Santé

Coupe du Monde 2022 : comment se remettre d’un tel échec ?

Après un match complètement fou et riche en rebondissements, l’équipe Argentine de Lionel Messi s’est imposée aux tirs au but face à la France, et a mis brutalement fin aux rêves de victoire de Kylian Mbappé, Antoine Griezmann, Olivier Giroud et Hugo Lloris… Comment se remettre d’une telle désillusion ? Comment surmonter nos propres échecs ? Nous avons interrogé Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne. Interview.

ELLE. Comment se relever après un échec ?  

Aline Nativel Id Hammou. Il faut déjà accepter l’accepter pleinement. Ce qui peut être intéressant c’est d’avoir une forme de prise de recul, de bilan sur ce qu’on a vécu comme un échec. C’est souvent ça aussi qui permet de prendre conscience qu’on ne peut pas toujours tout maîtriser.  

Il y a une sorte de mouchoir qui est mis sur les émotions : on va plutôt être dans l’action, et on ne prend pas le temps d’être dans la tristesse ou la colère, voire dans le dégoût aussi. Ce sont des émotions fortes et négatives mais qui permettent aussi de rebondir réellement.  

L’acceptation dépend par ailleurs du fait d’être accompagné ou soutenu par des proches : c’est souvent eux qui nous permettent d’avoir un curseur différent sur le vécu de l’échec. 

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ELLE. Oui, mais c’est important que les proches ne nient pas notre échec, s’il existe bel et bien.  

A.N. Tout dépend du contexte et de la nature de l’échec. Souvent les proches vont avoir tendance à banaliser l’échec, à dire « ce n’est pas grave ça se passera mieux la prochaine fois », alors que n’est pas toujours la meilleure solution. Quand on se confie après un échec, c’est souvent un ressenti intense et fort. Il ne faut pas banaliser la tristesse ou la colère, mais on peut aussi être dans un échange motivationnel de soutien : « tu feras mieux la prochaine fois, on croit en toi, ce n’est qu’une étape…» 

ELLE. La peur d’échouer entraîne-t-elle l’échec ?  

A.N. Je pense que oui, concrètement quand on a peur de l’échec, on est dans un trouble anxieux. Quelques fois ça peut aider : quand on est anxieux, on anticipe la situation ou les facteurs stressants qui peuvent mettre en échec. Mais en même temps cela demande une grande maîtrise et un grand contrôle sur un ensemble d’éléments pour accéder à la réussite, ce qui n’est pas toujours faisable sur le long terme, et aussi selon la nature de ce que l’on cherche à accomplir.  

ELLE. Quelles leçons peut-on tirer d’un échec ?  

A.N. Souvent il faut se demander si on a bien pris conscience de l’ensemble des enjeux du projet : est-ce qu’on n’a pas surestimé ses habilités et ses compétences vis-à-vis de ce projet ? Est-ce qu’on n’aurait pas besoin de se former ou de s’entraîner davantage ? Ça peut être difficile, c’est une forme de remise en cause, alors que ça peut n’être qu’une simple remise en question. On peut apprendre beaucoup de choses sur soi, sur les autres ou sur l’entreprise dans laquelle on est. Ça permet aussi de belles prises de conscience : on peut se dire « je me suis complètement trompé de chemin ».  

Il n’y a pas forcément que de la négativité, même s’il y a souvent un flot d’émotions négatives. Le « je suis nul » est une étape, le « je suis nul » vient de la déception, qui est normale aussi. Il ne faut que ça se transforme en rumination mentale. Il faut se dire, « Ok, je n’ai pas réussi, qu’est-ce que je fais pour faire mieux la prochaine fois ? » Il faut être rapidement capable de faire la bascule. Ce qui aide souvent, c’est de faire le point sur les choses qu’on a réussies, se rappeler ses points forts, ses expériences de terrain. 

ELLE. On peut ressentir quelque chose comme un échec alors que ce n’en est pas un, ou on peut aussi nous attribuer un échec dont on n’est pas forcément responsable.  

A.N. Oui, cela arrive souvent en entreprise ou dans une équipe sportive, c’est le collectif qui l’emporte. Si l’on fait partie d’un projet par exemple, qu’on a rempli tout ce qu’on nous a demandé de faire mais que finalement le projet n’aboutit pas, nous n’en sommes pas l’unique responsable.  

C’est vrai néanmoins que face à un échec, on cherche souvent un responsable. Dans le cas de Kylian Mbappé, les exigences sont très hautes : on attend de lui de grandes réussites, parce qu’il est très jeune, champion du monde et qu’il joue avec l’équipe de France. Que ce soit dans le foot ou dans d’autres domaines, en ce qui concerne des personnalités, on attend la performance. On ne se dit pas que ce type de profil peut échouer, être malade ou blessé.  

ELLE. Faut-il se remettre en selle rapidement pour mieux surmonter un échec ?  

A.N. Oui et non, il faut quand même accueillir l’échec. La digestion de l’échec est très aléatoire selon les personnes, mais souvent ce qui fait la différence c’est l’accompagnement des proches ou des collègues. Quand on se sent en échec, on a besoin d’être valorisé, c’est très aidant pour mieux rebondir ou repartir sur un nouveau projet.  

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