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3 questions à Nezha Hayat, Présidente de l’AMMC

En marge des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent actuellement à Marrakech jusqu’au 15 octobre, Hespress FR a rencontré Nezha Hayat, présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC). 

Ayant participé à un panel sur « l’exploitation de l’investissement institutionnel et le financement pour le développement« , la présidente de l’AMMC a évoqué au micro d’Hespress FR l’importance des Assemblées annuelles du FMI-BM pour le Maroc, mais aussi le rôle des conseillers en investissement financier (CIF) et l’accompagnement des PME.

C’est un grand événement qui se déroule aujourd’hui à Marrakech, après le séisme qui a frappé la région d’Al Haouz. Que représente cela pour le Royaume et pour ces institutions également ?

L’organisation des Assemblées annuelles dans un pays est en soi un signe de confiance et d’engagement significatif. Depuis plusieurs années, le Maroc a été choisi pour accueillir ces réunions. Notre pays est connu et reconnu pour son engagement exemplaire envers ces institutions internationales telles que le FMI et la Banque mondiale. Naturellement, le Maroc s’est préparé pour cet événement.

Pour des institutions comme la nôtre, l’Autorité Marocaine des Marchés des Capitaux (AMMC), ces assemblées rassemblent principalement des représentants des ministères des Finances et des banques centrales. Cependant, d’autres institutions se joignent à l’événement, en particulier celles qui sont indépendantes et traitent des questions de régulation.

Notre rôle est de superviser le marché des capitaux, un élément clé de la stabilité financière. Il est important de se rappeler que les crises financières mondiales précédentes ont souvent débuté sur les marchés financiers. Nous devons donc participer activement, contribuer et anticiper les tendances futures. Cela implique de prioriser les marchés et les produits à mettre en avant, mais aussi d’adapter nos lois et règlements.

Je préside actuellement l’AMMC, mais je représente également le continent africain et les pays du Moyen-Orient en tant que présidente du Comité Afrique et Moyen-Orient de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (IOSCO), notre association internationale. À ce titre, nous collaborons étroitement avec des organisations telles que la SFI, avec lesquelles nous avons déjà travaillé lors du lancement de publications et d’initiatives visant à permettre aux entreprises d’émettre des obligations vertes depuis la COP22 qui s’est tenue à Marrakech.

Cet événement est également l’occasion de rencontrer nos homologues, dont de nombreux font partie de leurs délégations respectives. Nous coopérons avec un grand nombre d’entre eux, en particulier nos homologues africains, dans le but d’établir des règles de supervision et de marché cohérentes. Cela vise à offrir une meilleure visibilité aux investisseurs étrangers intéressés non seulement par un pays, mais par une région et un continent tout entier.

L’AMMC a récemment introduit un nouveau dispositif régissant les conseillers en investissement financier (CIF). En quoi consiste ce dispositif ?

Les CIF existaient déjà, mais ils n’étaient pas régulés. Ils sont principalement représentés par les banques d’affaires, qui opèrent en tant que filiales de banques de détail ou de manière indépendante. Elles accompagnent les entreprises lorsqu’elles souhaitent effectuer des opérations sur le marché, s’introduire en bourse ou émettre des obligations. Les conseillers CIF n’étaient pas soumis à une réglementation appropriée, mais cela a changé récemment.

Il existe désormais deux types de CIF. Tout d’abord, il y a les banques d’affaires, qui conseillent les entreprises. C’est crucial, car nous avons tous travaillé ensemble pour développer le marché des capitaux, mais nous disposons d’un grand nombre d’instruments financiers et nous souhaitons voir davantage d’entreprises en profiter. Actuellement, nous avons 76 sociétés cotées en bourse, et il y a de la place pour plus. Une des raisons de cette réticence à émettre des titres est le manque de propositions. Les CIF ont pour rôle d’aller vers les entreprises, en particulier les PME, et de leur expliquer les divers instruments de financement disponibles sur les marchés des capitaux.

Le deuxième type de CIF conseille les investisseurs et les épargnants. Malgré l’existence de 20 millions de comptes bancaires, nous n’avons que moins de 200 000 comptes-titres. Cela signifie que de nombreuses personnes pourraient investir davantage dans des OPCVM, des actions ou des OPCI. Ces investisseurs ont besoin de conseils, et c’est là que le réseau de CIF joue un rôle essentiel pour sensibiliser aux opportunités offertes par le marché des capitaux, que ce soit en termes de financement ou d’investissement.

Les PME éprouvent des difficultés à obtenir des financements pour se développer. Comment l’AMMC prévoit-elle d’accompagner ces PME grâce à ses différents outils financiers ?

L’AMMC ne peut pas directement se tourner vers les PME. Notre rôle consiste à établir les règles régissant le fonctionnement des marchés et des outils financiers. La Bourse de Casablanca a créé un marché alternatif dédié aux PME, qu’elle soutient activement depuis le début.

Notre intervention a principalement porté sur l’établissement de règles d’information. Les sociétés qui sollicitent des fonds publics doivent respecter un certain nombre de obligations en matière de communication et publier régulièrement des informations financières, y compris des rapports ESG. Nous avons mis en place des règles plus adaptées aux PME que celles du marché traditionnel, tout en veillant à protéger les investisseurs.

Nous avons également développé de nouveaux instruments financiers, tels que la titrisation et les OPCI, qui permettent aux entreprises de céder des actifs immobiliers tout en continuant à les utiliser. Nous sommes également en train de mettre en place des plateformes de financement participatif, qui seront soit agréées par la Banque Centrale, soit par nous, afin de faciliter le financement des nouvelles entreprises.

Toutefois, l’éducation financière et la communication sont essentielles. Nous avons produit de nombreux guides et des capsules d’information pour mieux expliquer ces concepts. Il reste un défi important à relever pour faire connaître ces outils. La recherche d’innovation s’accompagne de défis, notamment en termes de supervision et de gestion des risques. Nous devons rester attentifs aux évolutions du marché et aux enseignements tirés des expériences internationales.

Nous cherchons à promouvoir un marché capable d’attirer à la fois des investissements nationaux et internationaux, en particulier pour financer de grands projets et des infrastructures.

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