Santé

Faim émotionnelle : 4 conseils d’une psychosociologue pour en venir à bout

Retrouver le droit de manger sans culpabiliser, sans contrôle, sans injonction, et désinvestir la nourriture d’une mission qu’on lui a, à tort, assignée, celle de pallier nos manques, nos désirs, nos carences… Voilà qui pourrait résumer cette food positive attitude. Redonner à la nourriture sa juste place, celle du besoin physiologique et du plaisir, en sortant de l’emprise de la « faim émotionnelle », c’est tout l’enjeu. « Très souvent, on utilise la nourriture comme un régulateur des émotions, comme si la gaufre ou la pizza engloutie à la va-vite avait le pouvoir de nous apaiser », explique Christèle Albaret. Or l’ampleur de ce que l’on demande à la nourriture correspond à l’ampleur des besoins non comblés dans notre vie, d’amour, de sécurité, d’estime. Mode d’emploi pour faire bouger les lignes en quatre étapes.

1. Analyser son rapport à la nourriture                                             

Il s’agit de faire une sorte de check-up et d’évaluer comment la nourriture joue avec nos émotions. Est-ce que l’alimentation est une source de plaisir ou de culpabilité ? Est-ce que je peux prendre un peu de poids sans stresser ? Est-ce que je m’interdis de manger certaines choses par principe, même si je les aime ? Est-ce que je rentre du boulot et, sans même avoir eu le temps d’enlever mon manteau, je file direct ouvrir le réfrigérateur ? Est-ce qu’au supermarché je ne peux pas m’empêcher de lire les étiquettes ? L’idée est de regarder comment la nourriture joue avec nos émotions, nos peurs. Pour ce faire, on prend un carnet et un crayon et, durant quatre semaines, on note ses comportements alimentaires. Par exemple, quand je suis allée faire une razzia de chouquettes à la boulangerie, est-ce que j’avais faim ou pas ? Et si je n’avais pas faim, quelle situation concrète a entraîné cette fringale ? Quelles pensées et émotions a-t-elle générées ? C’est ainsi que, note après note, on prend conscience du besoin non satisfait. Un premier pas nécessaire, car c’est la prise de conscience qui permet l’action.

2. Évaluer sa « colonne vertébrale de confiance »                                             

Elle est constituée de quatre piliers, l’amour, l’estime, la confiance et l’affirmation de soi. Pour les nourrir, il s’agit de ne plus repousser ses failles et sa différence mais de les accueillir et de regarder ce qui pèse trop dans son « sac à dos de vie ». Qu’est-ce qui prend de la place et ne vous appartient pas ? Qu’est-ce qui a été utile à un certain moment et ne l’est plus aujourd’hui ? On prend aussi le temps de regarder les masques que l’on s’est fabriqués – celui du bon élève, celui du Bon Samaritain, celui de Calimero… Est-ce qu’on veut être estimé pour ce qui a de la valeur pour nous ou pour ce qui en a pour l’autre ? De fait, quand on fait beaucoup d’efforts pour correspondre aux attentes des autres, la nourriture peut servir de soupape.

3. Se mettre en mouvement                                                                                                                                                   

Dans un troisième temps, il est bon de se remettre en mouvement pour être en adéquation avec ses besoins, ses envies, son système de valeurs. On regarde alors toutes les peurs qui nous immobilisent – peur de ne pas y arriver, de blesser quelqu’un, de manquer, de perdre le contrôle, d’être abandonné… Des peurs que l’on a pris l’habitude de compenser par la nourriture. Ainsi, on se demande quel désir profond se cache derrière chaque peur. Si, par exemple, notre plus grande peur est de ne pas retrouver une relation saine parce que l’on a été échaudé par une histoire amoureuse douloureuse, notre plus grand désir est sans doute, au contraire, de faire confiance à une relation. Dans ce cas, plutôt que d’écouter sa peur, en faisant en sorte de ne rencontrer personne, on cherche à répondre à son besoin profond. Souvent, on reste dans des zones faussement confortables où l’on pense être protégé. Il est important d’arrêter d’éviter ses peurs et de commencer à agir pour répondre à ses besoins. Sinon, la vie se réduit comme peau de chagrin.

4. Choisir qui on invite à sa table                                                                            

Certaines des relations que nous entretenons produisent de l’anxiété et altèrent notre confiance en nous. Ce faisant, elles deviennent grandes consommatrices d’énergie affective. La question à se poser est donc : est-ce qu’on aime la compagnie de telle ou telle personne et quelle image nous renvoie-t-elle ? Est-ce que je fréquente untel ou unetelle par habitude ou par plaisir ? Est-ce qu’il/ elle nourrit ma vie et réciproquement ? Est-ce qu’il/elle me prend mon énergie, m’incitant à compenser, notamment par la nourriture ? Pour y voir plus clair, on dessine une table, et on y installe les personnes que l’on fréquente le plus, que ce soit par envie, par habitude ou par obligation. Il s’agit d’identifier ceux qui vous nourrissent et ceux qui sapent votre énergie. Et ensuite de réfléchir à ceux qu’on aimerait voir y prendre place, par exemple des gens qui partagent les mêmes passions que vous. Un entourage qui n’est pas nourrissant active la faim émotionnelle.                                          

« Quand la nourriture vous manipule », de Christèle Albaret (éd. Larousse).

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