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Ma famille, mes proches et moi : Marie-Ange, 54 ans : « Je ne sais plus quoi faire pour réconcilier mes deux filles »

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« Je suis enfant unique, alors quand j’ai su que j’attendais une deuxième fille, j’ai sauté de joie », se souvient Marie-Ange. « Je me disais qu’elles allaient forcément nouer un lien fort et indéfectible ». Hélas, la réalité est toute autre. D’aussi loin que cette cadre commerciale de la région bordelaise se souvienne, les deux sœurs n’ont jamais été complices. Pis : elles ne se sont jamais aimées. Et se sont beaucoup chamaillées.

Des chamailleries d’enfants

« Lorsque Mathilde est née, Chloé n’avait que vingt et un mois mais, dès que son père ou moi avions le dos tourné, elle allait cacher le doudou de sa petite sœur ou lui tirait les cheveux dans son berceau pour la faire pleurer, glisse la quinqua en soupirant. En grandissant, la cadette, elle, avait le don de toujours se mêler des affaires de son aînée et de « cafter tout ce qui était caftable « , quitte, bien entendu, à en rajouter – « Chloé a dit un gros mot « , « elle a dit que j’étais moche « , « elle ne s’est pas brossé les dents »… -, ce qui, évidemment, plongeait la principale intéressée dans une colère noire. La plupart du temps, ça dégénérait et elles en venaient aux mains ».

La vie à la maison tourne régulièrement au cauchemar

Pendant des années, tout (et surtout n’importe quoi) est prétexte à des comparaisons entre les deux filles. Et à des prises de tête : « Pff, tu ne sais même pas lire (ou faire du patin à roulettes) », « elle a eu plus de gâteau au chocolat (ou de bisous) que moi », « pourquoi je me fais toujours disputer, et pas elle ? ». La vie à la maison tourne régulièrement au cauchemar et la mère de famille se retrouve, le plus clair de son temps, à devoir jouer au gendarme. Elle se fâche, crie, punit. Ou – variante – feint de ne pas vouloir entendre les pleurs, pour ne pas envenimer la situation. Rares sont les moments où tout se passe bien.

Un problème d’éducation ?

« À l’époque, leur père était en déplacement à l’étranger huit mois sur douze », souligne Marie-Ange. « Tout reposait donc essentiellement sur moi. J’enchaînais le travail et les soirées à écouter les plaintes et les accusations de la journée, sans avoir une seule minute à moi pour souffler et pour recharger les batteries. J’étais éreintée, à bout de nerfs ».

Quand elle regarde autour d’elle, la jeune maman voit plein de frères et sœurs qui s’entendent bien. Ils se donnent la main ou se serrent dans les bras sur les photos, rient aux éclats et partagent un tas de choses ensemble. « Je culpabilisais à mort et je ne comprenais surtout pas pourquoi ce n’était pas pareil à la maison », glisse-t-elle. « Il me semblait pourtant n’avoir jamais été ni trop laxiste, ni trop sévère avec Chloé et Mathilde. Je leur avais inculqué de bonnes valeurs – c’est du moins ce que j’espérais – et j’avais toujours fait attention à ne pas montrer de préférences et à ne jamais prendre parti (j’aurais eu bien trop peur de jeter de l’huile sur le feu). Bref, j’avais fait tout ce qu’il fallait faire. À quel moment avais-je bien pu échouer dans leur éducation ? ».

Les conflits continuent et se dégradent

Lorsqu’elle essaie de dialoguer avec ses filles, afin de comprendre d’où vient le souci, Marie-Ange se fait presque systématiquement envoyer sur les roses. Ou alors les deux sœurs se posent en victimes et rejettent la faute sur l’autre, en invalidant son ressenti : « moi je l’aime bien, c’est elle qui ne m’aime pas, elle ne m’a jamais aimée de toute façon », « ce n’est pas vrai, elle a toujours été jalouse de moi », et patati et patata…

Dès qu’elles se trouvent dans la même pièce, elles s’ignorent ou s’envoient des piques

Pour se rassurer, la mère de famille se dit souvent que rien n’est figé dans la vie et que, après l’adolescence sûrement, les filles finiront par se rabibocher. Son psychologue lui a confirmé que la maturité sonnait souvent l’heure des retrouvailles. Erreur. Mathilde et Chloé ont beau avoir grandi, et même vieilli – elles ont aujourd’hui respectivement 24 et 26 ans -, et avoir pris leur envol, elles n’ont pas enterré la hache de guerre. Loin de là. Au grand désespoir de leur mère.

Le désespoir d’une mère

« Elles ont toutes les deux réussi, aussi bien dans leur vie professionnelle – l’aînée est avocate et la cadette kinésithérapeute – que privées (l’une et l’autre sont en couple, et amoureuses, depuis plusieurs années), mais elles n’ont pris aucun recul avec les vieilles rancœurs et jalousies de l’enfance », constate Marie-Ange, un poil dépitée. « C’est comme si elles étaient bloquées dans le passé et refusaient d’évoluer. Résultat : elles ne s’appellent jamais, ne se voient qu’à l’occasion de rares réunions familiales, et dès qu’elles se trouvent dans la même pièce – de fait, souvent chez moi -, c’est plus fort qu’elles, elles s’ignorent ou s’envoient des piques (il n’y en a pas une pour rattraper l’autre) et l’atmosphère se charge aussitôt d’électricité. C’est franchement insupportable ! ».

Depuis que leurs parents ont divorcé, il y a tout juste six ans, la relation des deux sœurs s’est même encore dégradée. « Notre séparation a probablement ravivé des conflits latents », reconnaît Marie-Ange. « Je suis découragée et j’avoue que je ne sais plus quoi faire pour essayer de les réconcilier. C’est triste à dire, mais j’en arrive parfois à ne plus avoir envie de les voir. En décembre dernier, j’ai même accepté l’invitation d’une amie d’enfance parisienne, pour éviter d’avoir à fêter Noël avec elles. Ce qui me désespère pourtant le plus, c’est de me dire que, le jour où leur père et moi ne serons plus là, elles couperont sans doute définitivement les ponts ».

*Les prénoms ont été modifiés

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