Santé

Thérapie de couple : Lily (27 ans) et Margot (28 ans), « Je déverrouillais son téléphone pour surveiller ses messages »

Lily et Margot, respectivement 27 et 28 ans, sont en couple depuis deux ans. Si elles ont décidé d’avoir recours aux services d’une psychothérapeute pour leur couple c’est à cause de la jalousie maladive de Lily. Il y a deux ans aux débuts de leur histoire, elle a en effet été trompée coup sur coup par des ex. Elle n’est plus en confiance et rien ne semble la rassurer : « J’ai toujours été du genre à me moquer des couples avec des mecs toxiques qui empêchent leurs copines de s’habiller comme elles veulent ou de parler avec d’autres hommes sur les réseaux. Mais à cause de mauvaises histoires et de sales découvertes, je suis devenue comme ça. À force de me voir m’énerver sur une éventuelle tromperie qui n’avait pas lieu et parce qu’elle voulait me prouver sa bonne foi, Margot m’avait laissé l’accès à son portable. Je pouvais le déverrouiller quand je voulais pour surveiller ses messages. Au pire de cette période, je le faisais au moins deux fois par jour, parfois plus quand il était juste posé pas loin de nous et que j’y pensais. En plus de ça, je voulais être sûre qu’elle rentre direct du travail pour me retrouver. On sortait ensuite mais toujours ensemble. Je me rends compte maintenant que l’on n’était pas loin de la prison. »

« Margot a menacé de me quitter si je n’étais pas capable de me canaliser », Lily

Margot essaye plusieurs fois de faire entendre raison à Lily : « Elle a été parfaite avec moi. Elle me câlinait, me rassurait quand je me mettais à pleurer à cause de la peur de la perdre. Elle a répondu à toutes mes demandes, même les plus débiles. Mais rien ne me rassurait vraiment. Ou alors j’avais besoin d’aller encore plus loin. D’avoir la géolocalisation de son portable, de connaître son emploi du temps parfaitement. Elle n’était plus libre du tout. Margot a fini par se fâcher et a menacé de me quitter si je n’étais pas capable de me canaliser. C’est là que j’ai parlé de mes problèmes à des amies. Avant, j’avais trop honte. »

C’est la meilleure amie de Lily qui lui conseille d’avoir recours à une psychothérapeute : « Elle m’a conseillé de voir quelqu’un toute seule mais je voulais vraiment faire ce geste avec Margot pour lui prouver que je voulais changer pour nous, pour qu’on puisse faire durer notre couple. Une amie d’amie nous a conseillé quelqu’un. Une psychothérapeute qui a l’habitude de parler avec des femmes en couple avec des femmes. Pour tout dire, je suis à peu près sûre qu’elle est lesbienne aussi. C’est toujours plus agréable de parler à quelqu’un qui est capable de vous comprendre. »

« Je m’attendais à passer les séances à me faire engueuler par la thérapeute », Lily

Quand elle prend la décision de prendre rendez-vous, Lily est prête à accepter d’être la fautive : « Je savais qu’on y allait parce que j’avais un problème. Margot n’avait rien à se reprocher. On y allait parce que je faisais n’importe quoi et que je la faisais souffrir. Je m’attendais à passer les séances à me faire engueuler par la thérapeute pour que je me ressaisisse. Mais ça ne s’est jamais passé comme ça. Elle m’a expliqué que j’étais une victime aussi. Et que c’est en tant que victime que je réagissais. On a travaillé sur mes histoires passées, sur mon traumatisme lié à la confiance. C’est grâce à elle et à Margot que j’ai réappris ce que c’est de faire confiance. Et une fois que ça a été débloqué, ça a changé toutes mes relations, pas seulement mon couple. Je suis devenue une meilleure amie et une meilleure sœur. Si j’avais su, je l’aurais fait avant. » 

Margot a très mal vécu ces mois de jalousie intense de sa compagne : « Je finissais par me dire que j’avais fait quelque chose de mal quelque part, que j’avais un comportement suspect, que c’était de ma faute. Je l’ai vécu comme un échec qu’elle n’arrive pas à me faire confiance. J’ai déjà trompé une ex, c’est arrivé une fois et j’étais une gamine. Mais Lily le savait et je pense que ça a aussi nourri sa jalousie. La tromper elle, je n’y ai jamais pensé. Je l’aime et j’ai envie que ça marche entre nous. C’est pour ça que je me suis accrochée. Pour ça aussi que j’ai accepté de faire une thérapie. »

« On était là parce qu’il y avait de l’amour », Margot

Elle apprécie de voir sa souffrance au quotidien prise au sérieux par la thérapeute : « On a pu toutes les deux raconter nos versions des mois passés et j’ai vu dans les yeux de la thérapeute qu’elle trouvait que ça avait dû être dur. À la fin de la première séance, elle nous a dit qu’on était là parce qu’il y avait de l’amour et que c’était tout ce qui comptait. Ça m’a touchée. Elle avait entendu ça aussi. J’avais un peu peur qu’elle nous dise que c’était fichu et que la seule solution, c’était qu’on se sépare. Je ne sais même pas si des psys font ça. Mais c’est quand même une épreuve d’inviter une tierce personne dans les problèmes qu’on cache à tout le monde au quotidien. J’ai dit des choses que je n’ai pas dit à mes parents ou à mes meilleures amies. Ça m’aurait dévastée si on m’avait répondu que j’avais eu tort de m’acharner. »

La thérapie de couple dure 6 séances : « On a l’image des psychanalyses qui durent des années mais en réalité la psychothérapie peut se faire assez rapidement. Il s’agit surtout de donner des clés pour améliorer le quotidien et reprendre des habitudes, lancer des pistes. On a fait 6 séances ensemble mais Lily a continué avec la même psychothérapeute ensuite. Elles se voient une fois par mois. Elles parlent ensemble du passé de Lily, de sa famille, de ses envies pour la suite. Lily m’en raconte beaucoup, ce n’est pas quelque chose qu’on se cache. Et je suis fière qu’elle ait eu envie de continuer. Je sais que si je suis en peine un jour pour quoi que ce soit, je n’hésiterais pas à prendre un rendez-vous. Il n’y avait pas d’autres solutions pour notre problème, j’en suis convaincue. »

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