Thérapie de couple : Louise (31 ans) et Rémi (36 ans), « Nous étions jaloux de nos exs »

Louise a 31 ans et elle est en couple avec Rémi, 36 ans, depuis 4 ans. Ils ont commencé une thérapie de couple, il y a quelques mois, parce que la jalousie leur rendait la vie impossible.

« J’ai fini par être franchement désagréable avec son ex », Louise

Louise a déjà vécu une histoire de quelques années avant de rencontrer Rémi : « Je me suis mise en couple en arrivant à la fac et on s’est séparé 6 ans après. On a habité ensemble et je l’ai quitté parce que je ne me sentais plus amoureuse. Mais on est restés amis. Quand j’ai rencontré Rémi, je ne lui en ai pas parlé tout de suite parce que je ne voyais pas où était le problème. Mais il était, lui aussi, ami avec son ex. Elle est l’équivalent de sa meilleure amie pour lui. Et ça m’a fait douter. D’abord parce que je me suis dit qu’elle était trop proche de lui pour ne pas avoir envie de se remettre avec lui et ensuite parce que je les trouvais trop tactiles. J’étais jalouse, c’est tout. Et quand Rémi a découvert que j’avais une relation sympa avec mon ex, qu’on partageait tous nos amis en commun donc on se voyait encore très souvent, il a réagi un peu comme moi… par la jalousie. On n’avait pas envie d’être hypocrites donc on ne s’est rien interdit. Mais avec le temps, il y a eu de plus en plus de points de tension. J’ai fini par être franchement désagréable avec son ex. Et lui par ne plus vouloir faire de soirées avec mes amis. Quand on s’engueulait pour des trucs qui n’avaient rien à voir, ça ressortait toujours avec des petites phrases du genre « Tu n’as qu’à retourner avec ton ex ». On a mis longtemps à réaliser que ça nous faisait du mal et que ne pas en parler rendait les choses pires. »

« En voulant soutenir des gens, on s’est mis en danger », Louise

Il y a quelques mois, le couple traverse une crise importante : « Un ami de Rémi qui est devenu un ami à moi aussi avec le temps s’est séparé de sa copine, qu’on aimait beaucoup, parce qu’elle l’a trompé. À la maison, ça a donné deux camps. Moi, j’ai défendu la copine et ses raisons d’être infidèle. Rémi a choisi son pote et a justifié les colères et la violence qu’il a pu exprimer. En voulant soutenir des gens, on s’est mis en danger. On avait des disputes très dures où on se criait dessus ce qui n’était pas moins que toutes nos insécurités. Ça a été une période difficile. »

Avec la thérapeute, on a appris à se dire vraiment les choses.

Louise propose finalement à Rémi d’aller voir un thérapeute avec elle : « C’était la dernière chance. Je ne sais même pas comment j’ai fini par avoir cette idée. Je ne connais personne qui a fait ça et d’ailleurs, autour de nous ça a été un peu jugé. Mais je ne regrette pas. On en avait besoin. La thérapeute qu’on a trouvée s’est permise de nous arrêter quand on allait trop loin et d’expliquer avec des mots clairs et calmes ce qu’on ressentait vraiment plutôt que de tout laisser se baigner dans les larmes et les cris et dans le jet d’objets dans l’appartement. Avec elle, on a appris à se dire vraiment les choses. On est toujours amis avec nos exs, mais ça ne met plus personne en danger. On a réalisé chacun de notre côté, que si les relations se sont finies c’est qu’il y avait de bonnes raisons. On s’est choisi, je dirais. On a choisi de se faire confiance et d’investir, avec la thérapie, sur notre avenir ensemble. »

« Ce type est devenu la cause de tous nos problèmes », Rémi

Rémi ne s’est jamais posé la question de l’amitié homme-femme avant de se mettre en couple avec Louise : « Pour moi, c’était sain uniquement dans mon cas à moi. Je sais que je ne vais jamais me remettre en couple avec mon ex et qu’on partage seulement de l’amitié. Il n’y a aucune ambiguïté. Mais qui me dit que c’est pareil pour l’ex de ma meuf ? Je ne suis pas dans sa tête, et je sais qu’il y a des hommes qui ont des plans pour récupérer leur ex. On s’est vus plusieurs fois avant la grande crise et le moment où j’ai décidé de ne plus faire de fête où il serait là, et j’ai bien vu que c’était un bon gars. Mais j’ai aussi estimé que s’il n’était pas capable de laisser Louise tranquille au moment où leur relation mettait en danger la nôtre, c’est qu’il s’en fichait. Tout s’est un peu mélangé dans ma tête et ce type est devenu la cause de tous nos problèmes, et même des miens à moi en fait. J’ai eu l’occasion de m’en excuser auprès de lui par la suite mais le pauvre, il a pris cher. »

C’était un cadeau qu’on se faisait l’un à l’autre pour enlever toutes les mauvaises énergies

Quand Louise propose à Rémi de suivre une thérapie, il prend peur : « Je n’ai jamais vu de psy avant et j’avais peur que la conclusion soit qu’on doive se quitter. On ne sait jamais ce que ces gens-là vont nous dire et on ne les paye pas pour qu’ils nous disent juste des trucs qui nous font nous sentir bien. J’ai vu mon ex, justement, rentrer en pleurs de séances chez son psy. Je n’avais jamais compris avant ces derniers mois pourquoi elle s’infligeait ça. Maintenant, je sais. Avec Louise, on a fait ça ensemble. Très vite, je me suis rendu compte que c’était quelque chose qu’on faisait pour nous et que ça marche entre nous. C’était un cadeau qu’on se faisait l’un à l’autre pour enlever toutes les mauvaises énergies et le ressentiment accumulé. C’est comme ouvrir les fenêtres une fois de temps en temps. D’ailleurs je pense qu’on y reviendra. C’est toujours bon de faire un bilan. Et on sous-estime le bénéfice d’avoir une personne neutre dans la pièce quand on se parle de trucs profonds. Je me suis senti soutenu et jamais jugé. Même si dans cette pièce j’ai assumé avoir pensé des trucs bien débiles et d’avoir réagi comme un con. »

« Pourquoi pas se faire un petit point annuel », Rémi

À l’avenir, le couple envisage de se donner rendez-vous au cabinet de la thérapeute une fois par an : « Pourquoi pas se faire un petit point annuel comme au travail ? Je connais des couples qui disent que leur histoire est comme un CDD reconductible et qui partagent leurs envies et leurs sentiments une fois par an pour justement reconduire le contrat. Ce n’est pas un fonctionnement plus bête qu’un autre. Moi je veux montrer à Louise qu’elle compte pour moi et que je veux devenir une meilleure personne pour elle. Un couple, c’est du travail. Ça nécessite de se remettre en question. C’est comme ça aussi que je lui prouve mon amour. Les fleurs, ça va un temps, mais l’assurance de ne pas servir de punching-ball émotionnel pour des questions d’ego, c’est bien aussi. »

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