Santé

La question de la semaine : Doit-on forcément coucher quand on est en couple ?

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Une injonction plus qu’un devoir

La réponse : Non mais c’est une idée très tenace, selon Fanny Anseaume. Dans « Le devoir conjugal » (éd. Leduc), cette féministe étudiante en sociologie creuse ce sujet tabou y compris au sein des couples à la lueur des évolutions de #MeToo. Le devoir conjugal, vieille notion aux allures plus que désuètes, c’est l’idée de devoir à son partenaire des relations sexuelles régulières. Est-ce que ça existe encore vraiment ? Cette injonction qui semble venue du moyen-âge n’existe pas dans le Code Civil, mais elle est présente dans la jurisprudence du mariage, et continue de hanter nos inconscients… Elle fournit par exemple, aujourd’hui encore, des clichés ou expressions toutes faites : « un homme doit honorer sa femme », « l’appétit vient en mangeant »… Pourtant, l’idée même de l’existence de ce que l’on peut traduire comme « un devoir de coucher » pose de sérieuses questions, toutes au croisement de l’intime et du politique : celle du consentement, de la conception du mariage, mais aussi, pour le dire avec les mots d’aujourd’hui, de la charge sexuelle au sein du couple…

Des préjudices devant le juge

La manière dont nous bricolons avec la sexualité est complexe, puisqu’elle mêle nos pratiques, nos normes, nos fantasmes, nos désirs et nos représentations… Très honnête, Fanny Anseaume, éveillée au féminisme par le mouvement #MeToo, commence par questionner sa propre vie sexuelle : « Pourquoi devrait-on se forcer ? » « Que se passerait-il si on le faisait plus ? » Mais son enquête rappelle qu’aussi scandaleux que cela puisse paraître, pas plus tard qu’en 2019 en France, une femme s’est vue sanctionner par un juge lors d’un divorce à ses torts exclusifs pour cette raison précise : « son refus à des relations sexuelles avec son mari ». Pour se défendre, cette femme a saisi la Cour européenne des droits de l’homme avec plusieurs associations féministes. Elle plaide que « le mariage n’est pas une servitude sexuelle »… Et attend toujours une réponse, qui pourrait venir bousculer l’appréciation des juges aux affaires familiaux, et leur permettre enfin de mettre un terme à cette injonction d’une autre époque.

* « Le devoir conjugal, on en est où après #MeToo », de Fanny Anseaume (éd. Leduc)

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