Pourquoi avons-nous tendance à confondre amour et dépendance affective ?

Était-ce réellement de l’amour ? On le sait, les relations sont des choses complexes, souvent inexplicables. Parfois, on se perd dans l’amour et d’autres fois, c’est l’amour qui nous perd. Mais savons-nous aimer de la bonne façon, surtout lorsque l’on a été biberonné aux contes de fées. L’amour est partout autour de nous, mais savons-nous réellement à quoi il ressemble ? Au quotidien, nous rencontrons tous des personnes qui ont la fâcheuse tendance à se noyer dans les relations toxiques. Il semble d’ailleurs y avoir un point commun entre toutes ces relations : il est souvent question de dépendance affective. Pour la psychanalyste Emmanuelle Labonne, il y a des signes qui prouvent qu’une relation n’est pas réellement saine : « On parle de dépendance affective lorsqu’une personne manifeste un besoin exagéré d’attention et d’affection. Quand elle est en couple, elle s’oublie au profit du partenaire, et quand elle est célibataire, tout est mis en œuvre pour rencontrer un futur partenaire. »

Des influences extérieures 

Ainsi, une relation ne repose pas sur la dévotion absolue à l’autre, tout comme il n’est pas question de s’oublier pour faire passer son partenaire en priorité. Pourtant, ce schéma nous le connaissons par cœur et nous pouvons le vivre à tout âge. Pour Catherine, 67 ans, grande dépendante affective, ce sont les représentations sociales et les injonctions de la société qui nous pousseraient « à nous mettre en couple pour les mauvaises raisons ». Au-delà des biais sociétaux, ce qui se cache réellement derrière la dépendance affective c’est un besoin de combler un manque en offrant tout à l’autre pour se donner l’illusion d’exister. C’est pour cette raison qu’il est important de se pencher sur des questions d’ordre psychologique lorsque l’on évoque la dépendance affective. Pour Emmanuelle Labonne, l’histoire familiale a un véritable impact dans la récurrence de ce type de schéma : « Un divorce, une relation dysfonctionnelle avec l’un des parents, (…) de la dévalorisation ou de la maltraitance dans l’enfance sont autant de facteurs qui viennent expliquer la dépendance affective développée à l’âge adulte. » 

Un mal-être personnel 

Plus qu’un mal-être sociétal, la dépendance affective est avant tout liée à un mal-être personnel. Ainsi cette dysfonction dans le schéma relationnel est logiquement liée à l’estime que l’on a de soi : plus on est en manque de confiance, plus on aura tendance à s’effacer pour faire passer l’autre en premier, jusqu’à oublier sa propre individualité. La jalousie maladive obsessionnelle peut également être un signe de dépendance affective. C’est ce type de comportement qui a permis à Aline, 27 ans, de prendre conscience que quelque chose clochait dans ses relations. « Quand un garçon me plaît, j’ai tendance à vouloir lui parler tout le temps et je le prends mal s’il ne m’envoie pas de message. Je peux même aller jusqu’à l’espionner sur les réseaux sociaux pour être sûre qu’il n’est pas avec une autre femme. » Quand il est question de dépendance affective, il est aussi question d’obsession et c’est peut-être cet aspect qui rend le schéma encore plus toxique.

Est-il possible de se rendre compte seul que l’on souffre de dépendance affective ? Parfois, mais un passage par la case thérapie est nécessaire pour en guérir. « Les points de départs de mes patients qui souffrent de dépendance affective sont souvent les mêmes : « Je cumule les échecs dans ma vie sentimentale », « Je tombe toujours sur la mauvaise personne » », nous confie Emmanuelle Labonne.

Reconnaitre une relation saine

S’il est facile de reconnaître les schémas de dépendance affective, comment reconnaître une relation saine ? « L’amour est basé sur la confiance, le respect, une bonne communication, un désir de partage réciproque et équilibré », nous répond la psychanalyste. Cependant, dès qu’il y a un besoin maladif d’être rassuré ou que l’on est capable de se transformer pour donner l’illusion que l’on est la personne la plus parfaite de la terre, c’est souvent le signe qu’il y a anguille sous roche. Heureusement, admettre qu’il y a quelque chose qui ne va pas – ce qui est souvent compliqué – est le premier pas vers l’amélioration des relations. Pour Aline, c’est la rencontre avec une naturopathe qui sera le déclic. « Le fait de reconnaître que l’on souffre de dépendance affective et de le dire, c’est la première étape de la guérison ». Et s’il est vrai que la reconstruction prend du temps, elle n’en est pas moins bénéfique.

Au fil des consultations, on se reconstruit petit à petit une confiance. En gagnant en sérénité, on se rend compte que notre bonheur ne dépend que de nous et que cela va de pair avec des relations saines. Finalement, ce dont il faut avoir conscience en ce qui concerne la dépendance affective, c’est que le chemin vers la guérison ne dépend que de nous et ce n’est qu’en entamant un travail sur soi que l’on peut se sortir de ce schéma relationnel toxique.

Continuer la lecture

Quitter la version mobile