J’ai testé… le sextoy en verre

On me le vend écolo, respectueux de mon corps, facile à nettoyer, et particulièrement hygiénique. Moi je le trouve surtout très chic, mon sextoy en verre. Avec ses liserés en relief bleus et bordeaux qui s’entrelacent en formant deux spirales, et la noblesse du verre qui reproduit un phallus, on dirait presque une œuvre d’art ramenée de Murano. D’ailleurs, lorsque je l’ai reçu, j’ai été très tentée de l’exposer dans mon salon, comme un presse papier à peine un peu obscène. À défaut de m’en servir pour jouir, je pourrais ainsi m’en servir pour décorer mon intérieur, façon Jean Milburn dans « Sex Education ». Finalement, la visite de mes parents a eu raison de mes velléités Déco et j’ai bien dû faire face à la vocation première de ce sextoy, si dur et dense soit-il. J’ai donc eu beau repousser le tête-à-tête, il était grand temps de choquer les verres.   

Un sextoy pour mieux se (re)découvrir   

Première approche lancée : le dildo forme une très légère courbe, et il possède deux embouts incurvés, l’un reproduisant subtilement le gland d’un pénis, l’autre étant arrondi pour faciliter la prise en main. On est loin des sept programmes de vibrations intenses, des réglages de vitesse et de puissance et des orgasmes qui débarquent en moins de temps qu’il ne le faut pour se connecter au site d’Erika Lust ! Le sextoy en verre nécessite une vraie exploration, sinon une réconciliation avec sa vulve.   

Le verre conservant les températures, Internet me conseille de placer le dildo au Frigo, ou de le plonger dans l’eau bouillante « pour plus de plaisir ». Je lis également une information qui m’angoisse plus qu’elle ne me rassure : il est incassable. Bon. Pas immédiatement tentée par l’ébouillantage, j’appréhende la bestiole en optant pour la solution de facilité : le Frigo. L’avantage est qu’il suffit de quelques minutes à peine entre le St Moret et le tofu soyeux pour que mon œuvre cristalline se refroidisse. Le contact du verre frais est très agréable – d’autant plus quand il fait 30°C dehors. Lui et moi faisons connaissance, et je dois avouer que le fait de ne pas jouir en sept secondes chrono est plutôt satisfaisant, une fois la frustration acceptée. Le godemichet en verre réclame de la patience, des changements de rythmes, et différents niveaux de pression exercés sur le clitoris. On ne se place plus dans une sorte de masturbation mécanique, mais bien dans une exploration de soi qui peut prendre un peu de temps et d’énergie. (Spoiler alert : j’ai eu des courbatures pendant deux jours… le dildo en verre, bientôt dans tous vos meilleurs cours de Pilates ?).   

Après quelques minutes d’initiation, je me dis que ce test ne saurait être complet sans une rencontre en profondeur. Les spirales qui l’entourent, et son incurvation, sont sensées me procurer moult plaisir. Prête à tout pour la recherche de la vérité et l’éthique journalistique, je surmonte ma peur et introduis donc l’œuvre d’art. Je vous ai précisé qu’il mesure vingt-deux centimètres ?   

Finalement, ce n’est pas si mal, même si légèrement inconfortable au début. Autant vous le dire tout de go : vous avez intérêt à être très excitée, ou à utiliser un bon lubrifiant. Quant aux liserés colorés, je ne sais pas si mon périnée est fatigué, ou s’ils ne sont qu’un leurre, mais je ne les sens pour ainsi dire pas. L’incurvation du sextoy est en revanche plutôt bien pensée, puisqu’elle stimule le point G. C’est du plus bel effet. Je cerne de mieux en mieux l’objet, je prends mes aises et décide de me mettre sur le ventre. Trouille de me faire empaler, mais j’ai décidé de donner de ma personne pour ces chroniques. Là encore, c’est un peu inconfortable et il faut jouer des coudes pour trouver le bon angle, mais quand on y arrive, c’est plutôt très satisfaisant.   

Pause bouilloire   

Je trouve que mon test avance bien, mais je reste frustrée de n’avoir pas été au bout de l’expérience, en faisant chauffer mon dildo. J’envisage les casseroles, et réalise qu’il va falloir sortir la marmite pour faire rentrer mon engin de vingt-deux centimètres. J’abandonne, et allume plutôt la bouilloire. Le gode au bout des doigts, je verse l’eau bouillante en cascade sur mon presse papier phallique, en espérant que personne ne vienne se faire un sandwich à ce moment-là. Je retourne à mes affaires progressivement, évitant autant que possible d’atterrir aux urgences avec une brûlure du vagin au second degré. Les sensations sont saisissantes, et je ne regrette pas l’intendance et la mise en scène que requiert mon sextoy en verre. Le fait de souffler le chaud et le froid apporte un ressenti assez inédit, et la texture et la densité du verre, effrayantes au début, sont finalement des alliées dans la recherche du plaisir. L’orgasme vient plus progressivement qu’avec les sextoys plus classiques, et il est donc d’autant plus appréciable.  

En conclusion : il nécessite un peu d’efforts, mais il se révèle finalement bien plus redoutable que prévu. Moi qui le regardais avec un air de ne pas y toucher, j’ai été agréablement surprise par les sensations qu’il procure.  

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