Santé

Thérapie de couple : Aurélie et Mathieu, 30 ans, « Je voulais qu’on travaille sur notre amitié, qu’on traverse la crise »

« J’en avais besoin au quotidien pour m’ancrer », Aurélie

Aurélie et Mathieu partagent une relation d’amitié fusionnelle pendant 20 ans avant que les premiers conflits n’éclatent : « On a tous les deux eu des histoires d’amour, des trucs qui ont marché un temps avant de ne plus marcher. Mais j’ai toujours eu la certitude que Mathieu n’allait pas bouger. J’en avais besoin au quotidien pour m’ancrer. Il y a deux ans, Mathieu a été largué salement. Il a perdu un peu la tête et il s’est mis à me reprocher le fait que son histoire n’ai pas marché. Selon lui à l’époque, je prenais trop de place dans sa vie. On a eu plusieurs grosses engueulades et je pense que pour beaucoup de gens ça aurait fini par devenir une rupture amicale. Je n’avais pas envie de ça et même l’idée était insupportable. Je peux perdre n’importe quel mec dans ma vie mais Mathieu ce n’était pas possible. C’est pour ça que je lui ai proposé de rencontrer un psy avec moi. Je voulais qu’on travaille sur notre amitié, qu’on traverse la crise. C’est une relation comme une autre, ça ne me paraissait pas si fou ».

« On a jamais envisagé qu’il puisse y avoir d’ambiguïté entre nous », Aurélie

Aurélie demande à celui qu’elle a toujours connu comme son ami de lui faire confiance : « Mathieu, je le connais par coeur. Je savais qu’il allait trouver ça bizarre et se refermer. Mais je ne voulais vraiment pas qu’on s’éloigne. On a tout vécu ensemble. Nos parents sont devenus voisins quand on avait 12 ans. On a fait notre rentrée dans le même collège et ça a été tout de suite « à la vie, à la mort ». On a jamais envisagé qu’il puisse y avoir d’ambiguïté entre nous. On s’est longtemps vus comme frère et soeur avant de se dire meilleurs amis même si ça déplait souvent aux personnes avec qui on se met en couple. Personne ne peut jamais rivaliser avec les blagues qu’on fait ensemble, avec les souvenirs qu’on a construit avec les années. C’est pour ça que j’espérais que le psy nous permettrait de repartir sur des bases saines. Mathieu a entendu cet argument plus que les autres. Pour lui le but c’était de me garder dans sa vie mais de pouvoir aussi vivre l’amour à côté. Moi j’ai des longues phases de célibat donc j’ai toujours vu le couple comme un truc en plus et pas quelque chose à atteindre à tout prix ». 

« J’ai fini par voir les choses autrement », Aurélie

Mais au bout de quelques semaines de thérapie en commun, Aurélie se surprend à envisager que sa relation avec Mathieu n’est pas ce qu’elle croyait au départ : « Plus on parlait de nous et plus j’avais envie qu’on continue à se faire des souvenirs, à partager des trucs. Je me suis retrouvée à dire que Mathieu était la personne en qui j’avais le plus confiance et que j’aimais bien dormir avec lui. On s’était pas reparlé d’amour depuis le collège et à l’époque la conversation avait été vite pliée. Mais au bout de trois rendez-vous avec le thérapeute, j’ai fini par voir les choses autrement. J’en suis arrivée à la conclusion que le couple idéal, celui que je ne cherchais plus parce qu’en fait je l’avais un peu déjà, c’était un couple avec Mathieu. J’ai jamais eu de mal à dire que je l’aimais. C’est aussi tout simplement parce que je l’aimais vraiment en fait ».

« Ça m’a fait cogiter », Mathieu

Mathieu accepte l’idée de thérapie d’Aurélie parce que leur relation compte pour lui : « Je me suis dit qu’elle était dingue mais ce n’était pas la première fois qu’elle proposait un truc bizarre. J’étais frustré et un peu perdu à l’époque et j’ai passé mes nerfs sur elle. Avec le recul, je vois aussi qu’on avait une relation un peu entre deux et que je n’arrivais pas à trouver un équilibre entre la relation que j’avais avec elle et l’histoire d’amour à laquelle j’aspirais. Il y a deux ans, on a à peine trente ans et je veux me poser. La thérapie c’est quelque chose que j’accepte un peu comme un truc de la dernière chance. Je me dis que si on y arrive pas, je vais mettre de la distance entre nous et me concentrer sur mon bonheur à moi. Ça me brise le coeur mais je me dis que c’est le moment de faire le bonhomme. Que personne autour de moi n’a de meilleure amie femme. Au premier rendez-vous, je me dis que j’attends du psy qu’il fasse un peu le ménage et qu’il trouve de la place pour une vraie belle relation dans ma vie. Je crois même que j’ai dit ça au cabinet. Un mois plus tard, le psy me dit « vous vouliez une belle relation, je crois que vous en avez une depuis le départ ». Ça m’a fait cogiter. Mais il a fallu un bon mois de plus pour que j’accepte l’idée que je n’avais besoin de personne d’autre qu’Aurélie ».

« À cette soirée là, on a eu notre première fois », Mathieu

Pour le trentenaire, l’aspect sexuel est primordial : « Le truc qui bloquait le plus c’était qu’on avait jamais fait l’amour ensemble. Je veux bien l’aimer, et je n’ai jamais dit que je ne l’aimais pas, mais j’avais un mal de chien à voir où il y avait du désir caché. Et c’est là aussi que la thérapie a joué. Le psy nous a donné un exercice. On devait se retrouver chez moi un soir et se faire des compliments sincères sur nos corps. Si on en avait envie, demander l’autorisation pour toucher, caresser etc. Oser se dire les choses sans le noyer sous une tonne de vannes. Ça a été un peu dur au début mais on a réussi à ne pas se comporter comme des gamins. J’ai toujours trouvé qu’Aurélie était une belle femme, super sexy et tout. Je ne le disais juste jamais comme ça. Ça m’a ému de la voir rougir. Je crois que mes réactions à ses déclarations lui ont plu aussi. À cette soirée là, on a eu notre première fois. Et c’était bien parce qu’on a réussi à dédramatiser tout ce qui allait moins bien, les petits ratés, les doutes. On a beaucoup ri à ce moment là. Mais il y a eu du plaisir aussi. On savait surtout que rien ne serait comme avant après ça. Et on était prêts ».

« Je me sens plus heureux que je ne l’ai jamais été », Mathieu

Les amis qui sont devenus un couple continuent la thérapie pendant encore quelques mois : « On a avait pris l’habitude de parler et on avait peur de se retrouver tous seuls dans la nature. C’est difficile de se faire confiance. Maintenant on sait que si on a besoin d’aide, si on commence à tourner en rond ou à s’engueuler pour rien, on peut toujours voir le psy. C’est toujours moins dur une fois que la première fois est passée. En tout cas, on sait ce qu’on lui doit. On lui envoie des cartes postales quand on part en vacances ou aux fêtes de fin d’année. C’est un mélange de blague et de remerciement sincère. Je me sens plus heureux que je ne l’ai jamais été ».

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