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Les complexes du sexe : Lola, 34 ans, ne sait pas « bouger en andromaque »

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« Quand je suis sur mon mec pendant l’amour, j’ai l’impression de rebondir bêtement », confie Lola, 34 ans, qui fuit la position sexuelle de l’andromaque et préfère le missionnaire ou la levrette, deux positions plus confortables qui, à ses yeux, nécessitent moins d’efforts et n’impliquent pas d’adopter une posture idéale. « Qui est cette nana ultra sensuelle, qui s’y prend sans les mains et livre le plus beau spectacle qui soit en se tripotant les cheveux ? », demande la jeune femme. Une question que nous sommes nombreuses à nous poser, et qui explique pourquoi la position de l’andromaque n’est pas toujours agréable.

L’andromaque, la position du « rôle principal »

Pour Lola, tout a commencé il y a une dizaine d’années : « Premier rapport en andromaque avec un garçon de la fac, il a passé dix longues minutes à me regarder les yeux grands ouverts, tandis que je me demandais si j’étais assez jolie et si je conduisais suffisamment bien. Ça m’a marquée ! », se souvient-elle. Depuis, Lola associe l’andromaque au « premier rôle » : « J’ai le sentiment d’être la star, de devoir gérer les mouvements tout en veillant à mon allure… C’est épuisant et dommage, car à califourchon, j’ai parfois rencontré de chouettes sensations », raconte-t-elle.

En effet, les qualités que l’on prête à l’andromaque sont loin d’être absurdes : il est vrai qu’en étant sur son partenaire, la femme est libre de son plaisir. « Elle peut contrôler l’angle de la pénétration, accentuer les frottements de son clitoris, opter pour le rythme qui lui convient et même se masturber », observe la sexologue Diane Deswarte, aussi fondatrice du Club Kamami, un espace de dialogues et de consultations sexo. Mais le revers de la médaille existe : on peut ressentir, à l’instar de Lola, une double pression, celle d’être érotique et celle de « bien bouger », jusqu’à se sentir gourde dans cette mécanique du « monter-descendre ».

En andromaque, le vagin ne masturbe pas le pénis

A croire que bouger en andromaque n’a rien d’instinctif. La faute, peut-être, à ce missionnaire tant chéri qui, dès notre entrée dans la sexualité, s’est chargé de définir les rôles de chacun ? Dans l’imaginaire collectif, l’homme est celui qui bouge, si bien que l’andromaque, en enjoignant les femmes de mener le coït, génère une potentielle pression, celle de « manœuvrer la pénétration ».

Or, comme le précise la sexologue, « l’andromaque ne se limite pas à des allers-retours linéaires et mécaniques, contrairement à ce que l’on voit dans le porno, qui a tendance à représenter cette position comme une manière de masturber un pénis. » D’ailleurs, il n’y a pas que le porno qui nous sert une image erronée : même une bonne comédie française ne se prive pas de mettre en scène une femme redressée au dos légèrement courbé, qui effectue des mouvements assurés. « On voit des Shakira du sexe, que nous ne sommes pas. S’il n’est pas illogique que dans l’art, la sexualité déploie un caractère voluptueux et arabesque, nous ne sommes pas tenues d’arborer une telle allure et de prétendre à une telle maîtrise dans notre réalité », détend la sexologue.

Créer son propre andromaque, plus simple et naturel

L’important, donc ? Dézinguer la vision que l’on a de l’andromaque et s’autoriser à créer sa propre version, en s’inspirant notamment de ses variantes. « On peut poser les mains de part et d’autre de son partenaire ou encore se mettre de dos pour gagner en aisance », conseille Diane Deswarte, qui insiste sur « le champ des possibles » de l’andromaque, et particulièrement sur la nécessité de trouver des appuis (matelas, mur, coussins…) pour minimiser l’effort physique et engager alors des mouvements plus naturels.

Autre piste de la part de la sexologue, celle de freiner la pénétration pour casser l’image du va-et-vient machinal et cadencé : « En commençant l’intromission, puis en s’arrêtant à mi-chemin ou un peu plus loin dans le vagin si on le souhaite, on découvre un andromaque plus doux, plus fusionnel, durant lequel il est agréable d’effectuer des petits mouvements, voire même des rotations », expose l’experte, qui certifie ensuite que « cette position n’a pas besoin d’être sportive et extravagante pour procurer du plaisir ».

Se rappeler que nous sommes deux

Le complexe du « bien savoir bouger en andromaque » raconte aussi une autre histoire, celle du devoir inconscient de « procurer du plaisir » en étant une déesse du sexe, dans une société qui place encore la jouissance masculine au centre. « Dans cette position comme dans toutes, nous sommes deux », rappelle l’experte, ce qui signifie que « celle ou celui qui est en-dessous durant le coït n’adopte pas une posture passive, de la même façon que celle ou celui qui est au-dessus n’est pas le ou la seul.e à bouger », ajoute la sexologue. Ainsi, le partenaire participe tout autant : il peut accompagner le mouvement, voire prendre les devants en remuant le bassin, pour une meilleure répartition des tâches.

C’est bon à savoir. Mais comment combattre son complexe à partir de cette réalité ? On peut demander à son partenaire de bouger, de tenir nos hanches pour nous guider et nous soulager. Toutefois, si on n’ose pas en parler, osons alors « moins en faire », tout simplement pour qu’il prenne sa place et que la chorégraphie de l’andromaque s’initie bel et bien en duo.

S’appuyer sur son plaisir pour larguer son complexe

Pour annihiler un complexe, il faudrait apprendre à ne plus y penser durant l’acte sexuel. Seulement, s’il n’est pas évident de quitter son mental, l’andromaque n’est pas une position aidante, puisqu’elle nous tient en vigilance, entre mouvements à engendrer et sentiment d’être exposée. Car oui, « en andromaque, on se sent parfois trop visible au point de tomber dans le spectatorisme, soit l’obsession de l’image que l’on renvoie, ce qui détourne du plaisir et accentue le malaise », observe Diane Deswarte.

Ainsi, la sexologue partage deux astuces. La première ? « Sur le ton du jeu, on peut proposer à son partenaire de fermer les yeux, ce qui permet de partir “en solo” à la conquête de cette position », précise l’experte. La seconde ? Elle complète la première : il s’agit de se concentrer sur son plaisir, de changer le focus pour ressentir un maximum de sensations. « Plus on est consciente et présente à son plaisir, plus on vit des moments puissants, et plus on quitte ses pensées », déroule notre interlocutrice. En somme, reprenons le pouvoir, et profitons, justement, de la liberté que concède l’andromaque pour accéder à ses préférences à soi, en matière de rythme, de pénétration, de stimulation du clitoris… Et si ça ne prend toujours pas ? « On se fiche de ne pas aimer cette position, il en existe bien d’autres, et tant mieux », conclut la sexologue Diane Deswarte.

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