Santé

En vidéo, le témoignage de Anne, 59 ans, survivante du sida qui vit avec le VIH depuis 37 ans.

Comment vit-on aujourd’hui avec le VIH ? Notre journaliste est partie à la rencontre de Anne, 59 ans, survivante du sida, qui nous raconte son histoire et son quotidien. L’article ci-dessous est en grande partie la retranscription des interviews vidéo associées. 

Quelle a été votre réaction ?

Quand on me l’a vraiment annoncé, en mars 86, je suis partie dans les toilettes. J’ai pleuré pendant une demi-heure et j’ai pris la décision de ne pas avoir d’enfants parce que je ne voulais pas contaminer un enfant ou qu’un enfant perde sa maman. Donc voilà, en 85/86, c’était la mort. C’était le début de l’hécatombe. J’ai vécu avec cette stigmatisation et toutes ces morts autour de moi.

Avez-vous déclenché le sida ?

Avoir le sida, c’est avoir moins de 200 CD4 dans le sang. Les CD4, ce sont des cellules immunitaires. Et quand leur quantité est vraiment basse, on déclenche des maladies opportunistes. Moi, j’ai eu une toxoplasmose cérébrale. J’ai eu des levures qui m’ont envahi la bouche, l’œsophage et je ne pouvais plus rien avaler. Quand je ne pesais plus que 37 kilos, que j’étais chez moi avec ma perfusion de 6 h d’antifongiques, pour moi, l’avenir c’était la mort. J’étais prête à partir. Je n’avais plus de regrets. J’étais sereine parce que je n’étais plus angoissée par l’avenir, parce qu’il n’y en avait plus. 

J’ai été sauvée en 1996 par les antiviraux, des molécules qui empêchent le virus de se multiplier. Je les ai pris et un mois après, je courais comme un lapin ! Alors qu’ avant, je n’arrivais plus à monter un escalier. C’était incroyable, une résurrection pratiquement instantanée. 

Comment vivez-vous avec le VIH aujourd’hui ?

Je vis très bien avec le VIH. J’ai un seul médicament à prendre par jour et ce n’est rien du tout parce que dans les premières années, j’en avais 40 à prendre par jour. Je vis comme tout le monde. L’avantage d’être séropositif, c’est qu’on a un check-up tous les six mois à l’hôpital. Nous sommes beaucoup plus surveillés qu’une personne séronégative. On estime qu’on a une espérance de vie supérieure aux gens qui ne sont pas séropositives. 

Ce que je peux vous dire, c’est que tout ce qui m’est arrivé, ça m’a donné une chose : vivre l’instant présent, vivre le ici et maintenant et savourer les petites choses.

Quel message vous tient à cœur ?

Toutes les personnes séropositives, avec une charge virale indétectable depuis six mois, qui prennent bien leur traitement, sont inoffensifs. C’est-à-dire qu’ils ne peuvent absolument pas contaminer, d’aucune façon que ce soit les personnes. Ça ne se sait pas. Même moi, mon médecin ne me l’avait pas dit et je l’ai appris en entrant chez AIDES, il y a trois ans. Je trouve ça monstrueux que tout le monde ne le sache pas. Parce que ça enlève toute sérophobie par rapport à une contamination possible. 

Pas mal de garçons m’ont fui, pas très courageux, en sachant que j’étais séropositive. Ça leur a fait peur. Si on avait su ça avant, je ne sais pas si je l’aurais dit, parce que je suis comme tout le monde. Moi, je suis fière. Je suis fière d’être comme je suis, d’avoir vaincu, d’être comme tout le monde. Donc je ne le dis pas à tout le monde parce que je ne l’ai pas en bannière, mais quand on discute avec des gens, ça vient très rapidement. Je dis que je suis séropositive et j’en suis très fière.

Que diriez-vous à une personne qui vient d’apprendre qu’elle est séropositive ?

Pas de panique, c’est rien. Tu ne vas pas mourir, il n’y a aucun risque. Il faut simplement que tu ailles à l’hôpital. Tu vas être très bien pris en charge. Ils vont te mettre sous traitement, tu vas aller à l’hôpital tous les six mois, et tu auras un comprimé à prendre par jour, c’est tout. Tu vas vivre, ne t’inquiète pas. 

Comment vous engagez-vous aujourd’hui ?

Je me suis dit, je vais témoigner de ma survie, de ma vie et aussi aider les personnes qui vivent avec le VIH. Et donc, je me suis engagée chez l’association AIDES. Depuis, je suis volontaire sur le territoire parisien et élue dans un lieu de mobilisation. 

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