Santé

Meurtre de Lola : comment apaiser les angoisses de nos enfants ? Conseils

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Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, fondatrice de Cogito’Z, et Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne, autrice, avec Marie Guyot, de « Adolescentes sur le fil » (éd. Marabout), répondent aux questions que chacun, et en particulier les enfants, peut se poser face à cette tragédie.

Que dois-je dire à mes enfants et à partir de quel âge leur en parler ? 

« Avant 7-8 ans, ce sont des informations dont ils devraient être protégés totalement, tranche Béatrice Copper-Royer. À cet âge, ils ont un imaginaire prégnant. On ne regarde donc pas les actualités devant eux et on veille à ce qu’il y a sur leurs écrans. » En revanche, pour les adolescents à partir de 12 ans, il est important d’ouvrir le dialogue. « Les plus grands ont des portables et les informations circulent dans la cour de récré, poursuit la psychologue. L’idéal est de leur poser des questions. Quand ils vous demandent quelque chose, répondre “Et toi, tu en penses quoi ?” permet de voir où l’adolescent en est de ses croyances. » Jeanne Siaud- Facchin ajoute : « L’essentiel est de dézoomer la situation. On peut expliquer que dans la vie il y a des drames, parfois proches, parfois lointains, et que cela nous touche d’autant plus quand c’est proche. Il est normal d’avoir de la peine et d’avoir peur, mais si cela existe, cela reste très rare. » Replacer les choses dans un contexte plus large est très rassurant. « Si les médias en parlent autant, c’est bien que c’est exceptionnel », suggère Béatrice Copper-Royer. Finalement, pour cette dernière, ce n’est pas tant ce que l’on dit que la manière dont on le dit qui compte. « On doit filtrer ses émotions, mais il faut rester le plus sobre possible et ne dire que des vérités. »

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J’ai peur de leur transmettre ma propre inquiétude 

Pour Jeanne Siaud-Facchin, avant de dire quoi que ce soit, la priorité est de « parler entre parents, amis, familles, cela nous permet d’élaborer et de clarifier nos propres ressentis. On risque, sans cela, de les transmettre aux plus jeunes. » Et si cela ne suffit pas, il ne faut pas cacher son inquiétude. Le maître mot reste l’honnêteté. Béatrice Copper-Royer suggère ainsi de distinguer les deux sortes de peur : « Il y a les peurs qu’il faut écouter, car elles sont là pour nous protéger d’un danger, et les peurs irrationnelles. “Oui, j’ai peur, mais je sais que ce n’est pas raisonnable.” »

Mon enfant n’en parle qu’à ses amis

C’est normal. Pour les plus grands, « c’est surtout la parole de leurs pairs qui compte. Il est important de les laisser faire leur travail d’adolescent », conseille Jeanne Siaud-Facchin. Évitez les monologues, impliquez-les dans une conversation d’égal à égal. « Moi, j’ai lu des informations dans “Le Monde” mais je n’ai pas TikTok, je suis curieuse de savoir si tu y as vu des choses que je ne connais pas » peut être une manière de procéder pour Béatrice Copper-Royer.

Il croit aux rumeurs 

De tels drames donnent souvent lieu à des psychoses. Béatrice Copper- Royer conseille d’expliquer que « l’émotion légitime que suscite un tel événement empêche le raisonnement. Des gens s’emballent, leur imaginaire leur raconte des choses pas réelles ou pas vérifiées ».

Il focalise sur les détails morbides 

Si le sujet ne doit surtout pas être tabou, il n’est pas bon de tout dire. Pour Béatrice Copper-Royer, on peut formuler les choses simplement : « “Lola est morte asphyxiée, tu n’as pas besoin d’en savoir plus, ça va te faire peur.” Ne pas mentir n’est pas pareil que tout raconter. »

Il n’en parle pas dois-je aborder le sujet ? 

« Cela dépend du degré de proximité de l’affaire. Pour les plus proches, ne rien dire peut être un évitement phobique. On peut alors conseiller un groupe de parole », analyse Béatrice Copper- Royer. Mais pour ceux qui sont plus loin, il ne faut pas s’inquiéter. « Certains sont plus imperméables, ils sont dans leur bulle », poursuit-elle.

Il en rigole, que faire ?

Selon Béatrice Copper-Royer, « c’est une attitude défensive. Pour certains enfants, la peur est une émotion honteuse. Cette réaction est le signe que ce n’est pas le moment pour eux d’en parler ». Jeanne Siaud-Facchin invite, elle, à ouvrir le dialogue : « Il est important de dire à l’enfant qu’on a tous nos manières de réagir. Certains pleurent, d’autres ricanent. Quelle que soit notre réaction, ça veut juste dire que cela nous touche. » Le message qu’on lui fait passer est alors : « J’ai entendu que tu es affecté et je suis là pour toi si tu en as besoin. » Il faut éviter l’indignation : « Comment oses-tu en rire ! »

Mon ado ne veut plus aller seul à l’école 

Sous le coup de l’émotion, certains enfants marquent une période de régression. Jeanne Siaud-Facchin suggère de faire avec. « On peut accompagner les enfants au collège pendant un temps, c’est une manière de ne pas délégitimer leur peur, mais il faut expliquer d’emblée que c’est temporaire. » Le risque est d’entretenir l’enfant dans ses angoisses. C’est ce que craint Béatrice Copper-Royer : « Un enfant qui allait seul au collège doit continuer, il ne faut pas céder à une angoisse sécuritaire déjà très forte dans notre société. Se rendre au collège seul est une autonomie qui leur fait du bien. Si l’on est trop dans l’empathie, on renforce sa peur, et un évitement phobique peut se mettre en place. On peut leur rappeler que l’on a confiance en eux, et que nous, nous n’avons pas peur. Cela les rassurera. »

Un mois plus tard, mon enfant est toujours aussi éprouvé 

Pour Béatrice Copper-Royer, « tout changement dans le comportement d’un enfant doit alerter. Il faut guetter les signes anxieux : maux de ventre ou de tête, repli sur soi, manque d’enthou- siasme, il ne veut plus aller au foot… » Certains peuvent être discrets. « Le décalage entre l’avant et le maintenant est le signal d’alarme », confirme Jeanne Siaud- Facchin. Il faut repérer quand a débuté le changement. Pour Béatrice Copper- Royer, « un symptôme se prend toujours en compte dans la durée. Si un enfant fait des cauchemars quelques nuits, c’est normal. Après dix jours, c’est que certaines choses le travaillent ». Dans tous les cas, « mieux vaut consulter pour rien que de passer à côté d’un problème », ajoute Jeanne Siaud-Facchin.

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