Santé

Familles recomposées : des belles-mères nous racontent comment elles ont trouvé leur place

« J’avais l’impression de gêner ou de voler leurs moments à trois », Jeanne*, 30 ans 

« La première rencontre était assez timide. J’ai beaucoup appréhendé, je me suis même dégonflée plusieurs fois. Je les ai rencontrées au bout de 10 mois de relation, elles avaient 10 et 11 ans. On est sorties manger une glace et elles étaient hyper réservées. Il faut dire que les gamines avaient déjà rencontré une autre copine de leur père, après sa séparation avec leur mère. Maintenant, je les ai un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Elles sont assez ouvertes, n’ont jamais été hostiles à mon arrivée dans leur vie. Il n’y a cependant eu aucun contact physique pendant un an. On sortait du COVID et je pense qu’elles n’étaient pas très à l’aise. Et pendant nos premières vacances ensemble, l’aînée se mettait beaucoup entre son père et moi physiquement lors des balades.  

C’est vraiment difficile de trouver sa place au début. J’avais l’impression de gêner ou de voler leurs moments à trois. Par exemple, je leur laissais toujours la moitié du week-end ensemble, sachant qu’il ne les accueille qu’un week-end sur deux. En fait, je me suis mis la pression toute seule et mon mec me l’a rappelé : “Tu fais partie de ma vie, si elle voit que je suis heureux avec toi, elles sont contentes.” 

Au niveau de leur éducation, je ne suis pas toujours d’accord mais, je ne peux rien dire. Je l’ai fait pour la première fois cette année après trois semaines de vacances ensemble. L’aînée m’a mal parlé et je me suis permise de la recadrer. J’ai simplement été très ferme en disant j’étais déçue de lui avoir offert un manga pour qu’elle me parle ainsi par la suite. Une heure plus tard, elle a éclaté en sanglots et s’est confondue en excuses. Depuis, elle est adorable avec moi. Je pense que le fait d’avoir eu une posture d’autorité a permis de recadrer les choses : je suis une adulte et pas elle.  

Je pense vouloir un enfant mais je n’ai pas transposé ce désir sur ceux de mon copain. Je n’ai pas un besoin d’affection particulier venant d’elles, mais je m’y suis attachée, évidemment. Je suis touchée lorsqu’elles m’offrent un cadeau pour mon anniversaire ou qu’elles m’envoient une carte pendant les vacances. Je ne les ai pas connues petites, c’est peut-être pour ça que je ressens moins cet attachement. Mais un lien naturel et affectif s’est quand même créé assez rapidement entre nous. On a une conversation WhatsApp à quatre depuis un an et demi, qu’on alimente tous les trois ou quatre jours. On s’envoie des photos, des bêtises sur TikTok, leurs emplois du temps… 

Grosso modo : il faut composer avec des préadolescentes qui ont un Œdipe à régler, j’ai déménagé dans un T3 qui me coûte plus cher pour avoir des lits d’enfants, je dois m’intéresser aux mangas afin d’avoir un sujet de conversation et connaître toutes leurs histoires de collège ! En fait je crois que la clé pour créer du lien, c’est vraiment de s’intéresser à elles. Elles ont 12 et 13 ans et sont à une période adolescente où rien n’est très évident. Et moi, j’ai l’avantage d’avoir 30 ans. Elles ne me voient pas comme une marâtre, mais plutôt comme la copine de leur père qui porte des baskets et qui connaît un peu TikTok. Quand tu t’installes, tu prends le package. Tu sais que si les enfants sont en bas âge, tu ne vas pas dormir. Quand ce sont des ados, que tu vas te coltiner la mauvaise humeur et les cheveux gras.  

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