Crise de la quarantaine : Julie, 43 ans, « Avoir quarante ans m’a donné le sentiment que je pouvais enfin vivre pour moi »

Julie a 43 ans et il y a quelques mois, elle a modifié considérablement son apparence physique… jusqu’à déstabiliser ses proches : « Je ressemblais à une gentille secrétaire un peu chiante et j’ai décidé de me teindre les cheveux en violet, j’ai changé de style de vêtements pour porter des ensembles vintages colorés qui me faisaient envie depuis des années, je me suis fait mon premier tatouage. Évidemment, j’ai eu droit à des réflexions de la part de mes proches. Mes parents en premier lieu mais aussi des amis de longue date qui ont vu dans mon relooking comme une remise en question de ce que j’avais construit avant. On m’a traitée comme une gamine, comme si j’étais une ado et que je faisais des expériences. Personne n’a compris que je faisais enfin des choses qui me faisaient rêver depuis des années. Avoir quarante ans m’a donné le sentiment que je pouvais enfin vivre pour moi. »

Le prétexte pour s’éveiller

Pour Emmanuelle Ameille, coach de vie qui accompagne des femmes en transition vers une meilleure connaissance d’elles-mêmes, la crise de la quarantaine est une chance : « La crise de la quarantaine, est selon moi, une formidable opportunité d’évolution et de rencontre de soi. Après avoir passé bon nombre d’années à construire sa famille, poursuivre le parcours professionnel attendu, ou encore à répondre aux injonctions liées à nos éducations, on peut se retrouver en perte de sens, une fois ces objectifs atteints. Et c’est souvent autour de 40 ans.

J’accompagne beaucoup de femmes, qui pensaient atteindre le bonheur quand elles auraient le poste à responsabilité, les enfants… Mais ce n’est pas toujours le cas. Que faire ? C’est le moment d’un sursaut ! Mais qui je suis au fond ? Comment sortir de ces cases dans lesquelles je me suis mise. Et si je n’étais pas à la bonne place ? Et si tout ceci était un leurre ? Voilà le genre de questions sous jacentes. Tout comme Aurore, aka la belle au bois dormant, qui se réveille d’un long sommeil, à quarante ans, on peut ouvrir les yeux et réaliser que le temps défile, qu’il laisse des stigmates et que l’on n’a rien vu venir !

La crise de la quarantaine est une opportunité d’évolution et de rencontre de soi

La crise de la quarantaine est comme ce coup de pied au fond de la piscine, cet élan vital qui réveille. Parfois douloureusement. Les bouleversements ressentis peuvent être proches de ceux de l’adolescence. Des émotions décuplées, des envies d’expériences vivifiantes. Et des grandes peurs. Ce sont les montagnes russes émotionnelles. Mais tout ceci ne vise qu’une chose finalement, se réajuster et avoir une vie plus épanouie ! »

Un relooking pour booster sa confiance en soi

La coach envisage les modifications de style comme un sujet tout sauf uniquement léger : « Le corps, l’esprit et le cœur sont intimement liés. Se préoccuper de l’un sans prendre soin de l’autre peut conduire à l’échec. Tout dépend de l’intention. D’où est ce que ça part. Est-ce que je fais ça en mode punk pour m’opposer ? Provoquer ? Est-ce que je cherche à me retrouver en pimpant mon corps ? Avec ou sans botox, le vide intérieur sera toujours béant. Où est-ce que c’est enfin l’opportunité de m’accepter un peu plus ? Certaines modifications corporelles peuvent agir comme un point de départ vers une acceptation de soi plus profonde et pérenne. »

Sortir de l’ordre absolu

Pour elle, il n’y a qu’une seule manière de prendre au sérieux les bouleversements de la crise de la quarantaine, malgré les critiques : « En se prenant au sérieux. Le caractère soudain des envies de changement peut surprendre l’entourage. On peut imaginer que c’est une passade, sans comprendre que c’est parfois un élan vital. Je crois que nous avons été habitués à des vies somme toute linéaires. Heureusement que les lignes bougent et que l’on peut se réinventer à tout âge. Les moqueries viennent parfois de l’incompréhension. Du manque de communication, sans doute aussi et du manque de folies de nos existences bien orchestrées. »

J’ai toujours trouvé que les vieilles dames avec des cheveux colorés et des tatouages étaient stylées

Julie assume : « Je suis fière de qui je suis et de comment je me présente au monde. Il y a eu des critiques qui m’ont blessée, évidemment. Mais je me suis éloignée des gens qui n’étaient pas prêts à m’accepter comme je suis au fond. Je m’en fiche de me déguiser en une femme que je ne suis pas, de vieillir avec l’image qu’on se fait d’une femme de mon âge. Je crois aussi qu’on vit de plus en plus vieux et que la quarantaine, c’est encore relativement tôt dans la vie. J’aurais bien le temps de changer de style plusieurs fois, au gré de mes envies. Ou pas. J’ai toujours trouvé que les vieilles dames avec des cheveux colorés et des tatouages étaient stylées. On en voit de plus en plus. Je me sens prête à faire partie de ce groupe-là.

Ce que je regrette c’est d’avoir fait semblant aussi longtemps. Je crois que j’avais peur de faire peur aux hommes, de déplaire à mes collègues et que je voulais aussi rentrer dans le moule dans mon groupe d’amis. Je me suis effacée. Vieillir m’a donné la force de m’assumer. Et une fois passées les critiques, j’ai aussi eu beaucoup de compliments. On dit que je rayonne. C’est ce que ça fait de se sentir tout à fait soi. »

Être soi-même, tout simplement

Julie invite toutes les femmes à se poser la question de leurs apparences : « Comme en amour, comme pour tout en fait, on se présente de manière à ne pas trop se faire remarquer. Qui a décidé que c’était une mauvaise chose de se faire remarquer ? Pourquoi ce serait quelque chose d’immature ? Mon nouveau style, qui ressemble enfin à ce que je suis au fond, il me fait sortir de la norme mais il n’a pas pour vocation d’agresser qui que ce soit. Quarante ans c’est le temps qu’il m’a fallu pour arriver à être qui je suis réellement. Cet anniversaire, ça a été comme un coup de pouce. Mais je ne suis victime de rien, ni des hormones ni d’un effet de mode. J’ai juste enfin la maturité nécessaire pour m’exprimer. C’est presque dommage que ça m’ai pris tant de temps. J’invite toutes les femmes, de tous les âges à prendre des décisions pour elles plutôt qu’uniquement des décisions raisonnables. Je crois que le monde serait plus coloré et plus fun si c’était le cas. »

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