Médicaments antitussifs : indications, types, risques, contre-indications

Les antitussifs se présentent généralement sous la forme de sirops indiqués pour calmer les toux sèches et irritatives. Leur utilisation fait polémique depuis plusieurs années en raison de leurs effets secondaires et de leur efficacité — remise en cause par de nombreuses institutions. Éclairages de Christine Salavert-Grizet, pharmacienne installée à Angoulins, en Charente-Maritime.

Définition et indication : qu’est-ce qu’un médicament antitussif ?

Les médicaments antitussifs sont utilisés pour soulager les toux sèches et irritatives, « autrement dit, les toux non productives », indique Christine Salavert-Grizet. Ils sont disponibles en pharmacie, le plus souvent sous forme de sirops à boire.

Et la pharmacienne de préciser : « on distingue plusieurs catégories d’antitussifs en fonction de leur mode d’action — central ou périphérique — et de leur(s) principe(s) actif(s) ».

Antitussifs ou fluidifiants bronchiques (mucolytiques) ?

Les médicaments mucolytiques, aussi appelés fluidifiants bronchiques, sont destinés à la prise en charge des toux grasses, dites « productives » : ils favorisent l’évacuation du mucus qui encombre les voies respiratoires des patients.

« Les fluidifiants bronchiques sont disponibles sous forme de sirops ou de sachets de poudre à dissoudre. Ils contiennent généralement de la carbocistéine ou de l’acétylcystéine« , précise la pharmacienne. Et d’insister sur le fait que leur utilisation est contre-indiquée en cas de toux sèche !

De même, l’utilisation d’antitussifs est contre-indiquée en cas de toux grasse, car ils peuvent entretenir — voire aggraver — l’encombrement bronchique.

Une toux sèche peut parfois devenir grasse, souligne Christine Salavert-Grizet. En cas de doute, ou si elle persiste plus d’une semaine, mieux vaut consulter son médecin. Une toux qui dure peut être le signe d’une pathologie respiratoire. 

Opiacés, antihistaminiques, à base de plantes… Quels sont les principaux médicaments antitussifs ?

Comme indiqué ci-dessus, il existe plusieurs catégories d’antitussifs :

  • Les antitussifs opiacés. Comme leur nom l’indique ils peuvent être à base de codéine (Euphon®, Néo-codion®, Polery®, Padéryl®, Pulmoserum®, Tussipax®), de codéthyline, de dextrométhorphane (Nodex®, Pulmodexane®, Tussidane®) ou de noscapine (Végétosérum®).
    « Ces antitussifs agissent au niveau central et augmentent le seuil de déclenchement de la toux », indique la pharmacienne. Et de préciser : « ces médicaments ne sont disponibles que sur ordonnance, cas leur utilisation a longtemps été détournée dans un but toxicomanogène ».
  • Les antitussifs antihistaminiques. Réalisés à base d’oxomémazine (Humex®, Toplexil®, Tussonil®) ou de prométhazine (Fluisedal®), ces antitussifs agissent au niveau périphérique et ont un fort pouvoir sédatif. Ils sont disponibles en vente livre et plutôt recommandés en cas de toux sèche et irritante survenant la nuit.
  • les antitussifs non opioïdes non antihistaminiques, à base de zipéprol, d’éprazinone, d’oxéladine ou de clobutinol.
  • les antitussifs à base de plantes, comme la guimauve, le thym, le lierre, etc.
  • ou encore les antitussifs homéopathiques.

Quels sont les sirops contre la toux sèche disponibles sans ordonnance (en vente libre) ?

« Quels que soient l’âge du patient et la dose prescrite, tous les antitussifs opiacés nécessitent une prescription médicale« , souligne Christine Salavert-Grizet. En effet, depuis juillet 2017, les sirops à base de codéine, de codéthyline, de dextrométhorphane ou de noscapine ne sont plus disponibles en automédication. Pour cause ? De trop nombreux jeunes ont détourné l’utilisation de ces médicamentspour se « shooter ». La recette la plus connue — et décriée ? Le purple drank, un mélange de limonade, de bonbons acidulés et… de sirop contre la toux.

De leur côté, les antitussifs antihistaminiques, non opioïdes non antihistaminiques, les sirops à base de plantes ou les préparations homéopathiques sont toujours proposées en vente libre.

Quelles contre-indications à la prise d’antitussifs ?

Au risque de nous répéter, les médicaments antitussifs ne doivent pas être utilisés en cas de toux productive. Selon les types d’antitussifs, il existe aussi des contre-indications particulières.

Les antitussifs opiacés ne doivent pas être utilisés chez l’enfant de moins de 30 mois, en cas d’antécédents d’asthme, d’insuffisance hépatique ou respiratoire, ni en cas de grossesse ou d’allaitement, précise Christine Salavert-Grizet. Pour limiter le risque d’interaction médicamenteuse, ils ne doivent pas non plus être prescrits en même temps que des médicaments morphiniques ou antidépresseurs (IMAO).

Les antitussifs antihistaminiques, eux, sont contre-indiqués pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 2 ans, en cas d’antécédents d’agranulocytose, de glaucome à angle fermé et de troubles de la prostate (adénome).

Concernant les antitussifs phytothérapeutiques et homéopathiques, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien (ne).

Quels sont les effets secondaires et les risques potentiels ?

Les antitussifs présentent tous un risque d’allergie aux principes actifs ou aux excipients qu’ils contiennent. En décembre 2022, les antitussifs opiacés à base de pholcodine ont même été retirés du marché européen (voir ci-dessous).

Les antitussifs opiacés présentent plusieurs effets indésirables :

  • une somnolence,
  • des nausées
  • une sensation de vertiges,
  • une constipation.

En cas de prise prolongée et / ou à fortes doses, ils peuvent aussi entraîner une dépression respiratoire. Sans compter les risques de dépendance.

Les antitussifs antihistaminiques entraînent principalement une forte somnolence (effet sédatif). Mais ils peuvent aussi avoir des effets anticholinergiques :

Les autres types d’antitussifs sont généralement mieux tolérés. Renseignez-vous auprès de votre médecin ou de votre parmacien (ne) pour connaître leurs potentiels effets indésirables !

Les sirops à base de pholcodine sont désormais interdits en Europe

Début décembre 2022, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a pris la décision d’interdire la vente de plusieurs sirops pour la toux contenant de la pholcodine. En cause ? Si cette substance est consommée dans les douze mois précédant une anesthésie générale, elle peut être à l’origine d’une grave réaction allergique (choc anaphylactique).

  • Dimetane® (Biocodex),
  • Biocalyptol® (Zambon),
  • Pholcodine Biogaran® (Biogaran),
  • Broncalene® (Melisana).

Ces médicaments étaient utilisés en France depuis les années 50, et accessibles sur ordonnance. Ils avaient déjà fait l’objet d’un retrait d’autorisation de mise sur le marché dans l’Hexagone en septembre 2022, en raison d’un rapport bénéfice-risque défavorable (source 1). 

Quelles sont les précautions d’emploi des antitussifs ?

Vous l’aurez compris, la consommation d’antitussifs n’est pas dénuée de risques. Pour les utiliser en toute sécurité, respectez les règles suivantes :

  • n’optez pas pour un antitussif en cas de toux grasse ;
  • ne combinez pas antitussif et sirop fluidifiant ;
  • respectez la posologie (ne l’augmentez pas parce que vos symptômes s’intensifient) ;
  • renseignez-vous sur les interactions médicamenteuses avant de prendre un nouveau médicament ;
  • évitez de consommer de l’alcool pendant toute la durée du traitement, cela risque d’augmenter votre somnolence ;
  • ne dépassez pas la durée du traitement (généralement pas plus de cinq jours) sans avis médical.

Au quotidien, adoptez les bons réflexes !

En complément du traitement, respectez ces quelques règles pour favoriser la disparition de la toux :

  • hydratez-vous suffisamment – et tout au long de la journée ;
  • aérez votre intérieur au moins dix minutes par jour, matin et soir ;
  • si besoin, utilisez un humidificateur d’air et pratiquez des inhalations ;
  • maintenez une température proche de 19 degrés dans votre chambre et limitez-y le chauffage ;
  • limitez la consommation de tabac et les contacts avec les substances irritantes : poussière, émanations de peintures, de bougies ;
  • reposez-vous le plus possible ;
  • etc.

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