Santé

La question psy : « J’ai peur de prendre mes rendez-vous médicaux, comment passer le cap ? »

« Bonjour Docteur, 

Depuis que je suis en mesure de prendre mes rendez-vous médicaux seule, je peine à aller chez le médecin. Un mélange de flemme et de peur. 

Cela va de l’examen gynécologique à l’IRM, du check-up chez l’ophtalmo au rendez-vous annuel chez le dentiste. C’est simple, je sais que je dois y aller. Je sais que c’est mieux pour ma santé. Mais rien n’y fait. Moins j’y vais, mieux je me porte. 

Disons que je vis un peu dans le déni. Si je n’ai pas envie de me taper le crâne contre un mur, je pars du principe que je vais bien. Je prends des médicaments à de très grandes occasions et ne regarde surtout pas sur internet, même si les symptômes s’accumulent. 

Ce n’est pas forcément le rendez-vous en lui-même qui me fait peur. Depuis quelques semaines (quelques mois pour être honnête), je vis dans la peur d’appeler l’hôpital pour fixer un rendez-vous, sorte de phobie administrative médicale. J’ai peur du résultat et, pour la première fois, j’ai aussi peur du rendez-vous en lui-même. Mes proches passent leur temps à me mettre en garde, certains se sont même proposés pour appeler l’hôpital à ma place. Rien n’y fait, je veux le prendre moi-même, quand le moment sera venu, malheureusement ce moment n’arrive pas et fait grandir l’angoisse de vivre avec quelque chose de grave. 

Comment faire pour passer le cap ? » 

Elsa, 24 ans

« Chère Elsa, 

Pas d’inquiétude. Votre situation est normale. S’il existe des personnes hypocondriaques, qui ont besoin qu’on leur pose sans cesse un diagnostic, il existe aussi des personnes qui se sentent mieux sans. Car être en bonne santé, dans notre société, c’est ne pas avoir de diagnostic sur le dos. 

Dans votre cas, on peut déceler de la procrastination au moment de prendre vos rendez-vous médicaux, parce que vous n’en comprenez ni le sens ni l’urgence. Tout dépend de comment vous percevez ça !

Certes, l’issue du rendez-vous urgent que vous mentionnez peut être considérée comme grave. Mais pour qui ? Oui, Il y a des maladies qui s’enveniment, mais à votre âge cela reste rare.

La santé est un jugement social voire moral. Quand on va chez le médecin et que ce dernier nous dit d’arrêter de fumer, c’est un jugement moral. Ce sont des théories qui vont à l’encontre de nos bonnes conduites et qui peuvent rapidement toucher à l’estime de soi. Plus que la peur du rendez-vous médical, il y a la peur d’un jugement ou la peur de dévoiler quelque chose d’intime. Vous avez sûrement du mal avec le fait de lâcher une certaine maîtrise. La toute puissance du médical dans notre culture joue beaucoup. 

Je vous conseille de faire un travail sur les origines de votre problématique. On a tous des vécus ou des récits de maladies qui nous marquent et il ne faut pas oublier que nous sortons d’une pandémie mondiale qui a beaucoup marqué les esprits ! Cela fait partie des choses sur lesquelles vous pouvez avoir des angoisses. Cela ne veut pas dire que vous avez forcément été confrontée à la mort ou à une maladie grave, parfois il ne suffit pas de l’avoir vécu pour être angoissé. 

Ne vous inquiétez pas, il y a des personnes qui ont besoin de se mettre un petit coup de pied aux fesses toutes seules pour passer le cap. L’intervention des proches que vous mentionnez n’est effectivement pas nécessaire. En vieillissant, vous serez face à des échéances (comme la grossesse par exemple) qui feront que vous n’aurez plus le choix. 

En attendant, vous pouvez faire un exercice très simple qui consiste à imaginer deux scénarios. Le scénario catastrophe, dans lequel on vous annonce le pire, – vous n’êtes pas accompagnée au rendez-vous, vous allez passer trois heures dans la salle d’attente et tomber sur le pire des médecins, le résultat engendre d’autres rendez-vous… Et puis il y a le scénario bisounours – vous êtes bien accueillie, accompagnée si besoin, les résultats seront très bons. En clair, tout est parfait.

Maintenant, dites vous qu’il y a de très fortes chances que la réalité se situe entre les deux. On ne sait pas quel sera le résultat mais le fait d’imaginer les deux va permettre de relativiser et de vous rassurer. »

Virginie Piccardi, psychologue et psychothérapeuthe.

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