Otite et avion | Santé Magazine

Les désagréments au niveau des oreilles, en avion, viennent d’une variation de la pression au décollage, et encore plus à l’atterrissage. C’est lié à une fragilité au niveau de la trompe d’Eustache. « Lorsqu’il n’y a pas de souci au niveau de la trompe d’Eustache, explique le Dr Georges Dib, ORL à l’hôpital privé d’Eure-et-Loir, Elsan, l’équilibre se fait tout seul. En revanche, lorsqu’on ressent une impression d’oreilles bouchées, voire de douleur, c’est parce que la trompe d’Eustache n’équilibre pas la pression au niveau de l’oreille moyenne. »

Des solutions simples et naturelles existent pour ne pas avoir les oreilles bouchées en avion. Le but étant d’envoyer de l’air dans l’oreille moyenne afin que le tympan retrouve sa position initiale. Comment faire ? « Il suffit de bailler, de mâcher un chewing-gum, d’effectuer des mouvements de déglutition », détaille le Dr Dib.

On peut également avoir recours à des artifices externes que l’on trouve en pharmacie : « Il s’agit de bouchons d’oreilles équipés d’un filtre anti-pression », détaille le médecin ORL. Ces protections auditives se placent dans le conduit auditif avant le décollage et l’atterrissage. Ils se retirent 5 minutes après le retour à une pression normale.

Un “truc” tout simple à connaître également : « placer sur chaque oreille en le maintenant fermement un gobelet en plastique, suggère le Dr Dib. Cela suffit à rééquilibrer la pression. »

En cas de fragilité de la trompe d’Eustache, de rhume, et lorsque les oreilles sont bouchées en avion, on peut déclencher une otite barotraumatique. « Il s’agit d’une inflammation de l’oreille moyenne et d’un blocage complet de la trompe d’Eustache, explique le médecin ORL. L’otite barotraumatique peut même entraîner de petites hémorragies en raison de la lésion au niveau du tympan. Elle est très douloureuse. »

Dès l’atterrissage, il est important de consulter un médecin sans attendre afin que l’otite barotraumatique ne s’aggrave pas. « Prise en charge rapidement, l’otite barotraumatique se soigne avec un anti-inflammatoire et un décongestionnant nasal, informe le Dr Dib. Si elle n’est pas prise à temps, elle peut se surinfecter et nécessiter la prescription d’un antibiotique. »

Plus rarement, l’otite barotraumatique peut entraîner une perforation du tympan. « Cette dernière est rare en avion, mais plus fréquente en plongée, informe le Dr Dib. La perforation tympanique cicatrise en trois semaines à un mois, à condition de ne pas laisser entrer d’eau dans l’oreille. Lorsque la cicatrisation ne se fait pas, une intervention chirurgicale – tympanoplastie – est nécessaire. »

Dans la mesure du possible, il est vivement déconseillé de le faire. « Prendre l’avion lorsqu’on souffre d’une otite risque d’entraîner de fortes douleurs, une surinfection, avertit le médecin ORL. Cependant, si l’otite s’est déclarée 48 heures avant le voyage, qu’un médecin a été consulté et que le traitement a été démarré, il est possible de prendre l’avion. Si l’otite s’est déclarée la veille du déplacement, il est préférable de le reporter. »

En plus du traitement de l’otite, il est vivement conseillé de porter des protections auriculaires équipées d’un filtre régulateur de pression qui soulagera les oreilles au décollage et à l’atterrissage.

« Il faut compter quinze jours pour qu’une otite traitée soit complètement guérie, prévient le Dr Dib. Par conséquent, et dans la mesure du possible, il est préférable d’attendre la guérison complète avant d’envisager un voyage en avion. »

Le plus souvent, ce sont les enfants qui ont les oreilles bouchées en avion et qui développent une otite. La raison ? leur trompe d’Eustache est plus courte que celle des adultes. « C’est pourquoi il est important au décollage et à l’atterrissage de donner un biberon d’eau ou de lait au tout-petit, et de faire boire l’enfant plus grand », conseille le Dr Dib. Le risque, sinon, est que les enfants pleurent une bonne partie du voyage et qu’ils aient mal à cause de leurs oreilles bouchées.