Santé

Crise de la quarantaine : Maeva, 41 ans, « Je me sens vieillir et j’ai besoin de profiter pour ne rien regretter »

Maeva a 41 ans et elle est mariée depuis 18 ans avec le même homme. Ils ont ensemble un enfant de 12 ans. Leur quotidien était réglé comme du papier à musique avant que Maeva ne fête son quarantième anniversaire et décide de mettre sur la table ses envies d’indépendance.

« J’ai besoin d’un an ou deux pour être libre »

Le couple est encore actuellement en discussion sur son avenir mais Maeva a déjà demandé plusieurs fois le divorce à son mari : « Pour l’instant, il ne m’écoute pas. Il cherche des solutions et propose des choses. Je ne veux pas le faire souffrir juste pour le faire souffrir mais je sens que j’ai encore des choses à vivre et je me sens limitée par notre couple.

Je ne sais pas comment lui dire que j’ai peut-être besoin d’un an ou de deux pour être libre et faire ce qui me passe par la tête mais je culpabilise de lui dire de m’attendre. C’est pour ça aussi qu’on n’a pas pris de décision définitive. Je n’ai pas grand-chose à lui reprocher à part d’être avec moi depuis longtemps. Une routine s’est installée et elle est autant de sa faute que de la mienne. Je me sens coupable de vouloir tout bouleverser alors que, techniquement, tout va bien. »

Une introspection à chaque dizaine

Catherine Grangeard, psychologue, psychanalyste et autrice du livre « Il n’y a pas d’âge pour jouir » (Larousse) définit ce qu’on appelle la crise de la quarantaine comme une étape, comme à chaque changement de décennie : « Chaque dizaine susciterait un bilan. À 20, bye-bye l’enfance. À 30, cette fois, il faut être sérieux, finie l’adolescence. À 40, c’est plus ou moins le milieu de vie, et pour les femmes, on dit qu’elles sont rattrapées par « l’horloge biologique », entendez la capacité d’avoir des enfants.

Qui plus est, la peur de vieillir très forte dans notre société trouve de quoi faire flipper avec les 1ères rides et en fin de quarantaine ce sera 50 ans, la femme devient alors vieille avec la ménopause (je dis tout ceci d’un ton mi-amusé, mi-révolté) … L’invisibilité sexuelle semble le couperet pour les « ménopausées »…. 60 ans, de pire en pire, les enfants sont partis, les divorces gris se multiplient mais les difficultés à re-rencontrer des hommes s’aggravent… et on a de plus en plus de décès autour de soi, comment ne pas s’angoisser ? Entre les préjugés sociaux et les réalités physiques, biologiques, à 40 ans, l’impression de passer un cap est souvent de mise. »

Les deux chemins aux portes de la quarantaine

Pour elle, le cas de Maeva n’est pas isolé : « Les relations sont volontiers réévaluées et de nouveaux critères peuvent apparaître. Quelque chose de moins léger peut-être s’impose. Il y a, à l’inverse des personnes qui sortent d’un engagement depuis très jeunes, les classiques rencontres de lycée ou de fac qui ont mené au mariage de très jeunes gens. Souvent ces couples ont eu dans la foulée des enfants. Classiquement, à 40 ans, beaucoup de divorces se constatent.

Ce sont deux rythmes opposés qui vont bouleverser cette classe d’âge

Certaines personnes veulent alors « en profiter », tant qu’il est encore temps… Les gardes partagées donnent beaucoup de liberté en ce cas… Ainsi, on pourrait dire qu’il y a 2 grands types de quadragénaires. Ceux qui se casent et ceux qui sortent des cases classiques… On peut comprendre que ce sont 2 rythmes opposés qui vont bouleverser cette classe d’âge ! »

Une expérience propre à chaque personne

Elle invite à prendre au sérieux cette crise qui fait souvent office de moqueries : « Certaines personnes prennent conscience que « ça suffit ! » et que « ça ne peut plus durer ». Quand la vie ne va plus, quand un réel besoin d’autre chose s’exprime, c’est très sérieux. Les « crises existentielles » n’ont pas d’âge, elles peuvent donc aussi avoir 40 ans !

Pour d’autres, c’est moins profond et on assiste plus à un réajustement. Mais entre les deux, il y a aussi des personnes qui évoluent tranquillement tout au long de la vie, mais tout aussi réellement que celles qui vont de crise en crise. L’âge ne fait pas tout. La structure psychique, la personnalité influe sans doute beaucoup plus. N’oublions pas de mentionner l’influence du contexte social. Dans certaines sociétés où la famille compte plus que l’épanouissement individuel, on n’assiste pas à tant de remises en question. »

« J’ai besoin de vivre mais pas de détruire tout ce que j’ai construit »

Maeva a décidé de commencer une thérapie pour démêler sa situation amoureuse et ses désirs : « Je parle à quelqu’un de neutre ce qui évite que chaque réflexion partagée sur le sujet se termine avec des larmes. J’ai besoin de me faire confiance et avec cette histoire de crise de la quarantaine j’ai juste l’impression de faire comme une crise d’ado et que je vais regretter chaque décision après. J’ai une famille, ce n’est pas rien.

Mais j’ai appris aussi qu’il n’y avait pas qu’une seule voie possible même en amour. Si mon mari l’accepte, on va peut-être faire quelques mois de couple libre tout en m’organisant du temps toute seule. J’ai besoin de vivre mais je n’ai pas besoin de détruire tout ce que j’ai construit avant. Je peux aussi mettre notre histoire sur pause, c’est ce que ma psy m’a appris. Ce n’est pas tout noir ou tout blanc. C’est à moi de trouver une formule qui me convienne et qui nous convienne. Mais je sais que je me sens vieillir et que j’ai besoin de profiter pour ne pas le regretter plus tard. Donc j’accepte le fait d’avoir besoin de bouleversements. Ce n’est pas évident aussi de s’autoriser ça. D’être l’élément perturbateur. Doucement, j’apprends à assumer. Et à mettre des mots sur mes désirs et mes besoins. J’ai quarante et un ans et j’ai l’impression de me comporter enfin comme une adulte à part entière. »

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page