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Ils ont trouvé l’amour dans un jeu vidéo : « Notre fille porte le nom de la Reine des elfes de la nuit »

« On s’est croisés dans un donjon totalement par hasard et, depuis, on ne se quitte plus. » Laurie, 30 ans, et Rémy, 34 ans, se sont rencontrés en 2011 dans le jeu vidéo World of Warcraft (WoW). Elle incarnait une Guerrière, tandis qu’il évoluait en tant que Mage elfe de sang de niveau 30, dans l’univers médiéval-fantastique de ce jeu en ligne massivement multijoueur (MMORPG), qui consiste à réaliser des quêtes et combattre des ennemis toujours plus forts, pour gagner en expérience et monter en niveau. Alors, comment cette rencontre virtuelle s’est-elle transformée en histoire d’amour, bel et bien réelle ?  

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Une connexion quasi-immédiate 

Le jeu social World of Warcraft nécessite d’avancer en groupe, avec un système de « guildes » – des communautés composées de plusieurs joueurs, pour réaliser des « raids » et ainsi progresser dans l’aventure. « Je l’ai invitée à rejoindre ma guilde, où j’étais officier », raconte Rémy. « J’ai fait des raids avec eux, et j’ai gravi les niveaux », poursuit sa compagne.   

En dehors de ces moments de jeu qui s’organisent en direct et en équipe, les fans de WoW peuvent passer des heures à discuter, développant ainsi des liens très forts. C’est le cas de Rémy et Laurie, qui échangeaient régulièrement. « Nous ne nous téléphonions pas car, à l’époque, j’étais très timide, et c’était terrible pour moi de passer un appel », raconte la jeune femme. « On s’écrivait toute la journée, rebondit son compagnon. Au fil du temps, le jeu est devenu secondaire, et on parlait de tout un tas d’autres choses. »  

« Je n’ai pas eu besoin de la rencontrer pour savoir qu’elle m’attirait » 

Une complicité s’est installée entre ces deux personnages de la Horde – l’une des deux factions du jeu, qui voue une guerre sans merci à l’Alliance depuis près de vingt ans. Pour cause, les deux tourtereaux se sont découvert une passion commune pour les mots. « Nous sommes deux grands lecteurs, avec une expression écrite particulière », confie Rémy. Je me suis vite attaché à elle, parce que j’adorais sa façon de parler, et je la trouvais hyper intéressante. Je n’ai pas eu besoin de la rencontrer pour savoir qu’elle m’attirait. » Les deux joueurs s’étaient également échangé quelques photos.  

Puis, cinq mois après leur rencontre dans le donjon de WoW, ils se sont donné rendez-vous à Béziers, à 360 kilomètres du domicile de Rémy, qui habitait à Grenoble. « Je me suis garé devant l’école de Laurie. Dès que je l’ai vue, j’ai complètement craqué et j’ai su que j’allais habiter avec elle ! », s’exclame-t-il. Un coup de foudre réciproque : « J’attendais cette rencontre depuis longtemps, mais je l’appréhendais aussi beaucoup. Je me souviens avoir demandé à une camarade de promo de dormir chez moi la veille, et elle m’a coachée pendant des heures, avant le moment fatidique. J’étais dans un stress monumental », raconte Laurie. Finalement, quand je l’ai vu, ça a été immédiat ! » Les amoureux ont passé une semaine ensemble, avant que Rémy ne rentre chez lui. « Notre relation a été rendue publique auprès de nos camarades de jeu, et on était identifiés comme le petit couple de la guilde. On nous taquinait pas mal à ce sujet », s’amuse Laurie. Les étudiants se sont revus plusieurs fois au cours de l’année scolaire, avant d’emménager ensemble à Montpellier, et de migrer quelques années plus tard à Grenoble, la ville d’origine de Rémy. Une idylle qui dure depuis près de douze ans maintenant. « On a même acheté un appartement ensemble ! », se réjouissent en chœur cet employé de ménage, et cette passionnée de tatouages, en pleine reconversion pour vivre de son art.  

« Son avatar était l’un des plus beaux, mais quand j’ai vu sa photo, j’ai su qu’il me plaisait vraiment ! »

De leur côté, Jeanne, 30 ans, et Quentin, 31 ans, se trouvaient au niveau maximum de l’extension Shadowland lorsqu’ils se sont rencontrés dans WoW en 2021. Le Paladin et le Prêtre elfe de sang, qui faisaient partie de la même guilde, se donnaient régulièrement rendez-vous pour tuer des monstres dans des donjons, réaliser des quêtes et autres challenges, au cours desquels ils échangeaient sur Discord – un système audio qui permet de se parler en jouant. « On s’est rencontrés pendant les vacances, donc il nous arrivait de rester connectés jusqu’à cinq heures du matin ! », avoue la jeune femme, qui a rapidement été séduite. « Il y a beaucoup d’hommes sur les jeux vidéo, mais lui se démarquait par son humour », confie-t-elle. De plus, un trombinoscope était disponible, pour mettre un vrai visage sur leurs voix. « Son avatar était l’un des plus beaux – les elfes de sang sont les meilleurs ! – mais quand j’ai vu sa photo, j’ai su qu’il me plaisait vraiment », poursuit cette assistante vétérinaire, qui a fait des pieds et des mains pour attirer l’attention de son crush… par écrans interposés. « Quand on s’est rencontrés, il ne me parlait absolument pas, j’avais presque l’impression qu’il me snobait ! J’ai dû le motiver à venir farmer [répéter la même action au même endroit pour gagner rapidement en expérience, ndlr], pour lui montrer que j’étais là », se souvient-elle. Et puis, le feeling s’est installé progressivement. 

Jeanne et Quentin ont continué à communiquer durant trois mois, et la jeune femme l’a invité chez elle pour le réveillon du Nouvel an, qu’elle passait avec des amis. « Heureusement, sa photo n’était pas un fake, plaisante-t-elle. J’ai eu un vrai coup de cœur, il était bien plus beau que je ne l’imaginais. On a passé la soirée à regarder une série, à parler de tout et de rien, et à rigoler. » Depuis, le couple a emménagé sous le même toit, à Nantes, et file le parfait amour.  

Ils emménagèrent ensemble et eurent beaucoup d’elfes

Quant à Caroline, 42 ans, elle a rencontré Gaëtan, 38 ans, en 2009. « Je faisais partie d’une petite équipe, avec des raids de petits niveaux, et j’avais envie d’évoluer, raconte la Chasseuse. Un ami qui jouait dans l’une des plus grandes guildes du serveur, Narsilion, m’a dit que Gaëtan recherchait de nouveaux joueurs. Ils m’ont donc prise à l’essai. »

Au fil des raids, Caroline est tombée sous le charme de ce Guerrier tank. « En tant que raid leader, Gaëtan avait pour rôle d’expliquer les mécaniques des boss à tuer, et les stratégies à employer. Je sortais d’une relation compliquée, et j’ai beaucoup aimé la façon dont il s’exprimait. Je suis également sensible aux voix, et la sienne m’a plu tout de suite. » 

« Nous avions l’habitude de nous attendre devant la banque de la capitale, à Dalaran »

Caroline et Gaëtan ont fait plus ample connaissance à l’occasion d’une chasse aux œufs de Pâques. « J’ai demandé de l’aide dans le canal écrit pour accomplir des quêtes et il s’est proposé de m’accompagner. Nous avons passé l’après-midi ensemble, à chasser des œufs en chocolat, qui servaient de monnaie dans le jeu », raconte-t-elle. Une activité qui leur a permis de se rapprocher. « Comme on s’entendait bien, on s’est mis à faire des quêtes journalières. Nous avions l’habitude de nous attendre devant la banque de la capitale de l’époque, Dalaran », se souvient Caroline. Puis, la Chasseuse et le Guerrier tank, qui communiquaient régulièrement, ont basculé sur MSN – la fameuse messagerie instantanée qui a fermé ses portes en 2013. « On parlait de nos vies réelles durant des heures, on s’envoyait des photos marrantes, on utilisait même notre web cam », confie Caroline. Un mois et demi après leur rencontre, la Toulousaine a proposé au Parisien de lui rendre visite. « Il a pris ses billets de train illico ! Je lui ai fait visiter la ville, on a pris notre temps, et ça s’est très bien passé. » S’en sont suivies quelques allées et venues entre la ville rose et la capitale. 

« Si nous avions eu un garçon, nous l’aurions appelé Varian, le Roi des humains » 

En 2010, Gaëtan a posé définitivement ses cartons dans le Sud, où ils ont acheté un appartement, et où la magie continue d’opérer. S’ils passent moins de temps sur WoW, dont l’utilisation est très chronophage, Caroline a gravi les échelons, devenant ainsi officier.

En 2016, cette infirmière et ce chef de caisse dans un supermarché sont devenus parents, et ont tenu à rendre hommage à leur personnage préféré : leur fille répond aux doux prénoms de Juliette Monique Isabelle Tyrande [la Reine des elfes de la nuit, ndlr]. « Si nous avions eu un garçon, nous l’aurions appelé Varian, le Roi des humains à cette époque-là. » La boucle est bouclée.


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