Santé

Manger des frites augmenterait dépression et anxiété : ce que dit vraiment l’étude

Déjà décriées pour la santé métabolique et leur apport calorique, voilà que les frites seraient à fuir si l’on ne veut pas finir dépressif et anxieux.

Une nouvelle étude scientifique, parue dans la revue PNAS (Source 1), met en effet en avant un lien entre consommation régulière d’aliments frits et risque accru de dépression et d’anxiété. La cause évoquée par les chercheurs : l’acrylamide, une substance chimique produite lors de la friture, qui conduirait à une neuroinflammation.

Un lien de corrélation assez net

Les chercheurs ont ici analysé les données de 140 728 personnes, sur 11,3 ans. L’équipe a ainsi entrepris de comparer les taux d’anxiété et de dépression des participants aux comportements alimentaires qu’ils ont rapportés, notamment la fréquence à laquelle ils consommaient des aliments frits.

C’est ainsi que le lien entre friture et dépression/anxiété est apparu : les personnes ayant déclaré manger fréquemment des aliments frits étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble anxieux ou dépressif. Plus précisément, les chercheurs ont constaté un risque d’anxiété et de dépression respectivement de 12 % et 7 % plus élevé chez les aficionados de friture, et en particulier de pommes de terre frites.

Des expériences menées sur le poisson zèbre

En cherchant le pourquoi du comment d’une telle association, l’équipe a isolé l’acrylamide, qu’elle décrit comme un contaminant résultant de la transformation des aliments lorsqu’ils sont frits dans l’huile. Testée sur le poisson zèbre, modèle animal facile à manipuler et aux nombreux avantages en recherche, cette substance a réduit sa sociabilité et sa capacité d’exploration. Or, la réduction de ces deux comportements est associée à l’équivalent, chez le poisson, de comportements anxieux et dépressifs chez l’homme.

In vitro, l’équipe a par ailleurs constaté une réduction de l’expression du gène tjp2a, qui joue un rôle dans la perméabilité de la barrière hématoencéphalique protégeant notre cerveau. À terme, l’acrylamide entraînerait ainsi une neuroinflammation et une perturbation du métabolisme des lipides cérébraux, conduisant à un surrisque de dépression et d’anxiété.

Une association à éclaircir

Si les auteurs de l’étude s’empressent d’inviter à réduire sa consommation de frites au vu de ces résultats, d’autres voix sont plus prudentes et mesurées, au vu des limites de ces travaux.

La composante humaine de cette étude peut indiquer exactement ce qu’elle prétend : qu’une consommation plus élevée d’aliments frits augmente le risque d’anxiété/de dépression”, a admis le Dr David L. Katz, médecin spécialiste en médecine préventive, et interrogé par e-mail par nos confrères de CNN. Le spécialiste, qui n’a pas participé à l’étude, estime cependant que “la voie causale pourrait tout aussi bien aller dans l’autre sens : les personnes souffrant d’anxiété/de dépression se tournent vers des ‘aliments réconfortants’ de plus en plus fréquemment pour [obtenir] un semblant de soulagement”. Cela dit, il n’est pas exclu que d’autres mécanismes soient en jeu, notamment la perturbation du microbiote découlant de la malbouffe, alors que notre flore intestinale est connue pour avoir un certain effet sur notre humeur.

Toujours auprès de CNN, le Dr Walter Willett, professeur d’épidémiologie et de nutrition à la Harvard TH Chan School of Public Health, estime quant à lui que ces résultats doivent être considérés comme “très préliminaires”. Il souligne en effet que les méfaits des aliments frits dépendent aussi du type d’aliment et du type de graisse utilisée pour la friture. En outre, l’acrylamide peut aussi provenir du café ou de la consommation de toasts.

Bref, comme le reconnaissent eux-mêmes les auteurs de l’étude, d’autres recherches devront venir confirmer cette association, d’autant que le poisson zèbre – pertinent par ailleurs pour d’autres travaux – demeure loin de l’homme par bien des aspects.

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