En vidéo, le témoignage de Véronique et de Pierre, qui ont tous les deux eu un AVC et des troubles du langage

Raconter son parcours après un AVC ? Pas simple. Pour mieux comprendre l’impact d’un accident vasculaire cérébral sur la vie de la personne et notamment le langage, notre journaliste a rencontré Véronique, 59 ans, et Pierre, 51 ans, tous les deux rescapés d’un accident vasculaire cérébral. L’article ci-dessous est en grande partie la retranscription des interviews vidéo associées. 

« Je ne pouvais que dire : non, non, non… »

J’ai senti que ça n’allait pas. Je ne pouvais que dire “Non, non, non”. Pourquoi ? Je ne sais.” plaisante Véronique, 59 ans, racontant son AVC qu’elle a eu il y a maintenant plus de 20 ans. Pierre, 51 ans, s’est réveillé à l’hôpital après son accident qu’il a eu il y a 1 an et demi. Quand un médecin lui a montré un stylo et lui a demandé de nommer l’objet, il n’a su répondre. J’ avais un trou, j’ai découvert que j’avais perdu tous les mots.Un mutisme, premier symptôme de l’aphasie, qui peut être difficile à vivre. Véronique est une personne très sociable et de nature loquace. “ Les gens parlent. Tout à coup je me tais ? Ça ne correspondait pas au schéma que je me faisais de ma personne.” Pierre, bien que de nature plus introvertie, a également constaté les difficultés de suivre des conversations en groupe. Depuis son AVC il a privilégié les conversations individuelles. 

Vers la reconstruction

Pour Véronique, retrouver la parole a nécessité plus de 2 ans d’orthophonie, rythmées par plusieurs séances par semaine. Quand ses séances d’orthophonie ont touchées à leur fin, la parole n’était pas parfaite. “Mon orthophoniste m’a dit. “Je vous préviens, la parole, c’est votre raison de vivre” ça m’a travaillé.“ Le quotidien de Pierre, en pleine reconstruction de la parole, est rythmé par les dictées qu’il fait chez lui et ses séances d’orthophonie. “il peut y avoir des moments difficiles, des moments de découragement, parce qu’on va atteindre des plateaux de récupération avant d’ à nouveau retrouver de nouvelles capacités.” décrit Flavie Angoustures, l’orthophoniste de Pierre. “Mais on accompagne les patients vers un mieux.”. 

L’entourage face à l’aphasie

Aujourd’hui, l’aphasie ne se remarque quasiment plus chez Véronique, mis à part certaines situations décrites par sa fille Charlotte : “Je sais que quand elle est énervée, son aphasie va être de plus en plus remarquable parce qu’elle va être dans une situation où elle ne va pas réussir à contrôler sa nervosité. Du coup, moi j’en profite énormément. C’est à dire que je comble le silence en criant un peu plus fort.” avoue Charlotte, très proche de sa mère qu’elle n’a jamais connue sans son handicap. “Honnêtement, il y a des moments où elle n’a pas besoin de terminer sa phrase. On comprend totalement ce qu’elle veut dire. On communique autrement, par les regards, avec les fous rires.” La récupération de la parole par les séances d’orthophonie, l’ouverture d’esprit de Véronique et sa solarité empêchent toute incidence de son handicap sur ses relations. Son cercle social est impressionnant. 

Le handicap de Pierre a pu, par moments, susciter de l’incompréhension auprès de son entourage : “Mon fils n’a pas compris. Il a compris que mon cerveau était foutu parce que je n’étais plus capable de lui parler. Donc pour lui je n’étais plus capable de réfléchir non plus.” Contraint par ses difficultés à s’exprimer, il était compliqué pour Pierre de jouer son rôle de père. De dire à son fils de se lever, faire ses devoir, de ranger sa chambre. “Mon fils était très en colère et je pense qu’il a eu peur qu’il ait perdu son père.” Au bout d’un an, voyant les progrès de Pierre, il s’est aperçu que les capacités de compréhension de son père n’étaient pas gravement atteintes. Aujourd’hui tous les deux ont retrouvé une relation apaisée. 

De la patience et de la persévérance

L’ accident de Pierre et Véronique à impacté leur vie, leur regard sur eux-même et sur les autres. “Je pense que le handicap de ma mère lui a apporté une patience et une compréhension des autres qui est bien plus importante.” explique Charlotte 

“C’est-à dire qu’elle est très empathique. Le fait qu’elle ne parle pas très rapidement, lui permet de vraiment prendre le temps d’écouter les autres et de dire ce qu’ils ont besoin d’entendre.”Pierre comprend désormais mieux son père qui a également fait un AVC 6 mois avant lui.J’arrive à avoir une conversation assez agréable alors que son entourage s’énerve et s’impatiente avec lui.” 

Pierre insiste sur la nécessité d’être patient, de persévérer et de ne jamais perdre espoir pour se reconstruire. “C’est incroyable, le cerveau est très plastique, arrive à recréer des choses. Il faut juste accepter ce qui nous est arrivé et s’apercevoir que la vie est fragile et qu’on a déjà beaucoup cette chance d’être toujours vivants. Ça me donne beaucoup plus de bonheur de ce que j’ai et et aujourd’hui je suis vraiment en forme.”

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