ils peuvent réaliser un frottis ou encore poser un stérilet. Depuis 2016, ils sont également autorisés à prescrire et pratiquer les IVG médicamenteuses. Que de compétences qui élargissent leur champ d’actions. Parmi elles, impossible d’ignorer le sujet de sexualité, intimement lié à la gynécologie, que les sages-femmes – qui sont près de 24 000 à exercer en France – abordent avec le plus grand soin. Une bonne nouvelle face à la pénurie de gynécologues, dont le journal Le Monde rendait compte en 2017, à la suite d’une enquête.

En somme, il est tout à fait possible de consulter une sage-femme « hors grossesse » – que l’on soit nullipare ou multipare, c’est-à-dire que l’on ait déjà eu des enfants ou non, et d’ouvrir le sujet de la sexualité, quelles que soient nos interrogations.

« Traiter de l’intimité des femmes, c’est, en filigrane, ne pas ignorer leur sexualité »

« Lors des consultations gynécologiques, mais aussi des consultations de grossesse ou de post-partum, la sexualité humaine demeure un sujet incontournable, pour les sages-femmes et les patientes », affirme la sage-femme Anna Roy, aussi auteure de « C’est ma grossesse » (éd. l’Iconoclaste) ou encore de « Le post-partum dure trois ans » (éd. Larousse).

Si la sexualité est au cœur des échanges avec la ou le sage-femme, c’est parce que la frontière entre gynécologie et sexualité est très mince, et même poreuse. « Traiter de l’intimité des femmes, c’est, en filigrane, ne pas ignorer leur sexualité », insiste Anna Roy. Un souci de sécheresse vaginale, par exemple, impacte la vie sexuelle et peut tout à fait être prise en charge par un ou une sage-femme. Evidemment, « les sages-femmes ont été formés à la sexualité humaine, à l’instar des médecins », précise Anna Roy.

Une relation privilégiée

Si les sages-femmes sont particulièrement sensibilisés à la santé sexuelle, c’est parce qu’ils pénètrent l’intimité des femmes, et nouent avec elles des relations parfois solides de plusieurs années. On peut consulter une sage-femme pour un suivi gynécologique, la retrouver pour une première grossesse, une deuxième grossesse… Ou bien découvrir une sage-femme lors d’un cours d’accouchement et entreprendre un suivi gynécologique à ses côtés par la suite.

« Notre profession est une profession médicale, avec une petite teinte en plus, celle de l’écoute, de la bienveillance, de la confidence, de la gentillesse », notifie Anna Roy, qui ajoute que « nous sommes vraiment complices avec nos patientes ». Cette complicité invite à exposer ses problématiques sexuelles aisément, et ce, même si tout va bien sur le plan gynécologique. En parallèle, il appartient aux sages-femmes d’aller sur ce terrain dès lors que cela semble pertinent.

Que peut-on dire à notre sage-femme ?

« Les problèmes liés à la sexualité, que nous pouvons dérouler avec les patientes, sont multiples : douleurs pendant les rapports, vaginisme, baisse du désir, violences sexuelles, contraception… C’est très vaste », précise Anna Roy. En somme, quels que soient nos tracas, nos blocages, nos doutes, la sage-femme ou le maïeuticien demeurent des interlocuteurs de choix, à toutes les étapes de notre vie.

La seule limite des sages-femmes ? La pathologie. « La compétence des sages-femmes est exclue dès lors que la patiente présente une situation pathologique », rappelle le Conseil National de l’Ordre des sages-femmes. À ce moment-là, la sage-femme renvoie la patiente vers un médecin. À noter toutefois qu’il existe des sages-femmes sexologues, c’est-à-dire des sages-femmes qui ont obtenu, en sus de leur diplôme, un DU de santé sexuelle. Avec cette corde à leur arc, ils sont à même de traiter les mêmes problématiques qu’un médecin sexologue, à la seule différence que leur patientèle est féminine.

Le cas particulier de la sexualité en post-partum

S’il existe bien une période durant laquelle la sexualité est au centre des échanges avec les sages-femmes, c’est celle du post-partum. « Après l’accouchement, le corps et la tête ont besoin de se remettre de leurs émotions, et des questions s’imposent généralement : quand puis-je reprendre les rapports sexuels ? Arriverai-je de nouveau à avoir une sexualité épanouissante ? », partage Anna Roy. La réponse est une affaire de cas par cas. Tout dépend du vécu de l’accouchement, de la communication dans le couple, de l’état de santé des femmes, ou encore de leur désir.

Le ou la sage-femme pourra alors aiguiller les patientes quant à la reprise des rapports, mais aussi prendre en charge les éventuelles douleurs périnéales et vulvaires. « On travaille également sur la vision de la sexualité ou la définition du “faire l’amour” », explique Anna Roy. En effet, le post-partum est une période charnière, qui invite bien souvent à revisiter sa sexualité, ses envies. On comprend, par exemple, que le sexe sans pénétration est une potentielle source de plaisir ou encore qu’il est bon de créer un espace de dialogue, avec son partenaire, pour ouvrir une nouvelle page de sa vie sexuelle. Qui de mieux placés, à ce moment-là, que les sages-femmes, qui passent à domicile, gèrent l’entretien postnatal précoce, et restent, après ça, des référents en matière de suivi gynécologique et santé intime ?

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