Santé

Thérapie de couple : Danaë (38 ans) et Marco (46 ans), « On a été voir quelqu’un pour apprendre à se quitter »

Danaë a 38 ans et travaille dans la mode. Marco a 46 ans et s’épanouit depuis quelques années en tant que graphiste free-lance. Ils sont en couple depuis un peu plus de dix ans quand ils décident, au début de l’année 2022, de se séparer. Le couple se met facilement d’accord sur les modalités matérielles de cette séparation mais n’arrive pas à trouver un arrangement en ce qui concerne la garde de leur fils de 7 ans. Avant d’en se remettre à des avocats et à un juge, le couple décide de rencontrer un thérapeute pour trouver une solution et assainir leur relation.

« Je voulais une garde partagée », Danaë

C’est Danaë qui a demandé la séparation : « J’avais envie de nouvelles expériences, de retrouver ma liberté, de voyager sans rendre de compte à personne. J’ai été épuisée par la maternité et par l’envie de garder ma carrière au point où elle en était quand je suis devenue mère. Tout vouloir et essayer de tout garder, ça m’a mise à terre. Je me suis sentie abandonnée par Marco que je voyais prendre tout facilement et profiter de la vie. Je me suis sentie volée. La séparation c’est la seule solution que j’ai trouvée. Ça m’a fait mal et ça lui a fait mal aussi mais il a entendu mes raisons. J’ai cru que ça allait bien se passer mais dès que la garde de notre fils a été en jeu, Marco ne voulait plus rien savoir. Il fallait qu’il ait la garde. »

Danaë comprend bien que Marco lui reproche sa décision à travers leur fils : « C’était le seul point sur lequel il ne voulait pas transiger. Pour lui c’était ma faute si on se séparait et qu’on bousculait nos vies, j’avais décidé de les quitter et ça incluait donc notre fils. Moi, je voulais une garde partagée. Je voulais qu’on puisse s’organiser en fonction de nos besoins et de nos envies. Qu’on fasse, encore une fois, les choses en bonne intelligence. Ça a duré des semaines où je me suis réfugiée chez une amie. J’avais l’impression que vouloir un peu de liberté et de plaisir et le revendiquer c’était déjà trop. Il y avait un prix énorme à payer. J’ai commencé à aller plus mal qu’avant. Et c’est mon amie qui a proposé qu’un thérapeute s’en mêle. »

« Une thérapie de couple quand on ne veut plus être en couple c’est un concept », Danaë

Danaë a déjà été suivie par une thérapeute après sa grossesse : « J’ai eu besoin de voir quelqu’un après l’accouchement. Je ne me sentais plus moi-même, les changements de mon corps et la pression que je m’étais mise pendant toute la grossesse, ça m’avait bouleversée. Je pense que c’est dû à mon milieu professionnel aussi. J’ai fait le choix d’avoir un enfant et d’avoir un enfant assez tôt. J’ai tout fait pour que ça soit imperceptible pour mes collaborateurs et collaboratrices. Quitte à mettre en péril ma santé mentale. Mais du coup, quand ça a été moins bien avec Marco, j’étais à l’aise avec l’idée de parler à quelqu’un. Une thérapie de couple quand on ne veut plus être en couple c’est un concept mais je crois que quand on a un enfant ensemble c’est primordial de bien s’entendre. Ou au moins de ne pas avoir d’animosités. Quand mon amie m’en a parlé, ça m’a paru évident que c’était la solution. J’ai recontacté ma thérapeute pour lui demander si elle avait quelqu’un à me conseiller en rapport avec notre problème. Elle m’a envoyé une liste de noms et après il a juste fallu convaincre Marco. »

La tâche s’est avérée plus simple que prévu : « Il a tout de suite adoré l’idée. Je crois que ça lui a donné l’impression que j’étais encore prête à faire quelque chose pour nous. Il est venu à tous les rendez-vous, a partagé beaucoup, c’est même ça qui m’a fait revoir ma position. En effet, au bout de 6 rendez-vous, j’avais envie de passer plus de temps avec lui. J’avais sorti tout ce qu’il y avait à sortir et j’ai eu l’impression qu’il comprenait enfin ce que je ressentais. Ces rendez-vous m’ont rappelé aussi pourquoi je l’aimais et la thérapeute a proposé des solutions concrètes pour que je trouve mon équilibre. Finalement, on est en couple mais on n’habite plus ensemble. Notre fils habite une semaine chez l’un et une semaine chez l’autre. On se voit comme en visite, quand on a envie. On organise des sorties en famille. Ce n’est plus une évidence que je m’occupe de tout et si je veux prendre du temps pour moi ou rester à ne rien faire, je peux aussi, les semaines où notre fils est chez Marco. »

« Je suis moins stressé de la décevoir », Marco

Marco n’a jamais cru en la séparation comme solution à leurs problèmes : « J’aime Danaë et j’ai toujours été touché par le fait qu’elle n’était pas aussi heureuse qu’elle le mérite. Je sais aussi qu’elle a beaucoup de pression au travail et qu’elle s’en met beaucoup dans son rôle de mère. Je pense que notre fils peut manger des pâtes deux fois par semaine ou qu’il peut très bien passer une heure devant la télé. Ce sont des choses qu’on avait le droit de faire quand on était petits. Danaë a ce truc de garder tout en elle comme une cocotte-minute et quand ça sort, de tout faire exploser. J’ai pris au sérieux sa demande de rupture, je l’ai aidée à organiser son déménagement mais par contre me demander de m’éloigner de mon fils, ce n’était pas possible. Je l’ai vu comme une manière de me prendre mon enfant. Je ne suis pas belliqueux de nature mais ça m’a mis hors de moi et j’ai été incapable de continuer à discuter. C’était ma limite. Finalement qu’elle propose de mettre une tierce personne neutre dans notre discussion, ça m’a soulagé. »

Il se lance à corps perdu dans cette thérapie partagée : « Le but c’était qu’on arrive à s’organiser pour notre fils mais au final ça nous a remis d’aplomb. On a trouvé une solution qui, pour l’instant, convient à tout le monde et rend Danaë heureuse, ce qui est ce que tout le monde souhaite. Je ne dis pas que je n’aurais pas aimé avoir un modèle de famille plus classique avec tout le monde dans le même appartement mais au final ça simplifie beaucoup de choses qu’on n’habite plus ensemble. Je suis moins stressé de la décevoir. J’ai de la place pour ma déco et mes envies. Avec la garde partagée, j’ai plus de temps libre qu’avant. Et surtout j’ai l’impression qu’on profite plus. On est allés voir quelqu’un pour apprendre à se quitter et ça nous a permis d’apprendre à vivre ensemble, c’est inespéré mais ça me rend heureux. Je ne voulais pas la quitter parce que je l’aime de plus en plus. Il a fallu cette crise pour qu’on se trouve vraiment donc je ne lui en veux pas pour cette décision. Au final, c’est aussi une décision à elle qui nous a sauvés. »

Continuer la lecture

close

Recevez toute la presse marocaine.

Inscrivez-vous pour recevoir les dernières actualités dans votre boîte de réception.

Conformément à la loi 09-08 promulguée par le Dahir 1-09-15 du 18 février 2009 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel, vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, et d'opposition des données relatives aux informations vous concernant.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page