Santé

Thérapie de couple : Alexandra et Paul, 28 ans, « On ne veut pas reproduire les erreurs de nos parents »

Alexandra et Paul ont 28 ans et sont en couple depuis 2 ans. Ils se sont rencontrés à la fin de leurs études et ont fait leurs premiers pas, ensemble, dans la vie active comme médecins. Ils partagent un cabinet ensemble, habitent ensemble et envisagent d’avoir un enfant ensemble d’ici une année ou deux. Depuis un an, le couple est suivi par un thérapeute pour des sessions de discussions autour de leur histoire mais aussi de celles de leurs parents.

« Quand je l’ai choisi lui, je savais que ce serait pour longtemps », Alexandra

Alexandra en est convaincue, Paul est l’homme de sa vie : « J’ai envie de construire quelque chose avec lui, de vieillir avec lui, de le voir vieillir aussi. Je suis d’un naturel très fidèle et je n’aime pas les choses qui changent. Quand je l’ai choisi lui, je savais que ce serait pour longtemps. Idéalement, toute la vie. Ça étonne beaucoup mes copines qui n’ont pas du tout cette expérience de l’amour et du couple. Elles ont toutes eu des épisodes sur Tinder, des plans culs, des histoires qui durent un an et puis qui s’arrêtent parce que l’un ou l’autre ne veut pas s’engager plus. Je sais ce que vivent les autres. Notre situation à nous, elle ne ressemble à rien de ce qui se fait aujourd’hui. »

« Je ne veux pas reproduire ce que j’ai vu pendant des années », Alexandra

Pourtant, la jeune femme avoue ne pas avoir eu beaucoup d’exemples d’amours heureuses autour d’elle : « Mes parents ne s’aiment plus depuis des années. Ils ne s’en cachent pas. Ils se supportent à peine et l’ambiance est parfois super pesante à la maison. Ils ont refusé de divorcer quand on était petits avec mon frère « pour ne pas nous déstabiliser » mais ils n’ont jamais réalisé que leur exemple de couple malheureux était aussi super dur à vivre. Ils n’ont toujours pas divorcé malgré le fait que nous ayons quitté la maison tous les deux parce qu’ils ne savent pas comment être seuls et qu’ils ont un peu peur, je crois. Aucun des deux ne veut quitter ou vendre la maison. Ils vivent en colocation mais sans le côté cool que ça peut avoir. »

Ils n’ont pas réalisé que leur exemple de couple malheureux était dur à vivre

C’est parce qu’elle a été marquée par le couple de ses parents qu’Alexandra a insisté auprès de son compagnon pour qu’ils suivent ensemble une thérapie de couple : « Nous n’avons pas de problème pour l’instant mais je ne suis pas naïve, je sais que ça va arriver. Ce que je ne veux pas c’est reproduire ce que j’ai vu pendant des années. Des petites réflexions quotidiennes, des coups bas, de la dépréciation de l’autre et de soi. Je veux aimer Paul longtemps mais je veux surtout l’aimer bien. Et je ne me fais pas confiance pour changer ne rien reproduire de toxique. »

« En thérapie, je ne mens pas, je n’essaye pas de préserver les apparences », Alexandra

Parler avec Paul une fois par mois avec leur thérapeute lui permet de partager ces angoisses : « Paul n’a rien découvert sur moi mais ça nous a rendu plus forts que je sois capable de mettre des mots sur des sentiments et de m’ouvrir, comme ça, face à quelqu’un en plus de lui. En thérapie, je ne mens pas et je n’essaye pas de préserver les apparences. Ça m’a déjà fait pleurer mais je ne regrette pas. C’est possible que la thérapie ne soit pas une priorité plus tard mais je veux vraiment que, si on arrête, on reprenne tout au moment où notre famille s’agrandît. C’est impossible pour moi d’imaginer avoir un enfant sans être bien entourée et sans tout faire reposer sur Paul. »

« Je n’ai connu que des couples dysfonctionnels », Paul

Paul a aussi une histoire familiale compliquée : « Mes parents ont divorcé quand j’avais 10 ans. Quand on voit ce que ça a donné chez Alexandra, on peut se dire que c’est une bonne chose, mais mes parents en ont profité pour se déchirer et, avec ma sœur, on s’est retrouvés au milieu de tout ça. Ma sœur, qui était plus petite que moi, en a même fait des crises d’angoisse qui ont dû être prises en charge par une psy à l’époque. Mon grand-père a toujours trompé ma grand-mère. Tout le monde a sa petite histoire plus ou moins sympa. Bref, je n’ai connu quasiment que des couples dysfonctionnels. Avant de connaître Alexandra, je ne savais pas trop ce que ça faisait d’avoir un vrai foyer, où on se sent en sécurité et aimé. Mes parents étaient trop occupés à se détester qu’ils ont oublié de s’occuper correctement de nous. Ça me rend dingue maintenant mais pendant longtemps j’ai cru que c’était normal. C’est parce que j’ai bien conscience que je n’ai jamais appris à aimer correctement que j’ai accepté la proposition d’Alexandra de voir quelqu’un pour parler. »

« On a appris à se parler sans se sentir en danger », Paul

Paul voit leur thérapeute un peu comme un membre de leur famille plus sage que la moyenne : « Je sais que ce n’est pas sain de le voir comme ça ou que c’est comme du transfert mais j’assume. Le psy remplace le père ou le grand frère à qui j’aimerais pouvoir demander des conseils. Parfois il est plus intelligent que nous, clairement, et des fois on travaille ensemble, à trois, à trouver des solutions à nos problèmes de communication. Avec lui, on a appris à se parler sans se sentir forcément en danger ou sans être jugés. Chez Alexandra comme chez moi, ce ne sont pas des choses qui se font. Et ça fait du bien de bousculer tout ça. Nos parents n’ont pas eu raison et on espère faire mieux. Être un meilleur couple mais aussi des meilleurs parents, un jour. C’est parce qu’on a envie de ça qu’on a choisi la thérapie. Et c’est la thérapie qui nous met sur la bonne voie. »

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